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Le patrimoine culturel de Tombouctou victime de la guerre

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« La perle du désert », joyau et symbole de la civilisation africaine

Située à environ 1000 kilomètres au nord de Bamako, Tombouctou abrite des trésors culturels inestimables. Surnommée la « ville aux 333 saints » ou plus communément « la perle du désert », Tombouctou rassemble de nombreux mausolées de saints musulmans vénérés par la population, près de cent mille manuscrits anciens, trois grandes mosquées Sidi Yahia, Djingareyber et Sankoré, toutes classées sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1988 sans oublier la prestigieuse université de Sankoré.

Aux XVe et XVIe siècles, Tombouctou a été l’un des hauts lieux de la propagation du savoir musulman. Contrôlée pendant plus de neuf mois par des groupes armés islamistes, la ville de Tombouctou a fait l’objet de nombreuses destructions comme l’atteste son inscription sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’Unesco, le 28 juin dernier.

Une vague de destruction de mausolées cet été

Au mois de juillet dernier, des dizaines de mausolées – imposantes constructions funéraires – ont été détruits par les islamistes d’Ansar Dine et d’Acqmi qui prennent la vénération des saints pour de « l’idolâtrie ». Les mausolées sont pourtant considérés comme des « composantes essentielles du système religieux » puisque selon « la croyance populaire, ils étaient le rempart qui protégeait la ville de tous les dangers », rappelle l’Unesco. À la fin de l’année 2012 – trois jours après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution autorisant le déploiement d’une force internationale pour reconquérir le nord du Mali  -, les islamistes armés ont de nouveau frappé en attaquant les derniers mausolées de Tombouctou.

Des manuscrits brûlés : un crime culturel pour le maire de Tombouctou

Les précieux manuscrits n’ont pas été non plus épargnés. Alors que l’armée française et les forces maliennes viennent de reprendre le contrôle de la ville de Tombouctou, mardi 28 janvier,  les groupes islamistes armés ont incendié le centre Ahmed Baba avant de s’enfuir. Selon le ministère malien de la Culture, l’Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba abritait entre 60 000 et 100 000 manuscrits. Pour le maire de Tombouctou, Halley Ousmane, il s’agit d’un « véritable crime culturel ».

L’Unesco exhorte les forces militaires à protéger les sites culturels au Mali

Le 14 janvier dernier, Irina Bokova, la directrice générale de l’Unesco a appelé toutes les forces militaires engagées à protéger les sites culturels au Mali lors des raids aériens et interventions terrestres. « Je demande aux forces armées de tout mettre en œuvre pour protéger le patrimoine culturel du pays, déjà gravement endommagé », a-t-elle ainsi déclaré.

« Le patrimoine culturel du Mali est un joyau dont la protection importe à l’ensemble de l’humanité »a-t-elle précisé. « Ce Patrimoine est notre bien commun, rien ne saurait justifier qu’on y porte atteinte »Pour la directrice générale de l’Unesco, ce patrimoine culturel et architectural est « porteur de l’identité et des valeurs de tout un peuple »

« Sécuriser le patrimoine culturel malien »

L’Unesco rappelle que le saccage des mausolées à Tombouctou cet été « a suscité une vague d’indignation légitime dans le monde entier, contribuant à faire prendre conscience de la situation critique de la population ». Pour Irina Bokoval’intervention militaire de la France doit permettre de « protéger les populations » mais également de « sécuriser le patrimoine culturel malien ». 

Le Fonds d’Urgence de l’Unesco a été déployé pour renforcer la protection des biens culturels sur place. 

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