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Italie: vers une «combinazione» entre Mario Monti et Pier Luigi Bersani?

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Prévues en mars ou avril 2013 – le terme légal de la mandature -, les élections législatives italiennes auront lieu les 24 et 25 février 2013. Le motif : la dissolution du Parlement le 22 décembre par le président de la République Giorgio Napolitano, après que Mario Monti ait fait part de démissionner une fois le budget 2013 adopté.

Mario Monti s’était engagé à expédier les affaires, il tient parole. Le président du Conseil avait indiqué qu’il ne souhaitait pas s’engager en politique et solliciter le renouvellement de son mandat, il a changé d’avis.

Face à lui, Mario Monti retrouvera la gauche modérée de Pier Luigi Bersani et la droite du Peuple de la Liberté conduite par Silvio Berlusconi.

Mario Monti contraint de descendre dans l’arène

Le 28 décembre, l’ancien commissaire européen a annoncé – une surprise qui ravit sans aucun doute ses partenaires européens – qu’il était prêt à « monter en politique ». Sénateur à vie, il n’aura pas besoin d’être candidat personnellement, mais une coalition est en train de se constituer autour de lui, « Agenda Monti pour l’Italie ». Ses soutiens, les centristes « centristes », l’Union du centre de Pierfernandino Casini, Italia Futura, un think tank créé par le président de Ferrari, Luca Cordero di Montezemolo, et Futur et Liberté pour l’Italie du président de l’Assemblée nationale – et ancien leader d’extrême-droite -, Gianfranco Fini.

Le pari risqué du Professore

D’ores et déjà, il apparaît évident que cette coalition ne parviendra pas, seule, sur le nom de Mario Monti à rassembler une majorité d’électeurs et, surtout, une majorité de parlementaires. Crédités le 6 janvier, par une enquête ISPO, de 15% des intentions de vote, ces centristes ne figurent qu’en troisième, voire quatrième position. Si les sondages semblent orientés à la hausse, une remontée victorieuse paraît inenvisageable.

Dimanche, Mario Monti a annoncé qu’il reviendrait sur la réforme foncière adoptée par son gouvernement – et responsable d’une hausse des impôts. Il a reconnu qu’il faudrait diminuer la pression fiscale – rehaussée en raison de la nécessité de lutter contre les déficits. Autre priorité de Mario Monti : une réforme électorale qui permette d’aboutir à la formation de majorités fortes et stables, tant il apparaît difficile à un parti de gouverner seul, avec le système actuellement en vigueur.

La gauche largement en tête

Portée par le succès de ses primaires, la gauche modérée, rassemblée autour de son candidat Pierluigi Bersani, est actuellement donnée largement en tête dans les études d’opinion.  

L’enquête ISPO publiée ce dimanche crédite le centre-gauche de 38% à 39% des intentions de vote pour le scrutin des 24 et 25 février prochains, un chiffre stable par rapport aux précédents sondages. Le Parti démocrate (PD), principale composante de la coalition gauche-Verts, est à 32-33%. Si la droite et le centre progressent, ils ne semblent plus en mesure de rattraper leur retard.

Silvio Berlusconi séduirait les indécis

Le Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi est passé de 13-16% début décembre à 17-19%. Si le PDL parvient, lors de négociations qui devaient débuter ce dimanche, à faire alliance avec la Ligue du Nord, la droite totaliserait 28% des intentions de vote, souligne ISPO.

40% des électeurs seraient encore indécis. C’est parmi eux qu’Il Cavaliere bénéficierait d’un soutien croissant. Pour autant, il est peu probable que celui-ci puisse être suffisant pour rattraper le retard sur la gauche.

Beppe Grillo, un phénomène

Beppe Grillo, soixante ans et la tignasse grisonnante, est un humoriste italien, l’auteur du blog le plus lu d’Italie – http://www.beppegrillo.it -, qui s’est lancé en politique en 2010 en créant son MoVimento 5 Steele – Mouvement 5 étoiles ( V majuscule pour Vafancullo – va te faire…). C’est un mouvement anti-establishment, populiste et populaire puisque certaines études le placent en deuxième position et  lui promettent une centaine d’élus à L’Assemblée nationale et au Sénat.

Opposé au maintien au pouvoir de Mario Monti, Beppe Grillo ne souhaite pas davantage un retour de Silvio Berlusconi. La violence de son discours effraie la classe politique italienne, ses talents oratoires et la réussite de son aventure la fascine. Il pourrait se trouver leader de l’opposition le 25 février au soir…

Les scénarios les plus probables (au 7 janvier 2013)

Il y a fort à parier que la coalition de gauche de Pierluigi Bersani arrivera en tête en voix et en siège. Ne disposant pas de la majorité absolue, elle devra chercher des soutiens. Ces soutiens devraient, le plus naturellement, venir des forces centristes réunies autour de Mario Monti.

Dans ces conditions – a fortiori si l’écart entre la gauche et le centre venait à se réduire -, Mario Monti pourrait conserver son poste. La gauche pourrait trouver un avantage stratégique à laisser Il Professore poursuivre la mise en œuvre de l’austérité – même s’il s’agit d’une austérité quelque peu atténuée – afin de préserver sa popularité et demeurer une alternative crédible.

Si l’avance de la gauche est nette, Pierluigi Bersani a alors toutes les chances de succéder à Mario Monti dans les derniers jours de février. Il lui succéderait avec l’obligation de poursuivre les réformes entreprises – et que Pierluigi Bersani n’a cessé de soutenir – même si on peut imaginer qu’il s’efforcera de donner des gages à sa gauche – un peu à la manière de François Hollande.

Dans ce scénario, Mario Monti pourrait, en mai prochain, succéder à Giorgio Napolitano à la présidence de la République, poste honorifique mais symbolique en période de crise. Aux termes de ce double processus électoral, une sorte de cogestion de l’Italie serait établie – Pier Luigi Bersani aux manettes et Mario Monti en garde-fou – garant de la confiance des marchés.

Une combinazione qui ferait d’une pierre deux coups : l’Italie serait définitivement débarrassée de Silvio Berlusconi et ses partenaires européens seraient sans aucun doute rassurés…

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