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Après Lille en 2004, Marseille et sa région s’apprêtent à devenir « capitale européenne de la culture » en 2013. Pour l’occasion, la deuxième ville de France organisera tout au long de l’année plus de 400 projets culturels mêlant art contemporain et tradition provençale. Ce titre convoité devrait participer au rayonnement international de la cité phocéenne dont l’image a longtemps été écornée dans les médias.
JOL Press : J-2 avant le lancement de Marseille-Provence 2013. Quelle est l’atmosphère qui règne dans la cité phocénne ? Comment les Marseillais appréhendent-ils l’évènement ?
Suzel Danet : La situation est assez contrastée. La ville est encore en plein travaux, il y a des chantiers partout. Tout le monde s’active pour les derniers préparatifs : les artistes peaufinent leurs spectacles pour le week-end d’inauguration, les musiciens se préparent pour les grandes clameurs – performances musicales typiques du sud – qui se dérouleront dans différents lieux de la ville comme les théâtres ou les opéras.
D’un autre côté, les Marseillais déclarent ne rien savoir sur l’évènement. Il y a un déficit de communication dans la région. Les Marseillais ont du mal à visualiser ce que sera MP2013 et n’arrivent pas à s’approprier l’évènement. Les organisateurs communiquent à l’extérieur de la ville pour attirer du monde. France 3- Provence-Alpes propose chaque soir des sujets sur l’avancée des travaux pour tenir les gens informés. Peut-être que le week-end d’inauguration, samedi 12 et dimanche 13 janvier, permettra aux Marseillais d’entrer plus concrètement au coeur de l’évènement.
JOL Press : Marseille-Provence 2013 touche l’ensemble des Marseillais ? Qu’est-ce que l’évènement changera pour les quartiers nord ?
Suzel Danet : Dans les arrondissements périphériques, des associations essaient de sensibiliser les gens à MP2013. Mais en général, ils ne se sentent pas impliqués. Il n’y a pas eu de rénovation ou de création d’espaces culturels dans ces quartiers. Peu d’artistes locaux ont été retenus pour MP2013, à part l’artiste marseillais Gari Grèu auteur et interprète de la chanson officielle Export Import. Les organisateurs ont préféré privilégier des artistes de l’extérieur. Les Marseillais sont fiers de leur culture et ne comprennent pas ce choix.
Le groupe marseillais Mon Vier a par exemple exprimé cette incompréhension dans un clip vidéo mis en ligne en octobre dernier sur YouTube. À travers ce morceau intitulé Algarade 2013, le groupe critique les politiciens locaux ainsi que l’organisation de Marseille Provence 2013 pour avoir marginalisé une partie du paysage culturel de la ville.
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JOL Press : Il y a une quinzaine d’années, Marseille était encore en retrait au niveau culturel par rapport aux autres grandes villes françaises. Qu’est ce qui a changé depuis, et surtout depuis l’annonce de Marseille comme capitale européenne de la culture en 2008 ?
Suzel Danet : Il y a un véritable foisonnement artistique à Marseille. Les divers évènements culturels sont souvent « underground » et pas forcément subventionnés. L’équivalent marseillais de Pariscope ne répertorie pas l’ensemble de l’actualité culturelle de la ville ; cela passe essentiellement par des associations.
JOL Press : On parle souvent de Marseille pour ses magouilles politiques et ses policiers ripoux. Selon-vous, MP2013 changera-t-il la mauvaise réputation de la cité phocéenne ?
Suzel Danet : La manifestation va certainement changer le visage de la ville. Les gens sont fiers d’accueillir un tel évènement et de montrer que Marseille est capable de relever le défi de « capitale européenne de la culture ». Même si tout ne sera pas prêt pour samedi 12 janvier, les Marseillais ont montré qu’ils étaient capables de mener des chantiers dans toute la ville et de construire de nouveaux espaces culturels.
JOL Press : Qu’est-ce que l’identité marseillaise ?
Suzel Danet : Marseille est une ville ouverte sur la Méditerranée. Il y a une forte population originaire d’Afrique du Nord. On ressent ce mélange des cultures et l’influence de la culture méditerranéenne. Il est également fréquent ici d’entendre qu’il y a « Marseille et le reste de la France ».
Découvrez le clip vidéo du groupe marseillais Mon Vier :