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Épargne: de la baisse du Livret A… à la renationalisation de la dette

 

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Le taux du Livret A devrait finalement être ramené de 2,25% à 1,75% le 1er février. La baisse sera moins importante que ne pouvait le craindre les millions de détenteurs.

Les craintes de ces épargnants étaient fondées

C’est la loi qui détermine mécaniquement la rémunération de ce livret. Celle-ci prévoit qu’il faut majorer l’inflation d’un quart de point – 0,25% – et arrondir au quart de point le plus proche. Sur un an, l’inflation (hors tabac) atteint 1,2% et, en conséquence, le taux aurait dû reculer à 1,50%.

Le gouverneur de la Banque de France semblait pencher en faveur d’une mise en œuvre stricte du principe et c’est à lui que revenait de prendre la décision. Le ministre des Finances Pierre Moscovici y était pour sa part opposé, craignant l’impact qu’aurait pu avoir une telle perte de rendement dans l’opinion. Les deux hommes se sont rencontrés vendredi 11 janvier.

Un accord a donc été trouvé autour d’un taux de 1,75%. Déjà il y a deux ans, début 2011, les autorités avaient décidé de déroger à la règle édictée par la loi : alors que l’inflation aurait dû conduire à faire grimper le taux à 2,75%, le gouverneur de la Banque de France avait choisi de le maintenir à 2,25% et il avait été soutenu par le ministre des Finances de l’époque, François Baroin.

Une bonne nouvelle pour le logement social

Pour le logement social, en partie financé par les dépôts effectués sur le Livret A, c’est une bonne nouvelle. Le recul de la rémunération aurait pu faire craindre une baisse des dépôts, mais la hausse du plafond de ces mêmes dépôts – un relèvement de 50%, qui le fait passer en deux temps de 15 300 euros à 22 950 euros – assure un afflux net. Ainsi, la première hausse de 25%, le 1er octobre, a-t-elle provoqué un afflux de 21,3 milliards d’euros de collecte sur le Livret A et le Livret de développement durable (LDD).

Le financement du logement social à partir du Livret A s’effectue sous forme de prêts. La baisse de la rémunération entraîne de fait une baisse du coût de financement de ces logements sociaux.

Une bonne nouvelle pour les banques

La  hausse du plafond des dépôts avaient été – et demeure – déplorée par les banques. Celle-ci a entraîné une ponction des livrets fiscalisés et des comptes d’épargne au profit du Livret A et du LDD. Or les banques ne conservent en moyenne que 35% de ces sommes, le reste étant centralisé à la Caisse des dépôts.

La collecte du Livret A devrait être quelque peu freinée par la baisse du taux, même s’il reste nettement plus rémunérateur que ses concurrents directs.

Une opportunité pour la France ?

L’assurance-vie devrait profiter le plus de la baisse d’attractivité du Livret A. Or cette baisse des taux pourrait être aussi l’occasion d’engager un mouvement indispensable vers une renationalisation de la dette française. Quel rapport ?

En 2013, la France prévoit d’emprunter 169 milliards d’euros contre 178 milliards en 2012. Pour l’essentiel, ces emprunts seront contractés auprès d’investisseurs étrangers. Cela place le pays à la merci des aléas du marché – et des évaluations des agences de notation. Aujourd’hui, les Français ne détiennent que 34% de la dette nationale – contre 68% en 1993. Le pourcentage de dette nationalisée est de 46% aux États-Unis, 69% au Royaume-Uni et 94% au Japon.

Pour inciter les Français à investir dans des emprunts d’État, il faudrait un taux de rémunération attractif. Toute baisse du taux du Livret A réduit d’autant l’effort que devrait consentir l’État pour parvenir à attirer vers lui les épargnants français. Dans un contexte où l’État emprunte à des taux très faibles, cela rendrait l’opération moins coûteuse. Même si, en la matière, l’investissement en vaut la chandelle.

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