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Andrea d’Ambra: «Le programme du Movimento 5 Stelle, c’est le bon sens»

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JOL Press : Comment se déroule votre campagne ?

Andrea d’Ambra : L’ensemble des candidats du MoVimento 5 Stelle se sont engagés, par conviction, à refuser le financement public de leur campagne électorale. En conséquence, je mène et nous menons tous une campagne à coûts zéro.

Nous nous appuyons essentiellement sur Internet et plus encore lorsque, comme moi, on est candidat des Italiens de l’étranger et qu’il ne suffit pas de descendre dans la rue pour rencontrer quantité d’électeurs potentiels. Mais, à Paris, je vais aussi dans les restaurants italiens et dans tous les lieux où se retrouve la communauté italienne.

JOL Press : Quand avez-vous rejoint le MoVimento 5 Stelle ?

Andrea d’Ambra : J’ai appartenu au mouvement avant même qu’il n’existe, si je puis dire. J’ai appartenu  à ce qui lui a précédé Les Amis de Beppe Grillo, un réseau de communautés ou clubs à travers l’Italie, dès 2005. Je suis originaire de l’île d’Ischia dans le Golfe de Naples et nous avons commencé à nous réunir, à nous organiser.

JOL Press : Comment êtes-vous devenus candidats à l’Assemblée nationale ?

Andrea d’Ambra : J’avais déjà été candidat aux élections municipales à Ischia. J’ai reçu, comme tous les membres de MoVimento 5 Stelle, un email me proposant d’être candidat et de participer à des primaires en ligne.

Il y avait trois conditions pour y participer : avoir déjà été candidat à une élection locale – même si cette règle ne s’appliquait pas aux Italiens de l’étranger –, ne pas appartenir à un autre parti politique et ne pas avoir d’antécédents judiciaires.

Les primaires ont donc eu lieu en ligne, une démarche sans équivalents – à ma connaissance. Et ce sont les internautes, tous les internautes qui ont permis d’établir les listes.

JOL Press : Qui sont les supporters de Beppe Grillo et du MoVimento 5 Stelle ? Quelle est la sociologie du mouvement ?

Andrea d’Ambra : Des citoyens lambda ! Des gens ordinaires qui, exaspérés et convaincus qu’il est possible de faire autrement et mieux, décident de s’engager.

Nos candidats s’engagent à n’effectuer que deux mandats au maximum. De sorte qu’après un intermède dans la politique active ils seront contraints de retrouver leurs activités initiales, professionnelles pour la plupart. Chez nous, pas de pros de la politique qui passent leurs vies à cela et perdent le contact avec la réalité de la vie quotidienne des Italiens.

JOL Press : Politiquement, où vous situez-vous ?

Andrea d’Ambra : Nous ne nous déclarons ni de droite ni gauche. Le MoVimento 5 Stelle est très à l’image de la société. Ce qui nous rassemble, c’est avant tout une déception à l’égard des comportements de nos responsables politiques. Nous sommes un mouvement citoyen où l’on retrouve des déçus de Berlusconi, des déçus de Monti et d’autres qui ne croient pas aux promesses de Bersani.

JOL Press : Plus spécifiquement, qu’est-ce qui explique, selon vous, le succès du mouvement ?

Andrea d’Ambra : Nous devons notre succès à la force de nos propositions, mais surtout au fait qu’à la différence de nos adversaires nous avons démontré notre capacité à tenir nos promesses là où nous avons, d’ores et déjà, été en situation de le faire, au niveau local ou régional.

Nous estimons que les élus sont trop payés. Lorsque nous sommes devenus le premier parti en Sicile, nos élus ont imposé la baisse des indemnités des membres de l’assemblée régionale. Au niveau national, les députés et sénateurs touchent 13000 euros par mois. Nous proposerons 2500 euros par mois, une somme, à nos yeux, largement suffisante.

JOL Press : Là, vous restez sur la pratique, le mode de gouvernance. En théorie, sur l’économie, par exemple, où vous situez-vous ? Que pensez-vous des réformes conduites par Mario Monti ?

Andrea d’Ambra : La chute de Silvio Berlusconi a suscité un très grand espoir, le gouvernement de Mario Monti, une grande déception, de grandes déceptions.

Nous espérions des choix courageux. Or, il a été très classique. Quand il a fallu trouver de l’argent, il a pris aux pauvres et à laisser les riches en paix. Il n’a pas créé l’impôt sur la fortune que nous espérions. Il n’a pas renouvelé la classe politique comme nous l’espérions. Il avait pourtant une opportunité formidable de changer l’Italie.

JOL Press : Encore une fois, c’est un discours qui semble plutôt de gauche, non ?

Andrea d’Ambra : Non, c’est un discours de bon sens ! Pas besoin de mettre une étiquette, droite ou gauche. Nous sommes d’accord pour faire des efforts mais ce sont d’abord ceux qui ont le plus qui doivent y contribuer le plus. C’est simple.

JOL Press : Les derniers sondages, publiés il y a deux semaines – conformément à la loi italienne -, vous créditaient de 15 à 18%. Quel résultat escomptez-vous ?

Andrea d’Ambra : 18% au moins. Nous nous attendons à une belle surprise.

Beppe Grillo et les candidats du MoVimento 5 Stelle effectuent actuellement un tour d’Italie, le tsunami Tour. Les places sont bondées à chaque étape.

Nous avons avons refusé d’apparaître dans les talk-shows à l’italienne, pourtant si populaire pendant la campagne. Et malgré tout, il y a du monde, toujours plus de monde…

JOL Press : Si cela les résultats des élections confirment les sondages, le MoVimento 5 Stelle devrait disposer de deux larges groupes parlementaires à l’Assemblée nationale et au Sénat…

Andrea d’Ambra : oui, peut-être une centaine de parlementaires. Nous pensons même pouvoir être la première force d’opposition du pays. Et nous espérons être en mesure d’imposer aux autres partis l’adoption de nos propositions.

JOL Press : Avec qui pourriez-vous vous allier ?

Andrea d’Ambra : Nous sommes contre les alliances. Le MoVimento 5 Stelle est contre la combinazione, les arrangements de couloirs, les coalitions bancales. Nous le disions déjà lorsque nous n’étions crédités que de 3% alors ce n’est pas maintenant que nous allons changer.

JOL Press : Vous avez, un jour, vocation à gouverner ?

Andrea d’Ambra : Oui, si les électeurs nous font confiance. Je suis convaincu que nous disposons largement d’autant de compétences que nos concurrents de l’ancienne classe politique, largement…

Propos recueillis par Franck Guillory pour JOL Press

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