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Faut-il augmenter le salaire des fonctionnaires?

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Pour la première fois depuis son élection, François Hollande doit faire face à la colère des 5,2 millions de fonctionnaires qui ont été appelés à faire grève ce jeudi 31 janvier pour réclamer plus de pouvoir d’achat. Les syndicats réclament en particulier une revalorisation du point d’indice qui sert de base au calcul des salaires et qui est gelé depuis 2010.

Ce que demandent les fonctionnaires

Si, pendant sa campagne, François Hollande avait promis une revalorisation du pouvoir d’achat des fonctionnaires, la ministre en charge de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, avait cet été évoqué une cure de rigueur pour les fonctionnaires : « Ce n’est pas une cure d’austérité, mais c’est un grand moment de rigueur. Les fonctionnaires sont conscients de l’importance de leur fonction et ont envie que leur pays se redresse, donc ils savent que s’ils y participent, ils peuvent générer aussi leur part de croissance », avait affirmé la ministre sur RTL.

C’est « une situation catastrophique et sans précédent », a expliqué de son côté Jean-Marc Canon de l’UGFF-CGT, sur francetv info. Selon ses chiffres, « un cadre de la fonction publique il y a vingt-cinq ans, recruté à bac +3, était payé 75% de plus que le smic », a-t-il assuré. « Aujourd’hui, à poste équivalent, il faut un bac +5 et la rémunération est tombée à 12,5% de plus que le smic. » Mais qu’en est-il exactement ?

Des fonctionnaires sous-payés ?

La CGT, FSU et Solidaires, à l’origine de cette journée d’action, réclament une revalorisation de leur rémunération. Pour appuyer leur requête, les syndicats expliquent qu’entre 2000 et 2012 le point d’indice a progressé bien moins vite (+ 9 %) que l’inflation (+ 23,5 % hors tabac). Si le point d’indice est en effet gelé depuis trois ans, ce n’est pas pour autant que les salaires n’ont pas augmenté. Selon le gouvernement, la stagnation du point a été en partie compensée par des hausses de primes.

En 2010, selon les chiffres de l’Insee, le salaire moyen d’un fonctionnaire d’État était de 29 500 euros, pour un  fonctionnaire de l’hôpital il était de 26 400 euros et pour un salarié du privé de 25 000 euros. Cette différence de rémunération peut s’expliquer par le nombre de cadres, deux fois supérieurs chez les fonctionnaires, ou par celui plus important de salariés à temps partiel, qui auraient tiré vers le bas la moyenne annuelle des salaires. Si on prend en compte l’ensemble des données, le salaire moyen est à peu près le même dans le privé et dans le public.

La différence se trouve davantage dans l’évolution des salaires : de 1995 à 2010, les salaires du privé ont évolué doucement alors que ceux du public ont stagné. Mais, selon les Échos, en 2010, le pouvoir d’achat des fonctionnaires d’État et dans les hôpitaux a malgré tout progressé (+ 0,8 % et + 0,9 %) – mais s’est légèrement érodé dans les collectivités (-0,2 %).

Le peu de marges de manœuvre du gouvernement

L’objectif des syndicats, en faisant grêve, est avant tout de faire pression sur le gouvernement avant la réunion consacrée aux carrières et rémunérations prévue le 7 février avec la ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu. Cependant, une augmentation des salaires n’est pas l’ordre du jour pour le gouvernement.

Si  la ministre reconnaissait mardi « une situation difficile pour les fonctionnaires », elle rappelait aussi « les contraintes budgétaires », qui ne lui laisseront pas beaucoup de marge de manœuvre. Une hausse de 1% du point d’indice augmenterait de 800 millions d’euros cette masse salariale et de 1,8 milliard celle des administrations publiques, selon la Cour des comptes. Or le budget 2013 prévoit 10 milliards d’euros d’économies sur les dépenses de l’État.

Vers la fin d’une rémunération au mérite

Ce que Marylise Lebranchu veut en revanche réformer, c’est le principe d’une rémunération au mérite corrélée avec la performance. Cette prime avait été mise en place par Nicolas Sarkozy en contrepartie de sa « révision générale des politiques publiques » (RGPP) qui prévoyait de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Ce dispositif, qui permet d’introduire dans la rémunération une composante de résultats (40%) récompensant le mérite individuel, a coûté 400 millions d’euros à l’État.

Le 25 septembre 2012, Marylise Lebranchu considérait qu’il s’agissait d’une « politique qui achetait le silence des fonctionnaires sur les suppressions de poste par des primes dites de performance (…) une hypocrisie, puisque les primes étaient dérisoires et la baisse de la qualité des conditions de travail, bien réelle ». Pour l’heure, certains syndicats ont choisi d’attendre la réunion du 7 février pour se mobiliser.

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