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JOL Press : Que pensez-vous de la décision de la France d’engager ses forces armées pour stopper l’avancée des islamistes au Mali ?
Ramata Coulibaly : L’engagement de la France a été salutaire pour les Maliens. Cela fait dix mois que le peuple malien souffre, marqué dans sa chair et meurtri dans son honneur. Comme l’a exprimé Hamedy Diarra, président du Haut Conseil des Maliens de France, l’intervention militaire au Mali est une décision courageuse de la France. François Hollande est conscient des risques que comporte une telle intervention pour les otages français retenus dans le pays. Mais il y a également 15 millions de Maliens et 6000 Français dont la vie est en jeu. C’est une décision d’un grand courage et d’un grand humanisme.
JOL Press : Les représentants de la communauté malienne ont été reçus à l’Élysée dimanche 13 janvier, d’abord par des conseillers du Président, puis par François Hollande lui-même. Qu’est-il ressorti de cette réunion ?
Ramata Coulibaly : Nous avons profité de cette rencontre pour remercier le peuple français, le président François Hollande ainsi que les acteurs politiques et sociaux. Le Mali est un peuple frère de la France, et ce geste restera gravé dans l’Histoire. Je le dis et je le répète, le Mali ne pouvait s’en sortir sans la France. C’était une question de jours ; c’est l’existence même du Mali qui était menacée.
Les groupes islamistes sont armés jusqu’aux dents et font régner la terreur au Nord-Mali depuis plusieurs mois. Le trafic d’armes – qui proviennent de Libye-, le trafic de drogue et le crime organisé sont désormais monnaie courante dans le pays. Ces gens là veulent faire du Mali un No man’s land où ils pourraient se livrer à leurs activités illicites. L’engagement de la France permettra de stopper la progression de ces groupes armés vers le centre et le sud du pays et permettra au Mali de retrouver son intégrité territoriale. Pour montrer leur reconnaissance à la France, des Maliens, surtout originaires du Nord du pays, ont sorti le drapeau français.
JOL Press : Vous dénoncez une « colonisation culturelle » que les groupes islamistes armés veulent infliger à la population malienne. Avez-vous des contacts dans le pays ? Pouvez-vous nous décrire ce qu’il se passe là-bas ?
Ramata Coulibaly : Cela fait maintenant huit mois que je suis en contact avec des gens sur place. Lorsqu’on saccage les infrastructures d’un pays, les écoles, les hôpitaux, que l’on s’en prend aux femmes en leur imposant une manière de vivre, j’appelle cela de la « colonisation culturelle », c’est-à-dire la destruction de l’âme d’un peuple.
JOL Press : Dans quel état d’esprit sont les Maliens de France ?
Ramata Coulibaly : Les Maliens sont soulagés. Cela fait dix mois que nous sommes sur le terrain, que l’on se bat pour faire entendre notre voix dans les médias pour sensibliser et mettre en garde l’opinion du danger qui règne au Mali. Nous avons enfin été entendus.
JOL Press : En plus de la marche de soutien à l’intervention française prévue le 19 janvier prochain, comment comptez-vous vous mobiliser en France ?
Ramata Coulibaly : Le travail des représentants de la communauté malienne est avant tout un travail de sensibilisation pour éviter un génocide au Mali. Nous devons à tout prix éviter les règlements de compte et la vengeance. Il faut également faire attention aux amalgames : tous les Touaregs ne sont pas des intégristes.
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