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Silvio Berlusconi remonte sur le ring, Mario Monti jettera-t-il l’éponge?

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Incrédulité, stupéfaction, puis colère jusque chez certains de ses anciens alliés… ce sont les sentiments suscités par l’annonce de son retour en politique de Silvio Berlusconi : « J’entre en scène pour gagner », a-t-il déclaré, samedi 8 décembre, à l’entrée du centre d’entrainement du Milan AC, son club de football. À 76 ans, il Cavaliere, déjà trois fois président du Conseil, s’imagine en phénix de la vie politique italienne, mais, cette fois, il n’est pas certain qu’il soit en mesure de parvenir à ses fins.

Une annonce aux effets immédiats

Quelques heures après la déclaration de Silvio Berlusconi, le président du Conseil Mario Monti s’est entretenu pendant deux heures avec le président de la République Giorgio Napolitano. Peu après sa sortie du Quirinale, la résidence présidentielle, un communiqué annonçait que le président du Conseil avait l’intention de démissionner après le vote du budget et de la loi de stabilité, l’équivalent de la « règle d’or ».

Cette démission devrait être effective d’ici à la fin du mois de décembre et les élections anticipées auraient ainsi lieu courant février ou début mars – puisque la Constitution prévoit de 45 à 70 jours entre la dissolution et le nouveau scrutin.

Sa sortie honteuse de 2011, un souvenir indélébile

C’est sous les lazzis que Silvio Berlusconi a quitté le pouvoir en novembre 2011. Rome était en liesse, la gauche et le centre célébraient cette victoire comme s’ils venaient de chasser un tyran. À droite, nombreux étaient ceux, parmi ses anciens alliés, qui ne dissimulaient pas un certain soulagement.

En un an, ces souvenirs ne se sont pas estompés et l’annonce de son retour n’y a rien changé. La Stampa, le quotidien de la gauche, parle de « coup » et le président de l’Assemblée nationale Gianfranco Fini, ex-leader de l’extrême droite passé au Berluconisme, a exprimé sur la RAI son manque d’enthousiasme : « Le PDL n’est pas le Milan AC, la politique n’est pas le fait privé de Berlusconi : il sait parfaitement qu’il a déjà perdu, et c’est l’élément qui, malgré tout, tranquillise les marchés. »

Un pari mal engagé, la bataille de trop

Tant de mauvais souvenirs à faire oublier – jusque sa condamnation, en octobre, à quatre mois de prison ferme, décision dont il a fait appel…

Avant tout, Silvio Berlusconi doit convaincre son camp de se rallier à nouveau à son panache, désormais plus gris que blanc. Pour cela, il réunira lundi 10 décembre ses partisans pour les convaincre de se ranger une sixième fois derrière lui. Il pourra compter, une fois encore, sur son « dauphin », Angelino Alfano, un bien tendre secrétaire général du parti au cours de l’année écoulée. Au plus bas dans les sondages, à 13,8% d’intentions de vote, le PDL succombera-t-il à nouveau aux charmes du Lombard ? Les menaces de scission, lancées par ses opposants plus modérés, conduiront-elles à la disparition du parti ?

Mais Silvio Berlusconi compte aussi obtenir le soutien de son ex-allié populiste de la Ligue du Nord.

Le populisme en guise de va-tout

C’est à un numéro d’équilibriste qu’entend se livrer le « revenant ». S’il avait quitté le palais Chigi contre son gré, Silvio Berlusconi avait enjoint le PDL à soutenir le gouvernement technique de Mario Monti, lui garantissant ainsi une solide majorité. « L’expérience Monti est terminée », a déclaré Angelino Alfano, et l’ancien président du Conseil a précisé son opinion : « Pendant un an, nous avons soutenu ce gouvernement en cherchant à corriger les mesures qui ne nous convainquaient pas. Mais aussi en affirmant qu’une politique d’austérité sur une économie qui ne croît pas provoque des dommages. »

C’est sur cette ligne de rupture que la campagne devrait être menée : contre les hausses d’impôts qui « étranglent » les classes moyennes, contre cette politique économique qui ne permet pas la relance de la croissance, contre l’Europe responsable de tout… et du reste.

Silvio

Artisan de l’assainissement en cours des finances italiennes, Mario Monti affirme qu’il ne reviendra pas sur sa décision et qu’il quittera au plus tard dans trois mois la présidence du Conseil. Jusque-là, il a rejeté toutes les suggestions de se lancer dans l’arène politique et de faire campagne sous ses propres couleurs. Le retour de Silvio Berlusconi et les attaques lancées contre son bilan pourrait-il le conduire à changer d’avis ? Les sondages diront s’il est effectivement le seul à pouvoir conduire à la victoire une majorité centriste qui poursuivrait l’œuvre de redressement en cours.

À moins que l’Europe ne l’appelle à nouveau et ne lui confie – suggestion – cette présidence de l’Eurogroupe laissée vacante par Jean-Claude Juncker. Début de réponse jeudi 13 et vendredi 14 décembre au Sommet européen…

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