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Remaniement: Pourquoi Arnaud Montebourg restera au gouvernement

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« Un ministre, ça ferme sa gueule ; si ça veut l’ouvrir, ça démissionne »… Arnaud Montebourg connait ses classiques, a fortiori socialistes, et nul doute que la célèbre formule, prononcée par Jean-Pierre Chevènement en mars 1983 – lorsqu’il démissionna du gouvernement Mauroy en raison d’un désaccord sur la « parenthèse libérale » -, lui trotte dans la tête. Les derniers mois ont été difficiles, ponctués de désaveux – sur les « nationalisations temporaires » et le dossier Florange, en premier lieu -, de mises en accusation – il serait intervenu contre Bernard Tapie dans la reprise par celui-ci du groupe Hersant Médias – et des appels à son départ – démission ou renvoi – du gouvernement se sont multipliés.

S’il devait y avoir un remaniement au début de 2013, rares sont ceux qui parient sur son maintien à son poste de ministre du Redressement productif. Et pourtant, il y a fort à parier qu’Arnaud Montebourg sera encore du casting gouvernemental à l’été prochain. Intérêt de chacun – et, en premier lieu, du ministre et du président de la République – bien compris.

François Hollande : ne pas offrir un casus belli à la gauche du PS

La gauche du parti socialiste n’a pas été très bien traitée depuis l’élection de François Hollande : sous-représentée au gouvernement – le titre ronflant du ministère d’Arnaud Montebourg cache une mission des plus compliquées et Benoît Hamon a reçu en guise de hochet un sous-sous-ministère dont il peinait lui-même à citer l’intitulé et l’objet -, mal traitée lors du congrès de Toulouse chargé de renouveler les instances du parti, elle assiste impuissante à la mise en œuvre d’une politique ouvertement sociale-démocrate, voire sociale-libérale.

Arnaud Montebourg est populaire dans l’opinion et plus encore à gauche. Le renvoyer pourrait être perçu comme la provocation de trop pour l’aile gauche du parti socialiste. Ce serait ouvrir une brèche au sein du parti majoritaire et prendre le risque de renforcer la gauche de la gauche, même si on imagine mal une cohabitation entre Arnaud Montebourg et Jean-Luc Mélenchon.

Si le PS détient à lui seul la majorité à l’Assemblée nationale, il n’est pas certain que la politique de rigueur du gouvernement puisse bénéficier indéfiniment d’une majorité – le vote du traité budgétaire européen a montré les limites du consensus au sein du groupe socialiste. François Hollande a tout intérêt à attendre avant d’ouvrir d’éventuelles hostilités – attendre notamment de voir si ses choix politiques portent leurs fruits.

Et puis, Arnaud Montebourg figure indéniablement parmi les premier-ministrables si les résultats des élections municipales et européennes montraient une poussée de la gauche de la gauche en 2014. Difficile, sans paraître trop affaibli, de le rappeler à Matignon d’ici un an ou un an et demi…

Arnaud Montebourg : le renvoi plutôt que la démission

L’histoire politique montre que les ministres qui ont démissionné en raison de désaccords idéologiques et avec l’espoir de faire prévaloir une « autre politique » au sein de leur famille politique sont rarement parvenus à leurs fins : Jean-Pierre Chevènement, démissionnaire à répétition, fondateur de son propre parti, n’a pas connu le destin élyséen qu’il croyait être le sien, Alain Madelin ou Philippe de Villiers, non plus… Ces trois hommes se sont heurtés à la puissance du fait majoritaire et à la résistance des structures partisanes.

Pour Arnaud Montebourg, il serait sans doute préférable d’être renvoyé plutôt que de démissionner. Il pourrait alors dénoncer un tropisme droitiste de l’Élysée, dénoncer l’influence croissante des Manuel Valls et Ségolène Royal – si, au moment, elle faisait, elle, son retour.  

Arnaud Montebourg voit sa cote de popularité croître, surtout au sein de la gauche ouvrière – les syndicalistes de Florange ne tarissent pas d’éloges. Tant que cela sera le cas, il n’a donc rien à perdre à rester en place. Par ailleurs, ministre pour la première fois, il ne saurait se satisfaire du ministère de la parole – on reproche suffisamment souvent à l’avocat d’être un beau parleur.

Aujourd’hui, aucun des deux protagonistes n’ont, semble-t-il, intérêt à se séparer. Le seul qui pourrait y trouver un intérêt – ou, plutôt une satisfaction -, pourrait être Jean-Marc Ayrault, dont les relations avec Arnaud Montebourg sont notoirement exécrables – et de longue date. Mais il n’est pas certain que sur cette question il ait voix au chapitre. 

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