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Hillary Clinton: bilan de quatre années au service de la diplomatie d’Obama

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La seconde administration du président Barack Obama prend ses marques, et c’est l’heure du bilan pour de nombreuses personnalités qui ont également fait la politique américaine de ces quatre dernières années.

La personnalité préférée des Américains

Pour Hillary Clinton, secrétaire d’État depuis quatre ans, l’exercice du bilan s’avère difficile tant la diplomatie américaine a eu un endroit et un envers durant ce premier mandat.

Dans son endroit, la secrétaire d’État peut se vanter de quitter son poste avec une popularité intacte, voire grandissante.

Selon un récent sondage publié par le magazine américain USA TodayHillary Clinton est la personnalité préférée des Américains, choisie par près d’un Américain sur cinq et ce pour la cinquième année consécutive.

La secrétaire d’État restera dans les annales comme la détentrice du record du nombre de jours passés à parcourir le monde. Durant ces quatre années, Hillary Clinton a parcouru 112 pays durant 401 jours de voyage.

Barack Obama lui-même ne tarit pas d’éloges lorsqu’il s’agit de la femme de son prédécesseur démocrate.

« Je voulais juste avoir la chance de dire merci publiquement parce que je crois que Hillary restera parmi les meilleurs secrétaires d’État que nous ayons eus, » a affirmé le président américain lors d’une interview diffusée sur la chaîne CBS. « Nous avons eu une belle collaboration ces quatre dernières années, elle va me manquer, » a-t-il ajouté.

La diplomatie américaine dans un gant de velours

Cette popularité indétrônable, c’est peut-être d’ailleurs ce que cherchais Barack Obama lorsqu’il a choisi de donner sa chance à celle qui a été son adversaire durant les primaires démocrates de 2008.

« En la nommant, fin 2008, Obama misait sur la notoriété mondiale de son ancienne rivale démocrate pour promouvoir une nouvelle doctrine de la séduction tous azimuts, un « soft power » à mille lieus de l’arrogance des années Bush, » estime ainsi Philippe Coste, correspondant aux États-Unis pour l’Express. « Sa recrue s’est, pour le moins, prise au jeu, » ajoute-t-il.

Le « soft power » à l’américaine s’est incarné en gant de velours de Washington lors de ses nombreuses missions.

Une victoire en Birmanie

La Birmanie peut être citée comme la plus grande victoire d’Hillary Clinton.

En quatre ans, la junte militaire birmane a fait place à une esquisse de démocratie qui prend forme aujourd’hui par la libération de nombreux prisonniers politiques, par l’ouverture de l’économie birmane au monde et par l’autorisation de l’opposition, incarnée notamment par le prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi. La première rencontre entre les deux femmes, en novembre 2011, est sans conteste historique.

Une diplomatie à double vitesse

Pourtant, ces quatre ans de diplomatie américaine ont également montré un nouveau visage de l’Amérique.

Le passage d’Hillary Clinton au secrétariat d’État « n’a engendré aucun accomplissement majeur. Hillary Clinton laisse un bilan maigre et mitigé. Reflet des limites de la nouvelle diplomatie américaine et des ambitions réduites du président Obama en la matière, » écrit ainsi Gérald Olivier pour Atlantico.

Hillary Clinton s’est beaucoup montrée, en témoignent ses heures de vols, ce n’est pourtant pas elle qui était au cœur des dossiers importants. La diplomatie américaine est restée dans les mains de la Maison Blanche et du Pentagone et les dossiers clés comme le terrorisme, le nucléaire iranien ou le conflit israélo-palestinien sont restés la prérogative du Président.

Sombre affaire de Benghazi

La dernière marque laissée par Hillary Clinton sera bien entendu l’affaire de Benghazi. Sombre histoire qui révèle, avec du recul, l’abandon des États-Unis d’une complexe situation en Libye et la loyauté sans faille d’Hillary Clinton envers le président Obama.

Quatre morts, dont un ambassadeur, dans la nuit du 11 au 12 septembre dernier, alors même que les risques étaient connus du Pentagone et que le personnel diplomatique sur place avait demandé une sécurité approfondie sur le terrain.

Face aux attaques et devant le Congrès américain, Hillary Clinton a endossé la pleine responsabilité des évènements alors que Barack Obama était en pleine campagne.

La diplomatie gagnant de la crise économique

La place est nette pour John Kerry, successeur en titre, connu pour son pragmatisme en politique. Les choses changeront-elles ? Rien n’est moins sûr pour Gérald Olivier.

« La bataille de la diplomatie, c’est aussi la bataille du budget. Cette bataille-là a été perdue par Hillary Clinton. Le département d’État bénéficie d’un budget qui représente à peine 10% de celui de la Défense : 50 milliards de dollars contre près de 600. John Kerry ne changera pas ce rapport de force. Mais […] le Pentagone reste sous la menace de 1000 milliards de dollars de coupes budgétaires sur dix ans, » écrit-il pour Atlantico. « L’appareil militaire pourrait connaitre une période prolongée de vaches très maigres ! De quoi laisser plus de place à une diplomatie beaucoup moins avide de dollars. »

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