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Internet a-t-il enfin trouvé son modèle économique?

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Pendant des années, le Web a été un incroyable terrain d’expérimentations pour les investisseurs sans que personne ne soit vraiment capable de déterminer un modèle économique pérenne d’Internet. Les concepts de gratuité et de partage, au cœur de la culture Web, étaient peu compatibles avec une logique de rendements. Mais les choses évoluent et le marché numérique est en train de trouver sa maturité.

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Et si le contenu payant s’imposait ?

C’est l’une des vieilles marottes apocalyptique du Web : les internautes ne paient pas et le partage à l’infini qu’a rendu possible l’émergence du Web va détruire la création artistique en asséchant ses sources de revenu.

Longtemps, et sous l’effet du piratage généralisé, cette prédiction a semblé probable et même en cours de réalisation. Les maisons de production de musique ont limité le nombre d’artistes avec qui elles signaient et on a annoncé la fin de l’industrie du divertissement.

Sauf que sous l’effet conjugué de législations de plus en plus dissuasives (Hadopi en France) et surtout de la multiplication des plateformes de téléchargement et de visionnage légales (de la VOD à iTunes, on en compte plus d’une cinquantaine en France), les modes de consommation des biens culturels numériques a évolué.

Si le piratage reste massif (et il y a toutes les chances du monde qu’il le demeure), les internautes ont progressivement intégré à la fois la criminalisation du piratage et surtout le fait qu’il est désormais plus pratique et confortable de se tourner vers des offres légales.

Du coup, et si l’âge d’or pré-Internet ne revient pas, c’est tout un marché qui s’ouvre à nouveau pour les créateurs de contenus numériques. À condition qu’ils se tournent vers des productions de qualité, qui soient fortement différentes des contenus qui se trouvent sur les flux gratuits.

Selon le spécialiste du Web Fred Cavazza, les clés des succès à venir sur Internet : « Sur quoi faut-il miser ? La réponse est très simple : des contenus de qualité. Internet est en effet un média dont l’utilité repose sur la richesse et la diversité des contenus. Investir dans des contenus, c’est miser sur ce qui a fait et continuera à faire le succès de l’internet ».

Et dans tous les domaines, les offres payantes se généralisent et se démocratisent. En matière de musique, on peut notamment évoquer Spotify ou Deezer qui proposent des offres « Freemium », c’est-à-dire à la fois une offre gratuite en libre accès et une offre « Premium », en accès payant. Spotify compte aujourd’hui plus de 5 millions d’abonnés et Deezer 3 millions.

Le secteur de l’audiovisuel profite également à plein de cette nouvelle donne. Aux États-Unis, la vidéo à la demande par abonnement (SVOD) enregistre depuis 2 ans une croissance exponentielle avec un chiffre d’affaires qui est passé de 4 à 454 millions de dollars entre 2010 et 2011. Et l’activité a quadruplé au premier trimestre 2012, au-delà de 1,1 milliard de dollars.

De la nécessaire émergence d’un champion européen

Quel rôle joue l’Europe dans cette révolution numérique ? De Facebook à Apple en passant par Google, les géants qui sont en train de modeler le Web à leur image sont tous américains.

L’ancien président de la SACEM, Bernard Miyet a récemment donné sa vision de cette problématique dans une tribune publiée sur Le Monde.fr : « l’Europe ne doit pas devenir un simple espace de consommation d’œuvres ou de concepts créés et produits par des entreprises non européennes, alors que ces dernières ont déjà gagné la bataille de la distribution ».

En clair, l’Europe ne fera pas son retard sur YouTube (hélas pour Dailymotion) ou dans un autre domaine sur Amazon, mais peut avoir une carte à jouer en termes de production d’œuvres numériques.

Selon lui, deux groupes européens sont capables de rivaliser avec les géants US : l’allemand Bertelsmann et le français Vivendi
Il se trouve justement que le patron de VivendiJean-François Dubos a récemment annoncé dans un entretien accordé au journal Les Echos que son groupe était désormais de devenir « un leader européen, voire mondial, dans les contenus et les médias. Dans ce domaine des contenus, il y a un vrai marché en croissance. »

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