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David Cameron peut-il encore sauver sa coalition?

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Le gouvernement de coalition britannique peut-il survivre ? C’est peu probable.

Une majorité de Britanniques s’oppose à l’actuelle coalition gouvernementale

Dans le dernier sondage effectué par YouGov, moins d’un tiers des Britanniques disent qu’ils soutiennent la coalition. 59% s’y opposent. Les résultats des sondages combinés des deux partis, les conservateurs et leurs partenaires juniors, les démocrates libéraux, n’atteignent pas ceux du Parti travailliste d’opposition.

Il est facile de comprendre pourquoi le gouvernement et ses partis sont si impopulaires. L’économie a été partout mise à mal, sauf à Londres et ses banlieues, idéologiquement conduites par un ensemble de mesures d’austérité qui ont entraîné une récession à double creux* en 2012, et la possibilité d’une troisième rechute au premier trimestre de l’année prochaine.

Beaucoup tiennent l’Union européenne pour responsable de la faible croissance

La Banque d’Angleterre prévoit une croissance minime de 1% du PIB cette année. Alors que ses pronostics ont été beaucoup trop optimistes chaque année depuis que la crise a commencé, on peut imaginer que le PIB ne repartira pas, et que cette croissance sera – au mieux – infime.

Quand les choses deviennent aussi mauvaises que cela, économiquement et politiquement, on a tendance à rejeter la faute sur quelqu’un d’autre. Pour les conservateurs, cet « autre », c’est l’Union européenne. La plupart des partis veulent sortir de l’Union. Mais les « Lib Dems » sont très pro-Europe. Ils auraient sans doute aussi envie de modérer les mesures d’austérité.

Différences irréconciliables : la coalition va-t-elle tenir l’année prochaine ?

Non, écrit une des plumes les plus respectées parmi les journalistes politiques, Michael White, du journal de gauche, le Guardian. Les « Lib Dems » seraient annihilés lors de l’élection suivante, et Ed Milliband, le dirigeant du Parti travailliste, a beaucoup de travail à faire pour convaincre les électeurs de lui faire confiance au sujet de l’économie.

Peut-être, écrit Benedict Brogan du Daily Telegraph, la référence des journaux de droite.

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Au cours des dernières décennies, plusieurs gouvernements dysfonctionnels ont survécu à leur mandat de cinq ans, comme John Major l’a fait dans les années 1990 ; et d’autres sont tombés après quelques années, comme ce fut le cas pour Edward Heath au début des années 1970.

Mais comment l’actuel arrangement peut-il continuer? Il n’y a aucune bouée de sauvetage économique à l’horizon. La quasi-totalité de la croissance de l’emploi cette année est due à l’augmentation des emplois à temps partiel. Le Premier ministre David Cameron s’est lui-même présenté comme un conservateur pragmatique et traditionnel, mais les députés et l’arrière-ban de son parti seront bientôt aussi à droite que le parti républicain aux États-Unis.

Les « Lib Dems » n’ont pratiquement rien en commun avec les conservateurs, si ce n’est le désir de combler le déficit structurel de la Grande-Bretagne. Mais vous ne pouvez pas faire cela sans croissance, et il n’y a aucune croissance attendue pour 2013. Il n’y a même pas de distraction éphémère, comme les Jeux Olympiques en 2012, pour contenter tout le monde.

Comment, dans ces conditions, le gouvernement pourrait-il survivre jusqu’en 2014?

Vers une sortie de l’Union européenne ?

Et qu’il y arrive ou non, la crise au sujet de l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’Union européenne atteindra des sommets cette année. C’est le pronostic d’une mort assurée. Selon un sondage, la plupart des Britanniques souhaiterait une sortie de l’UE. La pression est déjà maintenue sur David Cameron, pour qu’il lance un simple référendum sur la sortie ou non de la Grande-Bretagne. Une perspective sur laquelle s’est déjà prononcé Washington, qui a déclaré que la Grande-Bretagne serait affaiblie si elle sortait de l’Union européenne.

Il n’est pas sûr que le vote ait lieu en 2013, mais l’engagement de mettre en place un scrutin sera tenu. Il pourrait coïncider avec le référendum de 2014 sur l’indépendance de l’Écosse.

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2014, l’année de tous les possibles

En effet, 2014 semble être le moment où toutes sortes de questions sur les arrangements constitutionnels de la Grande-Bretagne prendront la forme de scrutins. Peut-être que l’on donnera aux Britanniques la possibilité de rejoindre les États-Unis en tant que 51ème Etat…

C’était une blague. Mais, concrètement, n’est-ce pas juste une question de temps pour que l’on accorde un peu de considération à cette idée-là ? Les deux pays avancent main dans la main dans plusieurs domaines critiques : la culture de l’entreprise – une grande source d’exportation – et les services financiers, dont l’axe « New York-Londres » domine le commerce mondial.

L’Amérique a attiré les grands esprits britanniques pendant des siècles dans un large éventail d’industries comme, récement, Sir Jonathan Ive, chef designer chez Apple. Et les agences de mise en application de la loi américaine sont devenues très familières avec les banques anglaises, comme l’a révélé la récente poursuite contre HSBC pour avoir blanchi de l’argent issu des cartels de la drogue. Comme pour le pouvoir militaire, tout le monde sait que là où marchent les forces américaines, les Britanniques suivent.

Dans les romans de John le Carré, les espions britanniques parlent de leurs homologues américains comme de leurs « cousins ». La relation est sans doute plus profonde aujourd’hui qu’elle ne l’était pendant la Guerre froide.

L’idée que la Grande-Bretagne rejoigne l’Amérique en tant que 51ème État sera sans doute un jour discutée. Mais cela n’arrivera pas en 2013.

GlobalPost / Adaptation : Anaïs Lefébure pour JOL Press

*La récession à double creux se caractérise par une première chute du PIB suivie, après une légère reprise, d’une rechute plus profonde.

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