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Joseph Stiglitz: l’Europe, menace pour l’économie mondiale en 2013

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Joseph Stiglitz endosse-t-il une énième fois son costume préféré, celui de Cassandre ? C’est aux Allemands – et plus précisément aux lecteurs du quotidien Handelsblatt qu’il réserve ses prédictions anxiogènes : en 2013, le prix Nobel d’économie américain estime que « le vrai risque économique se trouve en Europe ».

Une sortie  à contretemps ?

Ni Angela Merkel ni François Hollande ne sauraient être accusés d’angélisme dans les vœux adressés à leurs compatriotes pour 2013 – surtout pas la chancelière allemande dont la sortie a pris par moment des accents churchilliens… Si les deux principaux dirigeants de la zone euro se sont montrés un tant soit peu optimistes quant à la crise de la dette, c’est qu’effectivement, depuis l’été, le calme semble être quelque peu revenu sur ce front.

Les velléités d’intervention de la Banque centrale européenne (BCE), les mesures d’austérité adoptées par la plupart des gouvernements de la zone euro et l’adoption d’un pacte budgétaire ont, depuis l’été, rassuré les marchés financiers.

L’austérité, un remède aux nombreux effets indésirables

Ce que conteste, en théoricien de l’économie, Joseph Stiglitz, c’est la validité du choix imposé par les autorités européennes : l’austérité – trop d’austérité risquerait, tout simplement, de tuer l’austérité.

Symbole de cette option idéologique, le pacte budgétaire est dangereux, estime le prix Nobel d’économie – dangereux car  il n’est pas accompagné d’un véritable pacte de croissance.

Idem pour le rachat d’obligations d’État par la BCE, qui ne saurait être qu’un palliatif temporaire : « Si la BCE fait de la poursuite des politiques d’austérité une condition à ses financements, cela aura pour seule conséquence d’aggraver l’état du malade. »

Enfin, pour Joseph Stiglitz, les partenaires européens ne sont pas encore parvenus à se doter d’un véritable pacte de croissance, une étape indispensable.

De nouvelles turbulences en 2013

Dans ces conditions, notre « Cassandre » n’exclut pas de nouvelles difficultés en 2013 – surtout sur le flanc sud de la zone euro, du côté de l’Espagne et du Portugal, « des pays qui se trouvent dans une dépression dont on ne voit aucun signe de sortie ».

La contribution de Joseph Stiglitz est primordiale dans la mesure où elle rappelle la nature du débat en cours : du choix de politique économique que fera la zone euro dépendra, plus que jamais, la conjoncture économique et, au-delà, le modèle social dominant et… l’avenir politique du continent.  

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