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Mali: pourquoi les Africains tardent-ils tant à intervenir?

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Ils devaient être 5800, pourtant, ils ne sont encore que 465 soldats africains déployés au Mali. À l’origine de l’opération, la France ne devait être qu’un appui pour la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA).

Les forces africaines auraient déjà dû être déployées

Les objectifs étaient clairs : « Arrêter la progression des islamistes vers le sud », « sécuriser Bamako », et enfin, « permettre au Mali de retrouver son intégrité territoriale » et « préparer le déploiement de la force d’intervention africaine ».

« Que la France soit intervenue parce qu’elle était le premier pompier disponible, c’est normal, » répond Vincent Desportes, ancien directeur de l’école de guerre, au Nouvel Observateur. « Elle a heureusement conservé des points d’appuis en Afrique qui lui permettent d’intervenir immédiatement. Mais sa légitimité va diminuer progressivement et elle doit passer en soutien de la force africaine en formation, » ajoute-t-il.

À l’heure actuelle, les forces africaines auraient déjà dû être déployées, selon les estimations de Paris, pourtant, les jours passent et seuls quelques hommes de l’armée malienne qui, aux côtés des Français, sont parvenus à la libération des villes de Diabali et de Douentza, semblent exister sur le terrain.

Un besoin d’argent urgent

Toutefois, ce retard de manœuvre ne surprend pas plusieurs experts qui estiment que la mise en œuvre de cette force africaine, qui ne devait, à l’origine, être déployée que bien plus tard cette année, nécessite une logistique bien rôdée et des moyens qui n’existent pas actuellement.

« Les forces africaines n’ont pas les moyens nécessaires en termes de logistique, ce sont bien plus des troupes locales que des troupes de déploiement, » indique ainsi Yves Boyer, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, interrogé par 20 Minutes.

Et pour cette logistique, l’Afrique a besoin d’argent, de l’argent qu’elle n’a pas.

La Cédéao lance un appel aux dons

Selon les estimations de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest, la force africaine aurait besoin d’environ 375 millions d’euros.

À l’occasion d’un sommet présidé par le président ivoirien Alassane Ouattara, samedi 19 janvier, la Cédéao a lancé un appel aux dons internationaux.

L’opération française « n’a pas vocation à se substituer à l’action de la Misma » qui doit se déployer « le plus vite possible, et c’est l’objet de notre réunion, » a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, lors de ce sommet, avant d’insister sur l’aspect fondamental de la conférence des donateurs, prévue le 29 janvier prochain à Addis-Abeba, sous l’égide de l’Union africaine.

« Il est essentiel que le maximum de pays dans le monde apportent leurs contributions » pour financer la Misma et l’armée malienne, a lancé Laurent Fabius.

Certains soldats sont pourtant déjà arrivés

Cependant, l’argent ne fait pas tout et, dans ce cas précis, il faudra plus que quelques milliers de dollars aux armées africaines pour se déployer efficacement sur le territoire.

Car une partie de ces hommes est déjà arrivée sur le territoire. La capitale malienne est pleine de soldats de différentes nationalités, venus du Togo, du Niger ou d’ailleurs.

En tout, neuf pays ouest-africains doivent apporter leur contribution humain à ce conflit : le Nigeria (1200 hommes), le Burkina Faso (500 hommes), le Sénégal (500 hommes), le Bénin (650 hommes), le Togo (540 hommes), le Niger (500 hommes), la Guinée (125 hommes), le Ghana (120 hommes), et le Tchad (2000 hommes).

Comment diriger une armée composée d’une dizaine de nationalités ?

« Il faut bien comprendre que ce sont les Français qui mènent les opérations. Les forces africaines ne viendront que sécuriser les zones » conquises par la France, indique ainsi Yves Boyer au quotidien 20 Minutes.

« Les armées africaines ne font absolument pas le poids, ni en termes d’équipement ni en termes de formation, face à des islamistes lourdement armés, » explique encore Philippe Migault, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) pour 20 Minutes.

De nombreux experts s’accordent à dire que seuls les hommes du Tchad pourraient aujourd’hui sortir du lot. Beaucoup plus aguerris, habitués aux guerres du désert, les soldats tchadiens se sont construit une réputation.

Mais le problème reste le même, il faudra une organisation millimétrée pour coordonner des armées de nationalités, de langues et de cultures différentes. Des armées dont le professionnalisme, tout comme la motivation, sont souvent mis en doute.

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