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Vigipirate «rouge renforcé»: l’impact sur vos vies quotidiennes

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La France est dans la ligne de mire. Après l’échec de la tentative de libération de l’otage Denis Allex en Somalie, les rebelles islamistes Shebab ont promis à la France des « conséquences amères ». La veille, un cyberdjihadiste, « Abdul Rahman bin Abdul Rahman » a appelé « tous les djihadistes musulmans à lancer des attaques individuelles ou groupées contre les Français et leurs intérêts ». Lundi 14 janvier, les djihadistes du Nord-Mali ont fait savoir qu’ils allaient frapper la France « au cœur ».

La guerre se déroule loin des frontières nationales, mais elle s’invite, d’une certaine manière, dans la vie quotidienne. S’ils ont pris l’habitude – surtout à Paris et dans les grandes villes – à voir patrouiller, Famas en bandoulière, des soldats en uniformes camouflés, les Français devraient en voir un peu plus et un peu plus souvent. L’heure est à la vigilance.  

Vigipirate « rouge renforcé »

Les conséquences escomptées n’ont pas tardé à se manifester : l’annonce en avait été faite la veille par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, mais c’est dans la soirée du dimanche 13 janvier que le ministre de l’Intérieur a confirmé que le plan antiterroriste Vigipirate, qui reste à ce stade au niveau rouge, était renforcé dans le contexte des interventions militaires au Mali et en Somalie.

Dans la pratique, de nouvelles forces de police, de l’armée, ou des services de sécurité de la SNCF peuvent être mobilisées pour mener des patrouilles.

Le dernier passage au niveau « rouge renforcé » a eu lieu en décembre 2012, une mesure habituelle lors des fêtes de fin d’année. 1200 militaires avaient été mobilisés sur le territoire français. Dans ce cadre, Vigipirate prévoit, entre autres, des contrôles aléatoires d’accès aux trains, sur les personnes comme les bagages, des patrouilles dans les TGV, la restriction ou l’interdiction de vastes portions de l’espace aérien et la constitution de stocks d’eau potable. 

Une réponse au terrorisme affinée depuis trente ans

C’est en 1978, alors que l’Europe était en proie à une vague d’actions terroristes, que l’État a conçu le plan Vigipirate, plan gouvernemental de vigilance, de prévention et de protection. Mis en place pour la première fois en 1991 durant la première guerre du Golfe, le plan a été refondu après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, afin d’améliorer les capacités de l’État à faire face aux menaces potentielles sur la population, sur les activités d’importance vitale et sur la continuité de la vie nationale.

L’objectif du plan vigipirate est de protéger la population, les infrastructures et les institutions, et de préparer les réponses en cas d’attaque. La dernière version du plan en vigueur depuis janvier 2007 est fondée sur le postulat que la menace terroriste est désormais permanente.

Une réponse graduée

Ce plan comprend un code couleur progressif – blanc, jaune, orange, rouge, écarlate – en fonction du niveau de dangerosité de la menace terroriste. Par ailleurs, pour chaque niveau d’alerte, il existe des dizaines de gradations, correspondant aux mesures de sécurité à prendre.

Niveau jaune : accentuer la vigilance, face à des risques réels mais encore imprécis, par des mesures locales avec le minimum de perturbations dans l’activité normale, et se mettre en état de passer aux postures des niveaux orange et rouge dans un délai de quelques jours.

Niveau orange : prévenir le risque d’une action terroriste considérée comme plausible, fût-ce au prix de contraintes et de perturbations modérées dans l’activité normale, et se mettre en état de passer rapidement aux postures des niveaux rouge et écarlate.

Niveau rouge : prendre les mesures nécessaires pour prévenir le risque avéré d’un ou plusieurs attentats graves, comprenant certaines mesures de protection des institutions, et mettre en place les moyens de secours et de riposte appropriés, en acceptant les contraintes imposées à l’activité sociale et économique.

Niveau écarlate : prévenir le risque d’attentats majeurs, simultanés ou non, pouvant utiliser des modes opératoires différents et provoquer des effets dévastateurs, et mettre en place les moyens de secours et de riposte appropriés ; des mesures particulièrement contraignantes peuvent être mises en œuvre.

Depuis les attentats de Londres, le 7 juillet 2005, le dispositif est resté au « rouge » sur l’ensemble du territoire français – hormis un court passage à l’ « écarlate » dans la région Midi-Pyrénées à la suite des tueries perpétrées par Mohamed Merah à Toulouse et Montauban en mars 2012.

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