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Fabienne Leclerc, in situ

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Bonjour M’ssieurs-Dames,

Je vous conseille un jour de frapper à la porte de la galerie In Situ / Fabienne Leclerc au 6, rue du Pont de Lodi. Paris 6ème. Vous y serez bien accueillis et vous en sortirez enchantés d’avoir connu ce lieu.

Avec son sens de l’œuvre monumentale et son instinct de la mise en scène, Fabienne Leclerc trouve toujours le moyen de surprendre son public. Dans son immense local du 6e arrondissement, réparti sur deux étages, la galerie in situ, qui ne jure quasiment que par la sculpture, la vidéo et l’installation, se transfigure radicalement d’exposition en exposition, sans jamais décevoir. Chaque nouvel événement est conçu comme une occasion de repenser la disposition des lieux et de susciter le dialogue entre l’œuvre et l’espace. La qualité des travaux présentés est constamment assurée par des artistes à l’expression profondément individuelle et singulière, comme Mark Dion, dont l’œuvre reflète une fascination pour la zoologie et la classification. En tête d’affiche : la star indienne de la monumentalité, Subodh Gupta, et Gary Hill, maître du video art américain, Andrea Blum (USA), Patrick Van Caeckenbergh (Belgique), Florence Paradeis (France), Noritoshi Hirakawa(Japon), The Blue Noses (Russie), Meschac Gaba (Benin) et tant d’autres…

C’est ici, que j’ai eu la chance de rencontrer une de mes artistes préférés, Lynne Cohen. Explorant des espaces intérieurs qu’elle restitue dans des huis-clos vierges de toute présence humaine, Lynne Cohen offre une nouvelle vision de ces lieux que nous traversons et investissons habituellement, sans pour autant les percevoir ou les interroger véritablement. Ces photographies apparaissent ainsi comme une conversion du regard.

Les photographies de Lynne Cohen sont effectivement focalisées sur des intérieurs (qu’ils soient domestiques, industriels, militaires, où rattachés à nos loisirs), où plus aucun homme n’est physiquement présent, et où ne reste plus que la structure visible d’une salle de conférence, d’une piscine, d’un laboratoire d’odeur ou d’un bâtiment quelconque.

De plus, Lynne Cohen a décidé de ne plus légender ses tirages, afin que nous ne nous focalisions plus sur le pays, la ville ou le type de lieu où la photographie aura été prise. Femme de caractère, elle a déclinée sa nationalité américaine à cause de Busch pour devenir canadienne. Lynne Cohen est entrée depuis longtemps dans mon Panthéon artistique.

La galerie In Situ Fabienne Leclerc a aussi pour ambition de promouvoir sur la scène artistique française et internationale de jeunes artistes, mais également de supporter d’autres artistes plus connu, et ce depuis plusieurs années. La galerie a aussi pour rôle principal de montrer, de produire et d’aider à la réalisation des projets pour les musées et les institutions.

La galerie in Situ n’est pas un endroit pour les branchés ou les débranchés, ni pour les cultureux, c’est tout simplement un espace contemporain et d’expression artistique à la portée de tous.  L’art quoi !!!

En ce moment et jusqu’au 18 avril, Joana Hadjithomas & Khalil Joreigeprésentent  » The Lebanese Rocket Society : A tribute to dreamers ( Hommage aux rêveurs ).

Joana Hadjithomas et Khalil Joreige sont deux artistes libanais intéressés par les images contemporaines du monde arabe. Leurs œuvres plastiques et cinématographiques, inspirées par la ville de Beyrouth, en souligne les transformations urbaines.

L’aventure de la Lebanese Rocket Society commence au début des années 60 à l’Université arménienne Haigazian à Beyrouth, où un groupe d’étudiants, mené par un professeur de mathématiques, Manoug Manougian, crée et lance avec succès la première fusée régionale. De 1960 à 1967, plus d’une dizaine de fusées du nom de Cedar, toujours plus performantes et s’élevant à plus de 600 km, seront conçues, produites et lancées. Ce projet dont le but était «la conception et le lancement de fusées pour l’exploration et l’étude de l’espace» était très populaire à l’époque et faisait la une des journaux.

Le projet spatial a été brutalement suspendu en 1967 après la défaite des armées arabes face à Israël, et son histoire a été totalement oubliée. Les documents, les photos mais surtout les films autour de ce projet ont pratiquement disparu du Liban, et surtout de nos imaginaires.

« Le Liban a lancé la première fusée du Moyen-Orient et l’a oublié. Pourquoi aujourd’hui ne peut-on pas imaginer qu’un tel projet ait pu advenir ? Ou, quand on y parvient, pourquoi cherche-t-on à le discréditer ? Peut-être est-ce parce qu’il s’inscrit dans un imaginaire scientifique que nous n’avons jamais développé sur notre propre culture. Parvenez-vous à reconnaître, dès le premier coup d’œil, que ce que vous voyez est une œuvre d’art ou un instrument de recherche scientifique ? Non, vous voyez un missile et non pas un engin spatial, car lorsqu’on imagine une fusée dans le monde arabe, on pense immédiatement à une arme de guerre. De fait, il était capital que nos statues soient exposées dans des lieux d’art et de science.»

Elements for a monument est une statue représentant à l’échelle, la Cedar IV lancée le 21 Novembre 1963 dans le ciel libanais. Il existe deux versions de cette reconstitution en acier ; l’une a été offerte à l’Université Hagazian, l’autre à la Sharjah Art Foundation. 

Le projet de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige comprend un long métrage documentaire: The Lebanese Rocket Society, l’étrange histoire de l’aventure spatiale libanaise, et une série d’installations artistiques qui interrogent notre perception du passé et du présent, ainsi que la notion même d’imaginaire. Elles questionnent également les grands événements historiques et les mythologies de ces années-là: le panarabisme et son déclin après la défaite de 1967, mais aussi la guerre froide, la conquête spatiale, les grandes idées révolutionnaires, ainsi que l’aspiration à la modernité et la contemporanéité.

Cet hommage aux rêveurs cherche à faire resurgir cette histoire spatiale enfouie et, loin de tentations nostalgiques, à la réactiver dans le présent en donnant une physicalité à cette absence, afin de tenter d’élargir le territoire de l’art et du cinéma, d’aller contre l’imaginaire dominant et celui que nous avons de nous-mêmes. C’est aussi une manière de raconter des petites histoires qui viennent perforer la grande Histoire, et qui montrent la foi et l’espoir de ces temps-là, le rêve qui semble aujourd’hui à nouveau s’étendre dans les rues de certaines villes arabes.

Le film The Lebanese Rocket Society, l’étrange histoire de la conquête spatiale libanaise sort dans les salles de cinéma françaises le 27 mars après sa présentation, en avant-première, dans le cadre du festival «Cinéma du réel» le samedi 23 mars au centre Georges Pompidou, Beaubourg, Paris.

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