Une enquête TNS-Sofres pour France Info/Le Monde/Canal+ révèle que plus d’un tiers des Français adhèrent aux idées du Front national. Un record depuis 1991.
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Les idées de Marine Le Pen semblent être de plus en plus populaires. Selon une enquête TNS-Sofres pour France Info/Le Monde/Canal+, 32% des Français se disent « tout à fait » (6%) ou « assez » (26%) d’accord avec les idées du Front national, un chiffre en hausse d’un point sur un an, tandis que 63% sont en désaccord (26% « plutôt », 37% « tout à fait »).
Un chiffre qui progresse d’un point par rapport à l’an dernier et constitue le plus haut niveau de soutien constaté depuis trente ans. Par ailleurs, 35% des Français adhérent aux constats exprimés par Marine le Pen mais pas aux solutions qu’elle propose (+2 par rapport à 2012), 12% adhérent aux constats et aux solutions (+1) et 46% ni aux constats ni aux solutions.
Le FN n’est plus un danger pour la démocratie
Selon le baromètre annuel de TNS-Sofres, seuls 47% des Français estiment que le FN représente un danger pour la démocratie. En baisse de 6 points par rapport à 2012, ce niveau n’avait pas été atteint depuis le succès du Front national aux européennes de 1984. « Ce qui est frappant, c’est qu’il n’y a pas de décrue post-électorale comme après les présidentielles de 1995 ou de 2002 », a souligné Emmanuel Rivière, directeur du département Opinion chez TNS-Sofres.
« La dédiabolisation du Front National est achevée parmi le peuple. Seule une petite caste intellectuellement congelée (…) continue de vouloir (nous) caricaturer », a rapidement réagi le vice-président du parti, Florian Philippot.
Le FN de plus en plus crédible
35% des Français considèrent, toujours selon le sondage, que le Front national pourrait participer à un gouvernement, soit 4 points de plus qu’en 2012. « Les électeurs jusqu’à présent avaient peur de se dire proches du FN », a expliqué le député Gilbert Collard, élu sous les couleurs du Front national à l’Assemblée. Il y a eu la « diabolisation », un « système instauré par un génie de la magouille politique qui s’appelait François Mitterrand », « relayé par une très grosse entreprise médiatique ». « C’est vrai aussi que du côté du Front, on a parfois fait tout ce qu’il fallait », a ajouté l’avocat.
Le Front national n’apparaitrait plus comme un parti d’extrême droite ? « L’extrême droite, c’est un parti qui veut le renversement de la République et que le système parlementaire ne fonctionne pas », a estimé Gilbert Collard. « On est tout le contraire de ça ! »
Les idées de Marine Le Pen partagées par les sympathisants UMP
54 % des sympathisants UMP considèrent, selon cette enquête, que la fille de Jean-Marie Le Pen est une représentante d’une « droite patriote attachée aux valeurs traditionnelles ». Et 51 % d’entre eux déclarent adhérer aux « constats exprimés par Marine Le Pen, mais pas à ses solutions ». Si 54% des sondés (+3 points) trouvent qu’ « on accorde trop de droits à l’islam et aux musulmans en France », ils sont 71% chez les sympathisants UMP. De même, ils sont 74% à juger qu’ « il y a trop d’immigrés en France ».
« Quand les mots d’ordre sont exclusifs au FN, comme la sortie de l’euro ou la peine de mort, on note plutôt un repli », note Emmanuel Rivière. « Cela montre bien que c’est plutôt ce qui se passe au sein de l’UMP qui compte. Ses leaders aident à ce que les thématiques de l’immigration et de l’islam soient plus présentes, plus débattues et sans doute vécues comme plus problématiques », a-t-il ajouté.
Marine Le Pen, responsable de cette banalisation
Si l’honnêteté (34%) et la sympathie (37%) sont des qualités qui sont peu attribuées à la présidente du FN, elle est très majoritairement perçue comme « volontaire » (81%) et « capable de prendre des décisions » (69%). Surtout, la moitié des interviewés estiment qu’elle « comprend les problèmes quotidiens des Français » (49%) et qu’elle est « capable de rassembler au-delà de son camp » (53%).
En revanche, 63% des sondés n’ont « jamais voté » et « n’envisagent pas de voter FN à l’avenir » et 4%, s’ils l’ont déjà fait, n’en ont plus l’intention. Pour 27%, c’est une hypothèse envisageable.
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Sondage réalisé du 24 au 28 janvier en face à face au domicile des personnes interrogées auprès d’un échantillon de 1012 personnes représentatif de l’ensemble de la population âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas.