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Les autopsies virtuelles, une révolution pour les enquêteurs

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La virtopsie, nouvelle technologie qui permet au médecin légiste de faire son autopsie sans ouvrir le cadavre, détecte bien souvent des lésions indétectables avec les méthodes traditionnelles. Cette technique, mise au point en 2007 à l’université de Zurich par le professeur Michael Thali, pourrait révolutionner les enquêtes policières.

Comment cela fonctionne ?

Au lieu de prendre leur scalpel et faire une incision en forme de Y dans la poitrine du cadavre comme lors d’une autopsie traditionnelle, les pathologistes sont maintenant en mesure d’examiner un corps mort en 3D via les écrans d’ordinateur.

Dans les faits, un scanner 3D projette des bandes lumineuses sur le cadavre et forme des images du corps (résolution au micromètre) par imagerie par résonance magnétique (IRM). Ces images sont enregistrées en haute résolution par un appareil photo numérique stéréoscopique.

« Le scanner laser sonde la peau pore par pore afin de détecter toutes traces de piqûres, éraflures, coupures, qui pourraient échapper à l’œil nu », peut-on lire sur le site crime-expertise.org. « On dispose alors de 3500/4000 coupes de 0,6 mm, qui vont être compilées. Grâce à la puissance des logiciels et des ordinateurs, on obtient une reconstruction surfacique tridimensionnelle, volume dans lequel on peut tourner dans tous les sens. On peut se rapprocher de l’os, ou encore rechercher des lésions d’organes (hémorragie cérébrale, trajet balistique, fractures). » Une technique de très haute précision qui n’est pas sans rappeler les séries sur la police scientifique

De bons résultats

L’objectif premier de cette nouvelle méthode était de compléter les techniques traditionnelles, mais il se pourrait qu’elle soit désormais l’unique autopsie utilisée par les praticiens. Face à son succès, des criminologues du monde entier se sont rendus en Suisse au cours de ces dernières années afin de voir par eux-mêmes son efficacité.

Au-delà de sa précision l’autopsie virtuelle évite de disséquer un mort dont la religion ou les membres de la famille refusent l’autopsie. Elle permet aussi d’examiner des corps carbonisés ou en décomposition avancée. En outre, tous ceux qui répugnaient à voir les photos d’autopsie, dans le cadre de procès, auront en face des yeux désormais des images beaucoup plus « regardables » et moins chargées émotionnellement.

Une méthode qui facilite le travail d’enquête

« Un jour, nous avons reçu en urgence à l’hôpital un monsieur dans le coma », raconte un légiste, Pierre Massiani, au Monde. « Il avait été retrouvé dans la rue, imprégné d’alcool, et son cas avait été classé comme accident. La reconstitution en 3D à partir du scanner, systématique dans les traumatismes crâniens, a mis en évidence une lésion par un instrument contondant, blessure qui n’avait rien d’accidentel ! »

Les services de médecine légale du CHU de Toulouse, puis de Marseille, ont été les premiers à se lancer. Depuis, d’autres s’y mettent, comme par exemple le CHU de Strasbourg, où un scanner est désormais systématiquement pratiqué avant toute autopsie judiciaire.

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