Alors que la Chine célébrait dimanche 24 février la Fête des lanternes, un épais brouillard de pollution recouvrait le centre et l’est du pays. Le gouvernement chinois, qui songe désormais à mettre en place une taxe sur les émissions de CO2, semble prendre le problème très au sérieux : le ministère de l’Environnement a ainsi publié une liste des villages les plus pollués, dans lesquels le nombre de personnes malades du cancer atteint des niveaux alarmants.
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Un récent rapport publié par le ministère de l’Environnement chinois recense les villages les plus pollués du pays, où le nombre de cas de cancers est plus élevé que la moyenne.
« Villages du cancer »
Annexé au plan quinquennal 2011-2015, le rapport admet que « des matières toxiques et nocives ont provoqué de nombreuses situations d’urgence pour l’eau et l’atmosphère, et certains endroits comptent même des « villages du cancer », qui seraient au nombre de 400. Cette expression, qui n’avait jusque-là pas été utilisée par les autorités chinoises, intervient dans un contexte de crise sociale liée à la forte augmentation des émissions de CO2 en Chine, et notamment à Pékin, recouvert par un épais brouillard de pollution pendant trois semaines au mois de janvier.
Selon Wang Canfa, avocat spécialiste des questions environnementales qui dirige un centre d’aide aux victimes de la pollution dans la capitale chinoise, c’est la première fois que le terme « villages du cancer » apparaît dans un document ministériel. « Cela montre que le ministère de l’Environnement a reconnu que la pollution provoque des cancers », a-t-il déclaré à l’AFP.
Dark side of China
En 2009, un activiste et journaliste d’investigation chinois, Deng Fei, répertoriait les dizaines de villages parmi les plus pollués du pays, et dont le nombre de personnes atteintes du cancer atteint des seuils alarmants. Le journaliste qui avait publié la carte souhaitait ainsi sensibiliser les Chinois sur les risques liés à la pollution.
« J’ai enquêté sur le côté sombre et secret de la Chine, donc je connais les problèmes. En tant que journaliste et en tant que citoyen, j’ai la responsabilité d’essayer de résoudre ces problèmes », explique-t-il. Récemment, au moment du Nouvel an chinois, il a lancé une campagne sur Sina Weibo (l’équivalent de Twitter en Chine), sur la pollution des rivières chinoises. « À quoi ressemble la rivière de votre ville ? » : voilà la simple question envoyée par Deng Fei sur le site de micro-blogging. Des milliers d’internautes lui ont fait parvenir des photographies des rivières polluées près de chez eux.
Une façon de plus de faire pression sur le gouvernement chinois qui a cependant annoncé vendredi 22 février que la Chine introduirait « de façon proactive une série de politiques fiscales destinées à préserver l’environnement, dont une taxe sur les émissions de dioxyde de carbone ».