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Ce jeudi 24 janvier, l’UMP organisait une convention sur la famille. Une occasion pour le président de l’UMP, Jean-François Copé, d’inviter à construire une « République fraternelle » : « Il ne faut pas être que dans la critique, mais aussi dans la réflexion. Comme on dit en philosophie, il faut être dans une démarche de questionnement (…) Il faut revenir à une approche philosophique et existentielle de notre société », a-t-il lancé. Et pourtant… Rares sont les députés UMP qui osent se prononcer en faveur du mariage pour tous.
Le chef de file des députés UMP à l’Assemblée, Christian Jacob, a déclaré qu’il pensait qu’entre 5% et 10% de son groupe voteraient pour le projet de loi mais qu’il était convaincu que cela serait « moins » que cela.
Ces députés favorables au mariage pour tous
Ils ne sont que deux à l’UMP, à s’être ouvertement prononcé en faveur de l’ouverture du mariage et de l’adoption pour les personnes de même sexe : Franck Riester et Benoist Apparu. Si l’élu de Seine-et-Marne avait très tôt apporté son soutien au projet de loi, il vient d’être rejoint par l’ancien ministre du Logement : « J’ai décidé de voter en faveur du projet de loi sur le mariage pour tous. La première raison, la plus importante à mes yeux, c’est la reconnaissance de l’amour homosexuel », qui « est tout aussi légitime que l’amour hétérosexuel. Lui donner un cadre social et culturel me paraît une nécessité », argumente Benoist Apparu, dans son entretien au Parisien – Aujourd’hui en France. Avant de préciser qu’il aurait cependant préféré une « union civile ».
À leurs côtés, Roselyne Bachelot. Si elle n’est pas députée, elle est une personnalité incontournable de la droite et de l’ère Sarkozy. Sa présence à la première manifestation avait déjà fait couler beaucoup d’encre mais elle s’en moque et va même jusqu’à accuser certaines personnalités de l’UMP de se renier sur le sujet : « Par pur opportunisme politique, l’UMP s’est positionnée ‘contre’, même si rien dans l’histoire de Jean-François Copé n’en faisait un militant de la famille traditionnelle ! » a-t-elle estimé dans une interview au Nouvel Observateur. « Et on a vu les Nadine Morano et autres carrément retourner leur veste sur ce sujet. C’est quoi cette politique de chien errant au fil de l’eau ? Là, on est vraiment dans le calcul, la stratégie, et on jette allégrement les convictions aux orties. »
Un avis partagé par GayLib, mouvement en faveur de l’égalité pour les personnes LGBT, qui a décidé de quitter l’UMP : « Que reste-t-il des espoirs des LGBT de droite dans un parti d’opposition qui se déchire, qui érige la peur de l’autre en dogme et cristallise son opposition sur la seule proposition socialiste d’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples du même sexe alors que tant d’autres sujets exigent une prise de parole forte et argumentée », ont-ils expliqué.
Ceux qui hésitent
« Quand je vois le nombre de militants, sympathisants et électeurs UMP qui m’adressent des messages de soutien, je ne me sens pas seul, même s’il est vrai qu’il y a une sorte de chape de plomb à droite dans l’expression du soutien à ce texte », déclarait dans une interview au Point, Franck Riester. Il faut donc croire que certains n’osent pas encore se prononcer.
« J’étais très opposé au mariage homosexuel. Je pense que mon avis évolue sans doute avec la société française », a estimé Luc Chatel au micro d’RTL. De son côté, Bruno Le Maire se disait encore fin décembre « en phase de consultation » : « Je me prononcerai à la fin, après avoir entendu tous les arguments », a-t-il déclaré dans une vidéo au Journal du net.
Hésitation aussi pour Gilles Carrez : « Il y a 12 ans, j’ai voté contre le Pacs et, très rapidement, je me suis rendu compte que j’avais eu tort. J’étais passé à côté d’une évolution de la société. Aujourd’hui, sur ce sujet, je m’interroge, je rencontre différentes personnes pour me faire un jugement. Il ne faut pas que nous, responsables publics, soyons trop en retard par rapport aux évolutions de la société », a déjà déclaré le député du Val-de-Marne, en octobre sur Europe1.
Ceux qui ne prennent pas trop de risques
D’autres, plus hésitants encore, ont choisi une parade. Le député du Val-d’Oise, Axel Poniatowski, s’est prononcé mercredi contre le mariage, l’adoption et la procréation pour les couples homosexuels, mais en faveur d’ « une alliance civile en mairie » : « Oui, je suis favorable à l’alliance civile en mairie de couples de même sexe, et je suis favorable à ce que les couples homosexuels bénéficient des mêmes droits économiques et fiscaux que les couples hétérosexuels », a expliqué Axel Poniatowski dans un entretien au Figaro. Une prise de position appuyée dans la foulée par Jean-Pierre Raffarin et Nathalie Kosciusko-Morizet sur Twitter.
De son côté, Lionnel Luca a décidé de s’abstenir : « Il y a quelques années, la droite s’est opposée au Pacs. Mais quand elle est revenue au pouvoir, elle ne l’a pas abrogé. Mieux : Nicolas Sarkozy nous a même dit que nous nous étions trompés en le combattant. Je n’ai donc aucune envie de participer à un même cinéma », a déclaré le député de la droite populaire, dans une interview à Paris Match.
Une majorité de députés UDI se prononce contre
Dix-huit députés UDI, sur vingt-neuf, et quinze sénateurs, sur trente-deux, ont co-signé un texte des députés François Sauvadet, Jean-Christophe Fromantin et François Rochebloine, dans lequel ils s’opposent au projet de loi porté par Christiane Taubira. Cela alors que Jean-Louis Borloo, le président du parti, s’est prononcé personnellement en faveur du texte, appuyé de Chantal Jouanno, Jean-Christophe Lagarde et Yves Jégo.
Quant aux personnalités de gauche, elles sont très peu nombreuses à s’opposer au projet. Mais il faut d’avantage y voir un effet de la discipline partisane sur une question sociétale emblématique plutôt qu’un consensus et une adhésion sincère. Jusqu’à l’Élysée, le Président n’a-t-il pas lui-même manifesté quelques hésitations sur le sujet et les questions qui en découlent ?