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Les ex-Lejaby relancent la lingerie de luxe «made in France»

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Sur le mur de l’atelier de confection des Atelières, à Villeurbanne, près de Lyon, une cocarde tricolore trône fièrement. Lundi 14 janvier, l’atelier a ouvert ses portes, avec pour but de faire du 100% français en matière de sous-vêtements de luxe. « Très vite, nous avons eu la certitude qu’il existait une niche commerciale pour les maisons de couture françaises. Toutes ou presque ont délocalisé leur production. […] Mais leurs clients fortunés veulent pouvoir compter sur du 100% français quand ils achètent du luxe », écrivent Les Atelières sur leur site.

C’est sur le créneau du savoir-faire français que les couturières ont voulu se positionner. En janvier 2012, en pleine campagne présidentielle, Arnaud Montebourg, qui allait devenir ministre du Redressement productif quelques mois plus tard, avait été envoyé par François Hollande auprès des ouvrières de Lejaby, dont l’usine allait fermer. Il avait fermement défendu le « soutien-gorge tricolore », promettant un « mouvement de relocalisation » si la gauche était au pouvoir.

« Le made in France, c’est la force de la maison », explique Muriel Pernin, dirigeante de la société coopérative des Atelières.

Culottées

Il y a un an, la société Lejaby était mise en liquidation. Alain Prost la reprend, mais ferme un des ateliers pour transférer toute la production en Tunisie. Muriel Pernin, directrice d’une agence de communication, rencontre Nicole Mendez, déléguée CFDT de Lejaby, après s’être émue du sort des petites mains de la maison de couture. Elles décident de monter un atelier de couture indépendant à Villeurbanne, et de reclasser les couturières qui le souhaitent.

« On a été culottées », ironise Nicole Mendez, conseillère sur le projet, qui ajoute que « sans Alain Prost, enfin un vrai patron à la tête de Lejaby, un de ceux qui mettent les mains dans le cambouis », jamais elles n’y seraient allées.

Pour financer le projet, elles ont lancé un appel aux dons du public, qui leur a rapporté 80 000 euros. Elles ont pu compter en plus de cela sur une somme de 185 000 euros versée par dix-neuf associés, ainsi qu’un financement de la Caisse de dépôts, de la région et du fonds de revitalisation. Au total, la société a amassé un peu plus de 400 000 euros pour se lancer dans le projet.

22 ouvriers embauchés

Au début, Muriel Pernin explique qu’elle pensait recruter des anciennes ouvrières de Lejaby, mais beaucoup étaient trop éloignées géographiquement ou souhaitaient tourner la page. Les Atelières lancent alors un recrutement national et embauchent finalement 22 personnes, âgées de 20 à 60 ans, dont trois hommes et deux anciennes couturières de Lejaby.

« On est passé de l’idée de sauvegarder l’emploi à celle d’entreprendre et de créer de l’emploi. On veut prouver que fabriquer en France, c’est possible. On attend un chiffre d’affaire d’1,2 million d’euros à la fin de l’année », explique Richard Llung, directeur administratif des Atelières.

Commandes des danseuses du Lido

Les Atelières n’ont pas rompu leur contrat avec Lejaby (rebaptisée « Maison Lejaby ») : c’est même leur premier client. Et une trentaine d’autres propositions de collaborations sont déjà tombées.

La dernière collection de lingerie de luxe de la Maison Lejaby, qui porte bien son nom puisqu’elle s’appelle « Renaissance », sera présentée les 17 et 18 janvier par les danseuses du Lido. Et la nouvelle collection de produits de luxe faits main en France pour la Maison Lejaby devrait représenter « un quart du chiffre d’affaires d’ici à cinq ans », conclut le président de la Maison, Alain Prost.

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