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Présidence de l’Eurogroupe: Mario Monti en troisième homme?

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Que Jean-Claude Juncker soit sur le point de quitter la présidence de l’Eurogroupe, ce n’est pas un scoop. Ce n’est qu’in extremis que ses collègues étaient parvenus à le retenir au milieu de l’été. Le 3 décembre dernier, lors de la quatrième réunion en un mois des ministres des finances de la zone euro, celui qui est aussi Premier ministre luxembourgeois a été ferme : avant la fin janvier 2013, il passera les rênes à son successeur.  

Problème : les 17 peinent à se mettre d’accord sur l’identité – et le profil – du futur président de l’Eurogroupe. Des noms circulent mais aucun ne fait, à ce jour, l’unanimité. Pas sûr que Jean-Claude Juncker ne connaisse le nom de son successeur d’ici à la fin du Sommet européen de jeudi et vendredi prochains, les 13 et 14 décembre. Les différents scénarios…

Wolfgang Schaüble a-t-il renoncé à occuper le poste ?

« Ja », il semblerait bien que Wolfgang Schaüble, le ministre allemand des Finances ait renoncé à se porter candidat à la présidence de l’Eurogroupe.

Certains craignaient que la nomination du grand argentier allemand ne vienne encore nourrir – et facilement – le flot de critiques contre la politique d’austérité imposée par l’Europe, sous l’influence de Berlin. A quoi bon être en première ligne, avancer à découvert, quand le gouvernement allemand sait que sa puissance financière et économique au sein de la zone euro lui assure  – ou presque – le dernier mot ?

Pour sa part, Angela Merkel entendrait conserver à ses côtés, et pleinement disponible, son fidèle Schaüble. Les élections législatives en Allemagne sont prévues dans neuf mois et d’ici le printemps la campagne électorale battra son plein. Si, en cette fin d’année, la chancelière conservatrice semble bien placée pour remporter un troisième mandat, elle pourrait avoir besoin de s’appuyer davantage sur son bras droit si les sondages se resserraient et la campagne se durcissait.

Un ministre des Finances à la tête de l’Eurogroupe ?

Interrogé par le journal dominical allemand Bild am Soontag, le 9 décembre, Wolfgang Schaüble a indiqué que sa préférence irait à un ministre des Finances pour succéder à Jean-Claude Juncker. De son côté, la ministre autrichienne des Finances, Maria Fekter a estimé qu’il serait préférable de choisir un chef d’Etat ou de gouvernement.

Ministre des Finances, Jean-Claude Juncker est aussi Premier ministre luxembourgeois et, à ce titre, il assiste à la fois aux réunions de l’Eurogroupe et aux Sommets européens. On imagine mal un chef d’Etat et de gouvernement d’un des grands pays de la zone euro cumuler autant de fonctions…  et de réunions. Et on pourrait voir dans la prise de position de Vienne un plaidoyer pro domo – ou, en tout cas, pro petits pays de la zone euro.

Pierre Moscovici désormais favori ?

Vendredi 7 décembre, le ministre français des Finances a déclaré ne pas être candidat à la présidence de l’Eurogroupe : « Je ne suis pas candidat aujourd’hui, je ne fais pas campagne aujourd’hui » car ce serait « prématuré », a-t-il dit, avant d’ajouter que « ça ne signifie pas que la France et moi-même nous désintéressons de la présidence de l’Eurogroupe ».

Officiellement, Berlin n’a pas pris position sur la question mais on y considère Pierre Moscovici comme « quelqu’un qui a tout à fait la carrure pour avoir une forte présence au sein de l’Eurogroupe ».

Le choix d’un Français, compte tenu du positionnement central de la France en zone euro – entre le nord et le sud – pourrait sans doute aider.

Et si Mario Monti…

Dans sa recherche de la « perle rare » pour coordonner l’action des ministres des Finances de la zone – et pourquoi pas devenir de facto ministre des Finances de la zone euro – les 17 pourraient avoir reçu un coup de pouce, aussi involontaire qu’inattendu, d’un ex-membre du club, Silvio Berlusconi

Et si Wolfgang Schaüble s’occupait de la campagne d’Angela Merkel ? Et si Pierre Moscovici se consacrait encore davantage à la France qui, on l’imagine, pourrait l’occuper amplement ? Et si Mario Monti, libéré de sa tâche romaine, retournait superviser l’économie italienne –les faits et gestes de son successeur – et toute l’économie de la zone euro depuis Bruxelles ?

A voir à quel point sa coopération avec Angela Merkel, François Hollande – et avant, Nicolas Sarkozy – a bien fonctionné, on se dit qu’il serait dommage qu’une fois de plus l’Europe se prive d’un authentique talent. Mario Monti, président… de l’Eurogroupe !

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