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La grande dame du design Andrée Putman s’est éteinte à 87 ans

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L’élégance à la française. Voilà ce qu’incarnait la  « grande dame du design » , Andrée Putman, décédée samedi 19 janvier, à Paris, à l’âge de 87 ans. 

Née en 1925 à Paris dans une famille de la haute bourgeoisie intellectuelle, Andrée Aynard, passe ses étés dans une abbaye romane où elle expliquera avoir construit « un espèce de monde visuel, dans les salles et les cloîtres » de l’édifice dont elle gardera des « traces ». Poussée par sa mère, une pianiste de talent, la jeune fille se lance d’abord dans la musique. Elle enchaîne les concerts et joue énormément de piano. Après avoir reçu le premier prix d’Harmonie au Conservatoire des mains du pianiste et compositeur français Francis Poulenc, Andrée décide de tout abandonner lorsque son « maître » lui lance qu’elle est « fantastiquement douée » mais qu’il lui faudra encore dix ans pour être un « vrai compositeur ». Découragée, elle décide alors de faire « autre chose ».

Rendre l’art accessible

Sur les conseils de sa grand-mère, Andrée Aynard, alors âgée de 20 ans, entre dans le milieu de la presse, d’abord coursier pour le magazine Femina, puis comme journaliste pour différentes revues mais aussi comme collectionneur d’art. À la fin des années 1950, elle épouse l’éditeur et collectionneur et critique d’art Jacques Putman, avec qui elle aura deux enfants (Olivia et Cyrille).

Son mariage lui permet de fréquenter des intellectuels et des artistes comme Niki de Saint Phalle, Louise Bourgeois, Juliette Gréco, Samuel Beckett ou encore Giacometti. Elle fera également la rencontre de Denise Fayolle cofondatrice de l’agence Mafia, qui l’engagera comme directrice artistique des magasins Prisunic en 1958. Andrée Putman peut enfin réaliser « de belles choses pour rien » et rendre l’art accessible.<!–jolstore–>  

Une décoration sobre et intemporelle 

À 53 ans, Andrée Putman divorce et crée sa propre agence qu’elle baptise Ecart. « Mon seul souci était de me dire si j’intéresse au moins dix personnes, j’aurais accompli quelque chose qui va me porter toute ma vie », confie-t-elle.  Ce ne sont pas dix, mais des milliers de personnes qui se penchent sur ses créations souvent qualifiées de «bizarre». « À la fin des années 70, mes réalisations étaient d’un classicisme absolu. Lorsqu’on les revoit aujourd’hui, on peut penser qu’elles ont été réalisées hier, il y a 20 ans, ou dans huit mois. Il n’y a pas d’âge à ce travail » explique la designer en 2008.

À partir des années 1980Andrée Putman réalise les intérieurs d’hôtels, dont le Sheraton à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, des boutiques, des bureaux, notamment celui de Jack Lang au ministère de la Culture en 1984 ou encore des musées comme le CAPCmusée d’art contemporain de Bordeaux. Elle décorera également la cabine du Concorde et créera un piano à demi-queue baptisé Voie Lactée pour la maison Pleyel

En 1984,  l’architecte d’intérieur aménage l’Hôtel Morgans de New York, un moment charnière dans sa carrière. Elle livrera l’une de ses créations phares, le damier noir et blanc de la salle de bains du Morgans, qui lui assurera une renommée internationale. « C’est parce que j’ai commencé à travailler à New York que les Français m’ont réclamée », estimera-t-elle plus tard. 

« Un projet était Putman ou n’était pas Putman ! » 

En 2007, sa fille Olivia reprend le studio Putman spécialisé en architecture intérieure, design et scénographie, qu’elle avait créé trois ans plus tôt. « Nous nous sommes aperçus que notre nom était devenu, avec le temps et la renommée d’Andrée, un adjectif qualificatif. Un projet était Putman ou n’était pas Putman ! », déclare Olivia Putman. En 2010, la première rétrospective consacrée à Andrée Putman a eu lieu à l’Hôtel de Ville de Paris en 2010. Lors de laquelle sa fille déclara : « Il était temps que Paris lui rende hommage ».

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