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Jérôme Cahuzac, l’embarrassant «Éric Woerth» des socialistes

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Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « blanchiment de fraude fiscale » dans l’affaire du compte suisse du ministre du budget Jérôme Cahuzac. À l’origine de cette enquête, un article du site Médiapart, publié mardi 4 décembre, qui accusait le ministre délégué au Budget d’avoir possédé pendant de longues années un compte en Suisse non déclaré.

Soutenu par François Hollande, Jean-Marc Ayrault et les membres du gouvernement, le cabinet de Jérôme Cahuzac a accueilli « avec satisfaction » l’ouverture de l’enquête : « Cette démarche permettra, comme il l’a toujours affirmé, de démontrer sa complète innocence des accusations absurdes dont il fait l’objet », a-t-il expliqué dans un communiqué.

Une opposition qui ne veut pas condamner

Si Valérie Debord, déléguée générale adjointe de l’UMP et le député UMP Georges Fenech se sont étonnés du maintien au gouvernement de Jérôme Cahuzac, Jean-François Copé a, pour sa part, fait valoir, sur RTL, qu’il avait « toujours été extrêmement clair et toujours considéré qu’on devait respecter la présomption d’innocence ». « Surtout lorsqu’il ne s’agit que d’allégations d’une certaine presse », a-t-il précisé. « J’aurais aimé qu’en d’autres temps, celui où nous étions en responsabilité, la gauche ne s’acharne pas sur Éric Woerth ou Nicolas Sarkozy », a-t-il ajouté.

« La présomption d’innocence est un principe majeur », a-t-il insisté avant d’ajouter : « Il appartient à Jérôme Cahuzac d’apprécier s’il doit rester au gouvernement ». Une déclaration qui nous ramène deux ans en arrière, à l’époque où Éric Woerth était accusé de financement politique illégal, au cœur de l’affaire Bettencourt. Alors ministre du Travail du gouvernement Fillon, de nombreuses voix avait appelé à sa démission.

Ces socialistes aujourd’hui ministres qui se sont prononcés

Arnaud Montebourg, aujourd’hui ministre du Redressement productif, n’avait pas hésité à demander la démission du ministre du Travail : « Il me paraît extrêmement difficile qu’Éric Woerth puisse se maintenir politiquement dans un gouvernement qui a affiché comme objectif de lutter contre les paradis fiscaux », déclarait-il sur lexpress.fr

De son côté, Benoît Hamon, qui était alors porte-parole du Parti socialiste, pointait la « responsabilité » de Nicolas Sarkozy et de François Fillon : « Quelle confiance accorder à la parole d’Éric Woerth » et « quelle confiance accorder à la parole de ceux qui, en toute connaissance de cause, l’ont protégé depuis le début : Nicolas Sarkozy et François Fillon ? » interrogeait celui qui est devenu ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire dans le gouvernement Ayrault.

Quant à Laurent Fabius, il estimait sur Europe 1 qu’il devenait « difficile » pour le ministre du Travail Éric Woerth de conduire la réforme des retraites, ajoutant que dans aucune autre démocratie « un ministre ainsi mis en cause » ne pourrait rester au gouvernement. 

La condamnation de Claude Bartolone 

Aujourd’hui président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, alors député, s’était clairement prononcé en faveur de la démission d’Éric Woerth. Interrogé sur LCI sur une éventuelle démission du ministre, il avait répondu, jeudi 2 septembre : « Bien sûr. C’est un ministre qui a menti à un moment où il y a une affaire qui est déjà très compliquée ». « Il faut qu’Éric Woerth se rende compte que les mensonges qui ont pu être les siens et son attitude posent problème à la fois dans cette affaire et au gouvernement », avait-il ajouté.

De son côté, le Parti socialiste n’appelait pas officiellement à la démission du ministre du Travail mais insistait, selon l’entourage de Martine Aubry, sur l’absence de « crédibilité d’un ministre qui avait menti ».

Précisons tout de même que ces déclarations de socialistes intervenaient dans un contexte un peu différent : après l’avoir nié, Éric Woerth avait reconnu être intervenu dans l’attribution de la Légion d’honneur à Patrice de Maistre, employeur de son épouse et gestionnaire de la fortune des Bettencourt. Dans le cas de l’affaire Cahuzac, rien n’a encore été prouvé.

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