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Eurogroupe: Jeroen Dijsselbloem succède à Jean-Claude Juncker

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Un premier rendez-vous de l’année 2013 un peu particulier pour les ministres des Finances de la zone euro. Ils doivent officiellement nommer le successeur du président Jean-Claude Juncker, qui a enfin réussi à convaincre ses homologues à le laisser abandonner ses fonctions après huit années de bons et loyaux services à la tête de l’Eurogroupe, dont quatre années passées à défendre l’existence même de la zone euro. Si les louanges ne manqueront sur le Premier ministre luxembourgeois, c’est l’identité et la personnalité de son successeur qui devrait faire le plus parler – surtout en coulisses.

Une solution de compromis

Le nom de Jeroen Dijsselbloem, avait été soufflé à la presse par le Premier ministre finlandais, Jyrki Katainen, lors du Sommet européen des 13 et 14 décembre derniers.  Celui-ci avait déclaré, devant quelques journalistes, que ce ministre rigoureux était un « homme bien » : « Il représente des idées similaires à celles que défendent les pays nordiques ». Et un moyen aussi de trouver un successeur à Jean-Claude Juncker en dehors du « club des Grands » et du duopole germano-français.  

Bref, il semblerait que le ministre néerlandais des finances soit ainsi apparu comme une solution de compromis. Un exploit, une promotion expresse pour celui qui, ministre de son pays depuis le début du mois de novembre, reste, à 46 ans, un quasi-inconnu sur la scène européenne et internationale.

S’il est réputé dans son pays pour ses qualités de fin stratège et ses talents de médiateur, il semble bien que ses qualités personnelles n’ont pas suffi à faire la différence. Atouts-maîtres dans sa poche : il est issu d’un pays fondateur de l’Union européenne, dont la dette est notée AAA par les agences de notation ; socialiste, il semble à même de rassurer tout autant les pays du sud que les pays du nord de la zone euro.

Soutenu par l’Allemagne – dont le ministre des Finances Wolfgang Schäuble avait un temps caressé l’espoir de se voir attribuer le poste -, Jeroen Dijsselbloem n’a pas suscité le même intérêt chez le ministre français Pierre Moscovici.

L’enthousiasme mesuré de Pierre Moscovici envers un camarade social-démocrate

Interrogé sur le probable futur patron de l’Eurogroupe dans l’émission internationale de TV5-RFI-Le Monde, Pierre Moscovici a indiqué que c’était « la moindre des choses (…) qu’il nous dise ce qu’il veut, ce qu’il pense », notamment sur l’union bancaire, l’équilibre entre déficit et croissance, ainsi que le fait de garantir l’intégrité de la zone euro. « Ce que j’attends, c’est qu’on garde une vision inspirée, qu’on n’ait pas une vision restrictive, que ce ne soit pas une Europe triple A ou une Europe du Nord contre une Europe du Sud », a mis en garde Pierre Moscovici.

« Il ne s’agit pas de donner un chèque en blanc ni de se méfier de Jeroen Dijsselbloem, qui d’ailleurs est un social-démocrate avec lequel je me sens assez en phase », a-t-il ajouté. Au total, « je pense qu’il faut rester dans la continuité de ce qu’a fait Jean-Claude Juncker », selon le ministre français.

S’il répète à envie qu’il n’a jamais imaginé pouvoir lui-même occuper ses fonctions – trop occupé qu’il est à Bercy -, on ne peut pas dire que les propos de Pierre Moscovici à l’égard d’un nouveau venu sur la scène européenne soient particulièrement bienveillants : est-ce le signe d’une frustration personnelle ou, plus fondamentalement, d’un agacement de la France ?

Jeroen Dijsselbloem arrive dans un contexte quelque peu apaisé

Diplomate, le ministre néerlandais des Finances a répondu par médias interposés qu’il serait ravi de le faire dès lundi, peu mécontent, sans doute, de pouvoir démontrer que la valeur n’attend ni le nombre des années ni celui des mois passés au pouvoir.

« Ce ne sera pas une nouvelle vision de la zone euro mais mes vues sur l’Eurogroupe, son fonctionnement et son agenda », a-t-il précisé.

Cette succession délicate intervient alors que l’on traverse, semble-t-il, une période de relative accalmie sur le front de la crise de la zone euro. La situation financière est moins turbulente et l’absence de Christine Lagarde, la patronne du FMI, à cette réunion de l’Eurogroupe en serait un signe qui ne trompe pas.

Autre signe probant : l’absence de débats sur le prochain versement d’une tranche d’aide de 9,2 milliards d’euros à la Grèce. Les ministres pourront donc avancer leurs discussions sur le Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de secours permanent de la zone euro. Si le principe en est acquis, il faudra attendre mars 2014 et l’entrée en fonction d’un superviseur unique des banques avant que le système ne fonctionne.

L’Eurogroupe, qui commencera lundi à 18h, sera suivi le lendemain par une réunion des ministres des Finances des 27, qui seront appelés à voter pour autoriser 11 pays à mettre en place une taxe sur les transactions financières. Une source au sein de la présidence irlandaise de l’UE s’est montrée confiante dans le fait d’obtenir la majorité qualifiée requise.

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