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Crimes nazis à Oradour-sur-Glane: les Allemands enquêtent

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Aujourd’hui, Oradour-sur-Glane se réduit à son cimetière. Le 10 juin 1944, un régiment SS avait exécuté 642 habitants dont 247 enfants, rasé puis incendié le bourg. Ce mardi 29 janvier, pour la première fois, des représentants de la justice allemande se sont rendus sur place, dans le cadre d’une enquête, pour « crime de guerre », sur le plus grand massacre de civils commis en France pendant la guerre.

Enquête pour « crime de guerre »                                                    

Cette enquête concerne six suspects toujours en vie, âgés de 85 et 86 ans qui appartenaient à un régiment de 200 hommes de la division blindée SS Das Reich. Cette même division responsable du massacre d’Oradour-sur-Glane. Le procureur de Dortmund, Andreas Brendel, souhaitait donc, en venant lui-même sur les lieux, « trouver des éléments de preuve supplémentaires, faire des constatations sur place » et en particulier « voir à Oradour où étaient déployées les différentes unités… D’ici, tel soldat pouvait voir ceci ou cela… d’ici il pouvait savoir ce qui se passait dans le village. Et, bien sûr, plus tard, écouter de nouveaux témoins.»

En France, en 1953, le tribunal militaire de Bordeaux avait jugé 21 soldats pour leur participation présumée au massacre d’Oradour, dont 14 Français d’Alsace enrôlés de force dans l’armée allemande et sept Allemands. Des condamnations à mort furent prononcées, puis commuées. Les Français furent amnistiés au nom de la réconciliation nationale.

D’autres enquêtes avaient par la suite été ouvertes mais classées sans suite faute de preuve. Mais voilà qu’en octobre 2010, la découverte d’un document, tiré d’une enquête de la Stasi (les services secrets de l’ex-RDA), a permis l’ouverture d’une nouvelle enquête : les témoignages de deux soldats allemands présents à Oradour. L’un d’eux aurait notamment révélé cette déclaration lancée aux troupes par l’un des chefs avant le massacre : « Aujourd’hui, le sang doit couler ».

Une enquête symbolique

« C’est un geste fort que de voir, pour la première fois, 68 ans après, le déplacement de la police allemande et il faut s’en féliciter même si à titre personnel, j’aurais aimé voir cela plus tôt », a déclaré sa vice-présidente de la Fédération nationale française des déportés, internés, résistants et patriotes, Camille Senon, originaire d’Oradour-sur-Glane où elle a perdu de la famille.

Le procureur allemand Andreas Brendel pense qu’une décision sur un éventuel procès en Allemagne est « une question de mois » : « Cela dépendra en partie des éléments qu’on va pouvoir rassembler en France », a-t-il déclaré. « On ne peut faire à l’avance de pronostic », même si selon lui un procès semble plutôt « difficile à envisager », les trois des suspects encore en vie ne pouvant plus être poursuivis en raison de leur état de santé.

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