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Prise d’otages en Algérie: le déroulement de l’attaque

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Les terroristes attaquent un convoi d’expatriés

Mercredi 16 janvier, à l’aube, des islamistes appartenant à la Katibat el Moulathamine, groupe terroriste implanté dans le Sahel depuis 1992, attaquent un bus d’étrangers qui se dirigeaient vers l’aéroport. Les terroristes, représentant un groupe d’une trentaine d’hommes, se séparent alors en deux groupes : certains vont vers l’usine, et les autres pénètrent dans la base-vie du complexe gazier, exploité par le consortium British Petroleum-Statoil-Sonatrach à Tigantourine (à 40 kilomètres d’In Anemas, près de la frontière avec la Libye).

Selon des informations recueillies par Les Échos, un certain nombre d’expatriés qui devaient être acheminés par convoi à l’aéroport, ont réussi à se cacher. Parmi eux, trois Britanniques se sont cachés dans un faux plafond, et un Français sous son lit. Il est donc pour l’heure difficile de déterminer le nombre exact d’otages qui se trouvent encore entre les mains des terroristes.

« Je suis resté caché pendant près de 40 heures »

Vendredi 18 janvier, un rescapé français, Alexandre Berceaux, a témoigné sur Europe 1 : « Je suis resté caché pendant près de 40 heures dans ma chambre. J’étais sous le lit, j’ai mis des planches un peu partout au cas où. J’avais un peu de nourriture, un peu à boire, je ne savais pas combien de temps cela allait durer », avant d’être sauvé par des militaires algériens.

Un ingénieur algérien a par ailleurs déclaré sur France Info que les employés « s’apprêtaient à sortir de [leurs] chambres » mercredi matin, « vers 5h30, 5h45 » quand l’attaque a commencé. « C’était l’heure du changement des équipes. Tout à coup, il y a eu les coups de feu, les explosions, on n’a rien compris, l’alarme s’est déclenchée », explique l’homme, qui souhaite garder l’anonymat.

« On ne cherche que les expatriés, les Algériens vous pouvez partir ! »

Les ravisseurs auraient ensuite réussi à couper l’électricité, plongeant les employés dans le noir. « Ils ont pris possession de la base, ils sont entrés dans les chambres, ils ont cassé les portes tout en criant : on ne cherche que les expatriés, les Algériens vous pouvez partir ! ». Après avoir encerclé puis attaché les expatriés, les djihadistes se seraient regroupés à côté du restaurant.

Parmi les otages figurent plusieurs centaines d’Algériens, et des Américains, des Français, des Britanniques, de Japonais, des Norvégiens, des Philippins et un Irlandais. Selon l’ingénieur algérien, les ravisseurs avaient des accents « qui paraissaient libyens, algériens ». Selon un autre témoin, un terroriste qu’il a vu, armé, barbu et en tenue afghane, avait un accent « qui n’était pas algérien ».

Les ravisseurs étaient très bien armés

L’ingénieur algérien a expliqué que les ravisseurs étaient munis de bombes, et que ceux qu’il a vus « n’étaient pas noirs, mais de type maghrébin, normal. Ils étaient super bien armés, très à l’aise, trente, trente-cinq ans. On a entendu des tirs d’armements lourds ». Mercredi matin, les rafales de balles auraient duré plus de deux heures et demi, selon un autre témoin.

Après l’arrivée de l’armée algérienne sur le site, les terroristes auraient séparé les otages, les expatriés d’une part, et les Algériens de l’autre. « Maintenant, on est sans nouvelles de nos collègues expats qui travaillent avec nous. C’est eux qu’ils ont pris pour bouclier », raconte un autre témoin anonyme. Les terroristes auraient obligé certains otages à porter des ceintures d’explosifs.

L’armée algérienne intervient : un « soulagement » pour certains rescapés

Brahim, un autre témoin entendu sur France 24, raconte que les premiers accrochages entre l’armée algérienne et les terroristes ont eu lieu jeudi 17 janvier vers 13h. Lui a réussi à s’évader, coupant les grillages avec des pinces : « Nous sommes sortis tous ensemble en courant. Nous étions une cinquantaine accompagnés de trois employés étrangers ». « Nous avons été accueillis par les brigades des forces spéciales qui se trouvaient à quelques dizaines de mètres de la base ».

Pour l’heure, une centaine d’otages étrangers (sur 132) et 573 otages algériens auraient été libérés. Selon les autorités algériennes, 18 terroristes (sur 32) ont été abattus pendant le premier assaut mené jeudi par les forces spéciales algériennes. L’agence Reuters évoque quant à elle la mort d’une trentaine d’otages, dont au moins sept ressortissants étrangers.

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