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UMP: chronologie d’un désastre annoncé

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Dimanche 18 novembre

300 000 adhérents de l’UMP sont appelés à choisir le futur président de leur parti. Sont alors candidats François Fillon, ancien Premier ministre, donné favori dans les sondages, et Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP. Dans la soirée, chaque camp revendique la victoire. Au milieu de la confusion, les militants attendent la décision de la Commission d’organisation et de contrôle des opérations électorales (Cocoe). À 23h30, Jean-François Copé annonce sa victoire sans attendre la décision de la commission. Quelques minutes plus tard, François Fillon, entouré de son équipe de campagne, proclame tout sourire qu’il attend que la commission annonce sa victoire.

Lundi 19 novembre

La confusion règne au siège de l’UMP, rue de Vaugirard à Paris. La Commission passe la journée à recompter toutes les voix et, à 22h30, elle annonce la victoire de Jean-François Copé avec 98 suffrages d’avance sur son adversaire. François Fillon prend acte mais dénonce une « fracture morale et politique » au sein de l’UMP. Les deux camps dénoncent des irrégularités dans le scrutin.

Mardi 20 novembre

Le nouveau président de l’UMP propose le poste de vice-président à François Fillon, qui refuse. Luc Chatel devient le vice-président du parti et Michèle Tabarot, secrétaire générale de l’UMP.

Mercredi 21 novembre

Coup de théâtre. Eric Ciotti, Laurent Wauquiez et Valérie Pécresse convoquent la presse pour annoncer que François Fillon est bien le vainqueur de l’élection puisque la Commission aurait oublié trois fédérations d’outre-mer : Wallis-et-Futuna, Mayotte et la Nouvelle-Calédonie. « 1304 militants ont été privés de leur choix », déclare le directeur de campagne de François Fillon, Eric Ciotti. « Nous demandons donc à la Cocoe que les résultats soient simplement rétablis. ».

François Fillon se rend au 20h de TF1 et déclare renoncer à la présidence de l’UMP. Il assure ne pas avoir confiance en la Commission nationale des recours et menace de saisir la justice. Ainsi demande-t-il à Alain Juppé, l’un des fondateurs de l’UMP, d’assurer une direction « transitoire » du parti.

Jeudi 22 novembre

Sans surprise, Jean-François Copé refuse la médiation d’Alain Juppé. La Commission des recours est saisie et Alain Juppé propose une instance collégiale pour diriger le parti.

Dimanche 25 novembre

Alain Juppé donne comme date limite, dimanche soir, pour résoudre ce psychodrame électoral. Après avoir réuni Jean-François Copé et François Fillon, il renonce à la médiation faute de compromis possible entre les deux hommes : « Alain Juppé, constatant que ses propositions n’ont pas été acceptées, estime que les conditions d’une médiation ne sont pas réunies. En conséquence, il considère que sa mission est achevée », indique le maire de Bordeaux dans un communiqué. De son côté François Fillon annonce qu’il « saisira la justice » pour « rétablir la vérité des résultats ».

Lundi 26 décembre

Nicolas Sarkozy déjeune avec François Fillon et estime qu’il serait préférable d’appeler les adhérents de l’UMP à voter une nouvelle fois pour sortir de l’impasse. L’ancien président de la République aurait également déconseillé à François Fillon de saisir la justice.

Philippe Goujon, le député UMP de Paris, proche de François Fillon, confirme que les partisans de l’ancien Premier ministre vont discuter de la création d’un groupe parlementaire distinct à l’Assemblée nationale. La Commission nationale des recours proclame alors la victoire de Jean-François Copé avec 952 voix d’avance.

Mardi 27 novembre

Le bras de fer continue. Les soutiens de l’ancien Premier ministre décident de se regrouper à l’Assemblée nationale au sein d’un nouveau groupe politique, le Rassemblement-UMP. Un groupe qui pourrait se dissoudre si Jean-François Copé acceptait un nouveau vote. Les deux prétendants à la présidence se rencontrent une nouvelle fois, à la demande de Nicolas Sarkozy, et une solution semble émerger : le président contesté de l’UMP propose un référendum auprès des adhérents sur un éventuel nouveau vote.

Mercredi 28 novembre

Jean-François Copé revient en arrière car, selon lui,  « les conditions » pour l’organisation d’un référendum interne à son parti, ne sont « pas réunies », après la publication au Journal officiel de la déclaration du groupe Rassemblement-UMP de François Fillon.

Les « non-alignés », Xavier Bertrand, Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet lancent un appel de 71 députés pour une sortie de crise, demandant à Jean-François Copé d’accepter une commission pour organiser un nouveau vote et à François Fillon de renoncer à son groupe parlementaire.

Vendredi 30 novembre

Nicolas Sarkozy hausse le ton, donnant jusqu’à mardi 4 décembre à Jean-François Copé et François Fillon pour trouver une solution à la crise, faute de quoi il dirait « publiquement » qu’ils sont « disqualifiés » pour diriger le parti.

Dimanche 2 décembre

Jean-François Copé annonce qu’il veut bien organiser un nouveau vote « au lendemain des élections de 2014 », estimant qu’« une nouvelle élection avant les municipales serait une folie ». Dans un communiqué, François Fillon « se félicite du consensus autour du principe d’un nouveau vote », mais demande que celui-ci soit organisé « dans les plus brefs délais ».

Lundi 3 décembre

Les deux protagonistes se rencontrent à nouveau mais aucun compromis n’est encore trouvé. On annonce le soir même que François Fillon sera bien présent, mardi à 10 heures, à la conférence des présidents de groupe à l’Assemblée nationale, en tant que président du groupe dissident Rassemblement-UMP.

Mardi 4 décembre

Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale, indique lors d’un point presse à l’issue de la conférence des présidents, que les places des députés resteraient les mêmes dans l’hémicycle malgré la création du R-UMP. Les membres du groupe filloniste pourront par ailleurs poser des questions au gouvernement distinctes de celles du groupe UMP dès demain mercredi.

Mercredi 5 décembre

Première question du groupe Rassemblement-UMP d’Anne Grommerch sur la reprise de Florange et la polémique entre Jean-Marc Ayrault et Arnaud Montebourg. « Comment comptez-vous contraindre M. Mittal, M. Le Premier ministre ? », demande-t-elle.

Deuxième question du groupe R-UMP par Annie Genevard. Elle déplore l’accueil reçu par les représentants des religions dans les auditions concernant le mariage pour tous. « Une volonté de la majorité d’escamoter ce débat », dénonce-t-elle. En réponse, Christiane Taubira explique le gouvernement s’apprête à déposer « une très belle réforme » sur le « respect des droits ». « Vous savez que le débat a lieu et qu’il se poursuit, ici, à l’Assemblée nationale », s’emporte la ministre de la Justice.

Jeudi 6 décembre

Selon le baromètre mensuel CSA pour Les Echos, les deux hommes enregistrent une baisse de 7 points dans l’opinion. Leur chute est encore plus importante chez les sympathisants de droite.

Jean-François Copé et François Fillon se sont une nouvelle fois retrouvés ce jeudi en fin d’après-midi, à l’Assemblée nationale dans le bureau de l’ancien Premier ministre, sans parvenir à un accord. Ils ont donc décidé de se revoir en début de semaine prochaine, assurent leurs entourages respectifs.

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