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Jordanie: des élections législatives pour échapper à un Printemps arabe?

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La Jordanie passe souvent inaperçue au milieu de toutes les crises arabes qui se sont succédées depuis 2011. Le pays du monarque Abdallah II apparaît comme calme et stable en cette période de révolutions, et pourtant, à l’aube de nouvelles élections législatives, rien n’est moins sûr pour le régime jordanien.

Réfugiés et déséquilibres sociaux

Les élections qui se dérouleront le 23 janvier prochain, et auxquelles seront appelés à voter plus de deux millions d’électeurs, ne seront sans doute pas si calmes, et face à un roi Abdallah de plus en plus critiqué, la partie ne s’avère pas gagnée d’avance pour le régime.

Il faut dire que, tout comme ses voisins de la région, la Jordanie affronte de nombreux problèmes économiques et sociaux.

Peuplée de moitié par des Palestiniens qui se sentent discriminés, les Jordaniens ont récemment accueilli près de 250 000 réfugiés syriens, provoquant un nouveau déséquilibre social dans un pays qui n’a pas la richesse nécessaire pour abriter convenablement toute cette population.

Les Frères musulmans contre la monarchie

Face à un taux de chômage de 30%, une dette publique qui a diminué, mais qui reste encore forte (60% du PIB en 2011), la population jordanienne a, elle aussi, lancé ses grands mouvements de protestation.

Les premières ont débuté peu de temps après le début des révolutions tunisienne et libyenne. À la suite de ces mouvements populaires, Abdallah II a concédé quelques réformes, elles n’ont pas été suffisantes.

Le « Mouvement des jeunes du 24 mars », proche des Frères musulmans, a alors été créé et reste aujourd’hui actif. Les revendications de ce mouvement ne visent pas seulement le gouvernement et le roi mais aussi la femme du roi, Rania, et son train de vie jugé démesuré par rapport au niveau de vie de la population.

Malgré la répression des manifestations, notamment la plus grande, en date du 25 mars, le Mouvement ne s’est jamais affaibli et les tribus bédouines, traditionnellement proches du régime, ont à leur tour demandé plus de réformes au roi.

Une loi électorale pour étouffer l’opposition

En avril 2012, un nouveau Premier ministre est nommé par le roi à la tête du gouvernement. Fayez Tarawneh s’est penché sur une loi électorale qui devrait permettre, lors de cette élection, d’en finir avec l’opposition.

Ainsi, le scrutin à la proportionnelle a été abandonné par le Parlement et 50% des sièges de l’Assemblée sont désormais réservés à des députés membres d’un parti politique.

Ce nouveau modèle de scrutin privilégierait, selon l’opposition, les régions rurales largement favorables au régime en place.

Cette décision a suscité une vague de protestations de la branche politique des Frères musulmans, réunis au sein du Front islamique d’Action. Ces derniers, désormais sûrs de ne pas obtenir la majorité des sièges, ont appelé au boycott des élections.

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