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Gérard Leclerc: «Le futur pape sera dans la continuité de Benoît XVI»

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Le pape Benoît XVI a annoncé lundi 11 février sa démission prévue le 28 février en invoquant son âge, dans un discours prononcé en latin lors d’un consistoire au Vatican. « Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer de façon adéquate le ministère pétrinien », a-t-il déclaré.

Pour l’occasion, JOL Press a fait appel à Gérard Leclerc, journaliste, philosophe, essayiste catholique mais également éditorialiste de France catholique et de Radio Notre-Dame. Entretien.

JOL Press : Qu’est ce qui a, selon vous, poussé Benoît XVI à prendre une telle décision ?
 

Gérard Leclerc : Ce qui est intéressant, c’est de constater le contraste qui s’établit entre la décision de Jean-Paul II de rester jusqu’au bout et celle de Benoit XVI de se retirer. Jean-Paul II avait une conception mystique de la mission, Benoit XVI est beaucoup plus rationnel. Il considère que la charge est au-dessus de ses forces. Pour lui, ce n’est pas raisonnable de rester. Cependant, il a montré ses derniers temps qu’il avait toute sa tête, c’est donc tout à fait consciemment qu’il a pris sa décision.

JOL Press : Peut-on qualifier cette décision d’historique ?
 

Gérard Leclerc : C’est un événement historique dans l’histoire de l’Église. Il y a eu des précédents mais ils remontent au Moyen-Âge. Il était depuis « convenu » que l’on restait pape jusqu’à sa mort. Benoît XVI savait tout cela. Il a mûrement réfléchi et a décidé qu’il n’avait plus suffisamment de disponibilités intellectuelles, physiques et spirituelles pour continuer. Il n’en peut plus. Je suis pour ma part très attaché à la personne de Benoît XVI. J’ai reçu cette nouvelle comme un déchirement.

JOL Press : Pensez-vous que les derniers scandales qui ont éclaboussé le Vatican – on pense notamment à « Vatileaks » – l’ont suffisamment affecté pour le conduire à une telle décision ?
 

Gérard Leclerc : Benoît XVI a encaissé très difficilement ces scandales mais il n’a jamais été découragé pour autant. Ces affaires ont juste été pour lui révélateur du poids de sa charge. Une charge qu’il ne peut plus assumer.

JOL Press : On a parlé de Benoît XVI comme d’un pape de transition après Jean-Paul II, qu’en sera-t-il du prochain pape ?
 

Gérard Leclerc : Je crois qu’il sera dans la continuité de Benoît XVI. Les nouveaux cardinaux partagent ses convictions, il n’y aura donc pas de rupture. Cependant, il est fort à parier qu’il sera plus jeune et aura donc un pontificat plus long. Ce qui est certain c’est que les jeux sont plus ouverts qu’à la mort de Jean-Paul II. Après un pape aussi exceptionnel, Benoît XVI s’imposait. Cette fois-ci ce sera beaucoup plus difficile. Le futur pape devra avoir une stature intellectuelle et spirituelle mais aussi une dimension politique.

JOL Press : Avez-vous une petite idée sur les papabilés ?
 

Gérard Leclerc : Le collège des cardinaux d’aujourd’hui s’est internationalisé. Les cinq autres nouveaux cardinaux viennent du Tiers Monde, par exemple. Il est donc tout à fait possible que le prochain pape soit africain, asiatique ou sud-américain. Mais les cardinaux peuvent aussi vouloir privilégier un homme d’expérience, un Européen qui connaît bien la curie. On pense par exemple à Christoph Schönborn, cardinal autrichien et archevêque de Vienne ou Angelo Scola, archevêque de Milan. Et pourquoi pas un Français comme Philippe Barbarin, archevêque de Lyon ?

JOL Press : Dans combien de temps va se dérouler le Conclave ?
 

Gérard Leclerc : Le Conclave se fera très vite après le 28 février, mais je ne pense pas qu’il dura plus de trois ou quatre jours. Les cardinaux vont vouloir aller assez vite. Pour Benoît XVI, il avait duré deux jours mais le contexte n’est vraiment pas le même, ce sera beaucoup plus difficile.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

Gérard Leclerc est un journaliste, philosophe et essayiste catholique. Proche du défunt cardinal Jean-Marie Lustiger, il est éditorialiste de France catholique et de Radio Notre-Dame. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont Pourquoi veut-on tuer l’Église ? (Fayard 1996) ; Jean-Paul II le résistant (Bartillat 1996) ; Saint Paul (Pygmalion 1997) ; Le Pape et la France (Bartillat 1997). 

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