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Dr Pauline Tiberghien: «Un enfant, quand je peux, pas quand je veux»

24.01.2013 par La Rédaction

Le collège national des gynécologues et obstétriciens français s’est prononcé en faveur de la vitrification d’ovocytes de convenance. L’idée est de proposer aux femmes d’environ 35 ans, si elles n’ont pas encore pu réaliser leur souhait de maternité, de congeler leurs ovocytes pour les utiliser plus tard quand elles seront prêtes. Éclairage avec le Dr Pauline Tiberghien, gynécologue obstétricienne dans un centre d’AMP (Assistance médicale à la procréation) à Valenciennes.

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La loi de bioéthique autorise depuis 2004 l’autoconservation d’ovocytes pour raison médicale lorsque la fertilité d’une femme est menacée par un traitement stérilisant comme dans le cas d’un cancer. Or le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) veut aller plus loin en demandant d’étendre cette autoconservation en dehors de toute raison médicale. 

En d’autres termes, le CNGOF souhaite que toutes les femmes puissent congeler à l’envi leurs ovocytes, afin de les utiliser plus tard pour une fécondation. Une manière, selon eux, de contrer les effets du temps sur la fertilité des femmes.

Pour y voir plus clair, JOL Press a demandé au Dr Pauline Tiberghien, gynécologue obstétricienne dans un centre d’AMP, de nous donner son analyse sur le sujet. Entretien.

JOL Press: Que pensez-vous de l’autoconservation sociétale des ovocytes ?

Dr Pauline Tiberghien : Je pense qu’au lieu de proposer l’autoconservation d’ovocytes, on devrait plutôt informer les jeunes filles qu’elles doivent faire leur bébé plus tôt. L’autoconservation d’ovocytes, c’est risqué, c’est un leurre et c’est surtout prendre le problème à l’envers. C’est risqué parce qu’une stimulation ovarienne, une ponction d’ovocytes, ce n’est pas anodin. Je passe mes journées à faire des fécondations in vitro et je préviens à chaque fois mes patientes des effets secondaires.

JOL Press: Quels sont les risques ?

Dr Pauline Tiberghien : Chaque femme fabrique un ovocyte par mois, ce qui n’est absolument pas suffisant pour une fécondation in vitro, donc on stimule les femmes pour qu’elles fabriquent plusieurs œufs, en leur administrant de grosses doses d’hormones. Le but étant de faire produire cinq ou six œufs par ovaire. Or ces hormones sont très mauvaises pour les artères et les veines, c’est un facteur de risque vasculaire en soi. Pour peu que la femme soit en surpoids, fume ou fasse de l’hypertension, on additionne des facteurs de risques qui peuvent conduire à des catastrophes : embolie pulmonaire, caillots de sang, problèmes de reins… Une patiente de 41 ans qui arrive chez moi, qui fume, qui est forte et qui fait de l’hypertension, je ne lui fait pas de fécondation in vitro, j’ai trop peur de la tuer…

Les risques sont donc liés à cette stimulation ovarienne mais aussi à la ponction. En mettant une aiguille de 20 centimètres dans le ventre, on a des risques infectieux et hémorragiques réels.

JOL Press: Pourquoi parlez-vous de leurre ?

Dr Pauline Tiberghien : Imaginons une femme à qui on ponctionne une dizaine d’œufs, on les met en fécondation avec les spermatozoïdes de son compagnon. Mais les dix ovocytes ne vont pas donner dix bébés. Au mieux, on aura huit débuts d’embryon mais quand il sera temps de les transférer dans l’utérus, sur ces huit, il en restera quatre ou cinq. Ensuite quand on le place dans l’utérus, l’embryon s’accroche une fois sur deux, et c’est déjà bien. Sans compter les 12% de fausses couches qui touchent toutes les femmes enceintes. Vous comprenez bien que pour promettre à une jeune fille de 20 ans qu’elle aura un bébé vers 42 ans, il va falloir à 20 ans lui ponctionner combien d’ovocytes ?

Un grand nombre de femmes vont se retrouver sans bébé et elles ne comprendront pas, elles ne seront pas enceintes. Faire croire à ces femmes qu’elles seront enceintes, c’est un mensonge. On va leur faire prendre des risques sans aucune assurance de résultat. N’oublions pas que l’utérus d’une femme de 42 ans, il a 42 ans. Pourquoi l’utérus vieillirait moins qu’une peau ou qu’un cœur ? Un utérus âgé a plus de mal à nourrir un embryon qu’un utérus jeune.

JOL Press: Pourquoi dites-vous que c’est prendre le problème à l’envers ?

Dr Pauline Tiberghien : Parce qu’on fait croire aux femmes qu’elles n’ont pas d’âge. Pourquoi on ne dit pas aux jeunes filles qu’il faut qu’elles fassent leurs enfants avant 35 ans ? Il faut arrêter de croire qu’on peut être facilement mère à 42 ans. Sans compter que pour un enfant, avoir des parents âgés n’est pas forcement simple.

JOL Press: Que répondez-vous à ceux qui disent que c’est injuste pour les femmes, puisque les hommes peuvent avoir des enfants jusqu’à 80 ans ?

Dr Pauline Tiberghien : Mais c’est ridicule, il faut accepter de vieillir. C’est injuste d’avoir des rides, c’est injuste d’avoir de l’arthrose… Ce n’est pas plus injuste de voir des gosses qui meurent à 18 mois d’une leucémie ?

Certains disent : ce n’est pas juste, l’autoconservation existe pour les spermatozoïdes et pas pour les ovocytes. Mais une masturbation ça n’a jamais tué personne ! Alors qu’on peut mourir en FIV. Il faut arrêter de croire qu’une fécondation in vitro est anodine.

Et puis, il ne faut pas oublier une autre question : qui va payer ? Pour faire une ponction, il faut des hormones, à 350 ou 400 euros la boîte, un traitement c’est entre 3000 et 4000 euros. Pour faire une ponction, il y a l’anesthésie puis l’hospitalisation. Le tout revient à peu près à 5000 euros. Et qui va payer ?

JOL Press: Quelle est selon vous la solution à apporter face à ce problème de fertilité des femmes de 40 ans ?

Dr Pauline Tiberghien : Il faut faire des campagnes d’information. Un enfant, ce n’est pas « quand je veux, mais quand je peux » comme dit Dr Joelle Belaisch Allart… Beaucoup de jeunes filles pensent qu’elles ont tout le temps devant elles, qu’elles pourront faire des enfants à 40 ans, mais ce n’est pas vrai. Il faut comprendre ce qui les pousse à retarder leur grossesse : la peur du chômage, la crise économique, les congés maternité, mal vus dans les entreprises… Ce qu’il faut, c’est que ces jeunes femmes prennent conscience qu’un jour il sera trop tard.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

La Rédaction


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