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Gaz de schiste: les parlementaires rouvrent le dossier épineux

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L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), qui regroupe des députés de l’Assemblée nationale et du Sénat de tous bords, a lancé un rapport qui vise à évaluer les techniques d’extraction alternatives de gaz de schiste, à la très controversée fracturation hydraulique.

Position de François Hollande sur le sujet

« Aujourd’hui, la fracturation hydraulique serait une atteinte à l’environnement, je la refuse et je la refuserai tant que je serai là. Durant mon quinquennat, tant qu’il n’y aura pas de nouvelle technique, il n’y aura pas d’exploitation des gaz de schiste. J’ai fixé le cap et je m’y tiens. La recherche [sur d’autres techniques] n’est pas interdite par la loi, elle existe, je ne peux pas l’interdire. Je laisse les entreprises et les chercheurs travailler et je prendrai mes responsabilités le moment venu », avait déclaré le chef de l’État en novembre dernier.

L’Opecst a pour mission d’informer le Parlement des conséquences de choix à caractère scientifique et technologique afin d’éclairer ses décisions. C’est donc légitimement que le député (PS) Christian Bataille et le sénateur (UMP) Jean-Claude Lenoiront ont annoncé, ce jeudi 31 janvier, avoir adopté « l’étude de faisabilité d’un rapport consacré aux techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels ».

Propositions de l’Opecst

« La fracturation hydraulique, interdite par la loi du 13 juillet 2011 pour l’exploration et l’exploitation des mines d’hydrocarbures, est une technique ancienne qui évolue aujourd’hui rapidement sous l’effet de considérations environnementales de plus en plus partagées », ont-ils expliqué dans un communiqué. « Des voies d’amélioration de cette technique existent, dans le sens d’une moindre consommation d’eau et d’une moindre utilisation de produits chimiques. »

Et d’ajouter : « Parmi les autres techniques susceptibles d’être employées, la stimulation au propane, déjà pratiquée en Amérique du Nord, mérite l’examen. D’autres technologies sont envisagées en recherche et susceptibles d’aboutir à des applications d’ici à une dizaine d’années. » Les parlementaires espère obtenir le rapport final à l’automne prochain.

France Nature Environnement (FNE) n’a pas tardé à faire connaître sa désapprobation totale : « Quelle que soit la technique, il s’agit de rendre poreux un milieu, la roche mère, qui ne l’est pas, ce qui présente des risques avéré de pollution des milieux et des nappes phréatiques et de l’atmosphère », a expliqué la fédération d’associations de défense de l’environnement dans un communiqué. « Par ailleurs, au-delà du débat sur la technique d’extraction, il s’agit encore d’extraire des énergies fossiles qui contribueraient au réchauffement climatique déjà hors de contrôle. »

Des alternatives sont déjà en cours d’élaboration

Une technique qui utilise le GPL (gaz de pétrole liquéfié) a été inventée par l’entreprise canadienne Gasfrac Energy Services en 2006. Cette dernière pourrait permettre, grâce au GPL, de ne pas utiliser les milliers de m3 nécessaires à la fracturation hydraulique. Néanmoins, ce procédé comporte des risques. L’explosivité du GPL est mise en cause du fait de la pression mise en œuvre pour l’injecter dans la roche.

La fracturation par arcs électriques est encore en expérimentation. Ce procédé permettrait, par des chocs électriques, de fracturer la roche. Cependant, deux brevets ont été déposés en mars 2011, cette technique est donc encore trop jeune pour être exploitable. La fracturation pneumatique est également étudiée. Ce procédé permet d’injecter de l’air comprimé dans la roche et ce, afin de la fracturer grâce aux ondes de choc.

Enfin, la fracturation au CO² ; mais c’est une alternative contraignante à la fracturation hydraulique, elle est donc peu envisageable. Ce procédé implique d’injecter du CO² dans les sous-sols. En acidifiant l’eau déjà présente, il lui permet de se déplacer dans les fissures de la roche et de modifier sa structure. Si quelques essais ont été faits en Espagne, ceux-ci n’ont pas été concluants. Le CO² utilisé dans cette technique doit être en phase « supercritique », une phase complexe à obtenir. D’autre part, le coût de son acheminement est également important.

Sujet de discorde

On se souvient qu’en novembre Louis Gallois suggérait dans son rapport sur la compétitivité de « mener la recherche sur les techniques d’exploitation », l’ancien PDG d’EADS considérant le gaz de schiste comme « l’un des moyens de faire baisser les coûts et les importations d’énergie du pays. »

Si le Premier ministre n’avait pas voulu retenir cette proposition, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, avait de son côté déclaré vouloir que la France se penche sur les avantages du gaz de schiste. « Un revirement du gouvernement serait une violation absolue de l’accord passé (entre) le PS » et Europe Écologie-Les Verts, avait alors déclaré lundi Jean-Vincent Placé, président du groupe écologiste au Sénat. La réouverture du dossier ne risque donc pas de se faire sans difficultés.

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