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Ces résidus de médicaments que l’on retrouve dans l’eau du robinet

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« Les substances pharmaceutiques utilisées en médecine humaine ou vétérinaire sont en partie rejetées dans l’environnement après consommation », explique la revue Prescrire. « Éliminées par voie urinaire ou fécale, elles sont rejetées dans les eaux usées soit sous la forme active initiale, soit sous forme de substances dérivées, actives ou non. » Or les stations d’épuration n’éliminent pas complètement les médicaments présents dans les eaux usées. Le risque de retrouver des résidus de certaines molécules dans l’eau du robinet est donc réel.

Féminisation des poissons mâles

Comme l’indiquent les rédacteurs de la revue Prescrire, « le risque environnemental et sanitaire lié à la présence de micropolluants dans les eaux, dont les médicaments, est encore mal connu. Des effets de cette micropollution ont été observés sur certaines espèces aquatiques, notamment une féminisation de poissons mâles. Fin 2012, aucun effet sur les humains n’est encore connu ».

« Sans attendre que des risques avérés soient démontrés, la présence de médicaments dans les eaux usées et leur persistance après traitement sont des raisons supplémentaires de s’efforcer à réduire les rejets de médicaments », soulignent les auteurs. Selon eux, il conviendrait « d’éviter la surconsommation et d’encourager le retour des médicaments non utilisés en pharmacie d’officine ».

Les Européens consomment en effet plus de 3000 composés pharmaceutiques. En France, les antibiotiques représentent à eux seuls un volume de 2500 tonnes par an en médecine humaine et de 1300 tonnes en médecine vétérinaire.

Conséquences directes sur la pollution des rivières

Si l’eau du robinet est chargée en micropolluants, les rivières récupèrent quant à elles les eaux usagées chargées de toutes ces molécules que les stations d’épuration n’arrivent pas à nettoyer. « Outre les dérivés hormonaux et les anticancéreux, les plus préoccupants sont les antibiotiques, qui génèrent probablement des problèmes de résistance aux antibiotiques. Parmi les substances qui ne se dégradent pas, 40 % partent en rivière, 60 % sont retenues dans les boues des stations d’épuration », expliquait déjà en 2008 le toxicologue Jean-Marie Haguenoer.

Parmi ces résidus de médicaments, les molécules retrouvées lors des récentes analyses, la molécule que les chercheurs retrouvent le plus est le paracétamol, puis vient l’ibuprofène et enfin toute la gamme des anti-inflammatoires aux antidépresseurs. Les chercheurs ont même détecté lors de ces analyses des traces de résidus de pilules contraceptives.

En France, la directive cadre sur l’eau (DCE) adoptée en 2000 a fixé comme objectif d’atteindre le « bon état écologique des masses d’eau » en 2015. Dans la foulée du Grenelle de l’environnement, 600 stations d’épuration défectueuses étaient censées être mises aux normes…. 

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