Les groupes armés islamistes ont incendié le centre Ahmed Baba de Tomboutou, un bâtiment abritant des milliers de manuscrits, lundi 28 janvier. Selon les conservateurs du musée, la plupart de ces livres précieux auraient été sauvés du saccage, transférés à Bamako avant l’arrivée des islamistes dans la « perle du désert ».
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Moins de dégâts que ce qui a d’abord été dit
Un « véritable crime culturel ». Voilà comment le maire de Tombouctou, Halley Ousmane, qualifiait lundi 28 janvier la destruction de l’Institut des hautes études et de recherches islamiques à Tombouctou. Les groupes armés islamistes ont incendié le centre Ahmed Baba, trésor du patrimoine culturel malien, avant de prendre la fuite de la ville désormais contrôlée par l’armée française et les forces maliennes.
La majorité des manuscrits et livres précieux du centre auraient cependant été sauvés du saccage. Les archivistes et conservateurs du centre avaient en effet commencé à transférer les documents vers la capitale Bamako dès les premiers mois de l‘insurrection islamiste dans le nord du pays. Selon l’un des conservateurs du musée, « plus de 90% des manuscrits » auraient ainsi été épargnés.
Interrogé par l’AFP, Shamil Jeppie, directeur du projet de conservation de ces manuscrits, basé à l’université du Cap (UCT) en Afrique du Sud, il y a eu « des dégâts et certains objets ont été détruits ou volés, mais beaucoup moins que ce qu’on a dit dans un premier temps ».
En réalité, un seul des deux bâtiments de l’Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed aurait été détruit dans l’incendie provoqué par les islamistes.
Ahmed Baba, trésor culturel
Selon le ministère malien de la Culture, l’Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba abritait entre 60 000 et 100 000 manuscrits.
Au delà de ces précieux documents, dont les plus anciens datent du XIe siècle, Tombouctou rassemble d’autres trésors culturels inestimables comme les fameux mausolées de saints musulmans, en partie détruits par les groupes islamistes depuis le début du conflit malien, trois grandes mosquées Sidi Yahia, Djingareyber et Sankoré, toutes classées sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1988. La « ville aux 333 saints » ou plus communément surnommée « la perle du désert », a été l’un des hauts lieux de la propagation du savoir musulman aux XVe et XVIe siècles.