Site icon La Revue Internationale

Mali: retour en images sur deux semaines de guerre contre l’islamisme

[image:1,l]

Deux semaines après le début de l’intervention française au Mali, de nombreuses villes du pays ont été reprises des mains des islamistes et la « libération totale » du pays, telle que l’a voulue François Hollande, est en marche.

Chronologie des évènements de ces derniers jours.

Jeudi 10 janvier

Alors que, depuis plusieurs mois, les islamistes du Nord-Mali ne semblaient pas vouloir descendre plus au sud du pays, des combats sont engagés entre groupes armés et armée malienne dans la ville de Konna, située à 640 km de Bamako.

Pour les autorités, c’est le signe que l’intervention, prévue depuis quelques semaines et qui doit être effective plusieurs mois plus tard, doit commencer dès maintenant.

Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, adresse deux lettres. Une première au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et une deuxième au président français, François Hollande, afin de le prier de lui apporter son aide militaire dans cette crise qui, pour la première fois en neuf mois de conflit, connaît de violents combats.

Le soir même, une déclaration est adoptée lors d’une réunion d’urgence à l’ONU en faveur d’un « déploiement rapide » de la force internationale au Mali devant la « grave détérioration de la situation ». Le Conseil de sécurité appelle les États membres « à aider les forces de défense et de sécurité maliennes à réduire la menace représentée par les organisations terroristes et les groupes affiliés, » qui contrôlent depuis le coup d’État du 22 mars dernier toute la partie nord du Mali.

Vendredi  11 janvier

À la suite de l’appel à l’aide du président malien, François Hollande confirme, en fin d’après-midi, que des troupes françaises sont arrivées dans la journée en soutien aux unités maliennes. Le président français lance officiellement l’opération Serval qui « durera le temps nécessaire. » « Nous intervenons dans le cadre de la légalité, » poursuit-il, précisant que le Parlement français sera « saisi dès lundi » de ce dossier.

Dans la journée, une première unité française est déployée à Mopti près de l’État-major des forces maliennes. Un raid d’hélicoptère contre une colonne terroriste force les islamistes à se replier. Un pilote d’hélicoptère français est mortellement blessé au cours de l’opération.

Samedi 12 janvier

Les frappes aériennes françaises se poursuivent dans la nuit de vendredi à samedi et samedi dans la matinée.

Deux unités françaises sont également déployées à Bamako.

« Un coup d’arrêt a été porté et de lourdes pertes ont été infligées à notre ennemi, » déclare François Hollande à la sortie d’un Conseil de défense réuni à l’Élysée.

« La France, dans cette opération, ne poursuit aucun intérêt particulier autre que la sauvegarde d’un pays ami et la lutte contre le terrorisme, » ajoute encore le Président.

Dimanche 13 janvier

Les forces françaises poursuivent leur offensive vers le nord du Mali et bombardent des positions islamistes, à Gao puis Kidal, deux villes aux mains des terroristes depuis plusieurs mois.

La France aurait effectué une dizaine de frappes.

« Les Américains vont nous seconder dans cette opération, à la fois en termes de renseignements et en termes de soutien, de logistique et de ravitaillement en vol, donc il y a une solidarité totale de la part des États-Unis, » affirme le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.

Même son de cloche côté britannique. « Le Premier ministre a décidé que le Royaume-Uni fournira une assistance militaire logistique pour aider à transporter rapidement vers le Mali des troupes étrangères et des équipements, » déclare ainsi le 10 Downing Street dans un communiqué de presse. « Nous ne déploierons aucun personnel britannique en situation de combat, » poursuit le gouvernement britannique.

Lundi 14 janvier

En fuite vers le nord du Mali, les islamistes se replient dans leurs bastions de l’est du pays.

Alors que la France augmente les effectifs de son armée sur place, les islamistes prennent la localité de Diabali. Une offensive sans doute menée par le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, Abou Zeid.

En France, cette attaque ne surprend pas et avait été envisagée. « Nous savions qu’il y aurait une contre-offensive vers l’ouest, d’autant plus que (c’est) là (que) se trouvent les éléments déterminés, les plus structurés, les plus fanatiques […]. Ils ont pris Diabali, une petite commune, après des combats importants et après une résistance de l’armée malienne qui était insuffisamment dotée à ce moment précis, » déclare le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

L’Algérie et la Mauritanie annoncent la fermeture de leurs frontières pour éviter un phénomène de contagion.

Mardi 15 janvier

Les attaques françaises se poursuivent. Alors que les islamistes se sont retranchés dans leurs bastions de l’ouest, la France décide désormais d’engager des troupes au sol pour poursuivre son objectif.

En visite aux Émirats arabes unis, le président français rappelle que les trois objectifs de la mission française sont « d’arrêter l’agression terroriste », de « sécuriser Bamako » et de préserver « l’intégrité territoriale » du Mali.

Dans la soirée, des centaines de soldats, français et maliens, sont en chemin pour renforcer les troupes déjà sur place et pour créer, à terme, une force française de 2500 hommes.

« La France n’a pas vocation à rester au Mali, » rappelle François Hollande lors de sa visite à Abou Dhabi, tout en affirmant qu’elle ne partirait pas sans laisser derrière elle « des autorités légitimes, un processus électoral et plus de terroristes. »

Mercredi 16 janvier

L’offensive terrestre a commencé et doit se dérouler en plusieurs étapes, selon les plans de l’armée française. Le premier objectif est de reprendre la ville de Diabali, où se sont réfugiés lundi 14 janvier, les islamistes.

Près de Konna, les troupes françaises et maliennes ont également engagé des combats au sol. 

À côté de cette offensive terrestre, les missions aériennes se poursuivent et des avions de combat détruisent le siège de la police islamique près de Tombouctou.

En Europe, la France reste le seul pays à intervenir au Mali, l’Allemagne et l’Italie ont annoncé leur volonté d’offrir une aide logistique aux opérations sur place.

Jeudi 17 janvier

L’armée malienne annonce avoir repris le contrôle de la ville de Konna, investie par les islamistes plusieurs jours auparavant. « Nous avons repris le contrôle total de la localité de Konna, après avoir fait subir de lourdes pertes à l’ennemi, » indique l’armée malienne, dans un communiqué publié le lendemain.

Vendredi 18 janvier

L’offensive terrestre des armées malienne et française se poursuit. les forces africaines de la Cédéao qui doivent être déployées tardent à se mettre en place. Neuf pays ouest-africains ont annoncé qu’ils enverraient un contingent de soldats sur le terrain. L’État-major de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali) est réuni à Bamako pour étudier la suite des opérations.

Samedi 19 janvier

La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) se réunit en sommet extraordinaire. Une réunion d’urgence demandée par le Mali.

Dimanche 20 janvier

Les forces françaises et maliennes ont pris la route de Diabali, ville située à l’est du pays, près de la frontière avec la Mauritanie. Diabali a été pris il y a une semaine par les islamistes en déroute de leurs fiefs du nord. « Tout laisse à penser que l’évolution de Diabali va être positive dans les heures qui viennent, » indique Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense français.

Les rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) affirment leur volonté de combattre les groupes islamistes dans le nord du Mali aux côtés des forces de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest.

Lundi 21 janvier

Les forces françaises et maliennes s’emparent des villes de Diabali et de Douentza, deux points stratégiques de l’ouest du Mali qui ne sont désormais plus aux mains des islamistes.

Une trentaine de véhicules blindés, menée par environ 200 soldats maliens et français, est entrée dans les villes sans rencontrer de difficultés et sous les acclamations de la population locale.

Pour le ministre français de la Défense, cette avancée représente une victoire des forces françaises et maliennes.

« Cette avancée de l’armée malienne vers les villes tenues par leurs ennemis constitue une réussite militaire certaine pour le gouvernement de Bamako et pour les forces françaises, intervenant en soutien dans ces opérations, » déclare Jean-Yves Le Drian dans un communiqué.

Mardi 22 janvier

L’aviation française mène des attaques contre un « centre de commandement » d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), situé à Tombouctou, au nord-ouest du pays. Parmi les différentes cibles touchées par les forces françaises, l’ancien palais de Mouammar Kadhafi, construit à Tombouctou et qui servait de QG aux islamistes d’Aqmi a été détruit par ces frappes aériennes.

À l’occasion d’une conférence de presse, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, salue l’intervention française au Mali tout en soulignant les divers risques pour les humanitaires et le personnel de l’ONU sur place. Ban Ki-moon a « félicité la France pour sa décision courageuse de déployer des troupes au Mali à la suite de l’avancée préoccupante de groupes extrémistes vers le sud du pays, » et indique « apprécier les efforts » de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour la mise en place de la force africaine au Mali. « En même temps j’ai signalé les risques pour nos activités et notre personnel civil dans la région, » ajoute le secrétaire général des Nations unies.

Mercredi 23 janvier

Les forces africaines déployées au Mali commencent à se diriger vers le centre du Mali, selon une annonce du ministre des Affaires étrangères français. « Il y a déjà des forces qui sont arrivées à Bamako. Un certain nombre de forces ont déjà commencé à monter vers des villes intermédiaires [centre], » déclare Laurent Fabius.

Dans un communiqué, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) se dit « fortement préoccupée par la multiplication des exécutions sommaires et autres violations des droits humains commises par des soldats maliens dans le contexte de la contre-offensive menée par les armées française et malienne contre les djihadistes ».

Selon l’organisation, ces actes de violence auraient été commis par des éléments des forces armées maliennes, dans les villes de SévaréMoptiNiono et d’autres localités situées dans les zones d’affrontements.

Jeudi 24 janvier

Les forces militaires françaises mènent de nouveaux raids aériens dans la région sud de Gao, près de la frontière nigérienne. Au même moment, les islamistes d’Ansar Dine lancent un mouvement afin de permettre une solution pacifique au conflit. 

Quitter la version mobile