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«Goodbye Morocco»: un film sur les tabous de la société marocaine

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Une histoire marocaine

Réputé pour ses chroniques d’Algérie, Nadir Moknèche préfère prévenir d’entrée de jeu : son dernier film « n’est pas une histoire algérienne. C’est une histoire marocaine ». 

Interdit de tournage en Algérie depuis la diffusion de son film Délice Paloma en 2007 – dans lequel il dénonçait la corruption -, le réalisateur franco-algérien  a décidé de tourner son quatrième long-métrage Goodbye Morocco à Tanger, une ville qui symbolise selon lui « l’entre-deux, la frontière, la porte de l’Europe, le passé pré-islamique… »

Exil et mariage inter-religieux

Comme ce fut le cas dans ses précédents longs-métragesNadir Moknèche aborde ici le thème de l’exil, mais également la question du mariage inter-religieux. Dans le film, le réalisateur retrace le parcours de Dounia, mère d’un garçon, qui divorce pour vivre son amour avec Dimitri, un architecte serbe à Tanger, contre l’avis de sa mère et de son meilleur ami. Une liaison scandaleuse aux yeux de la famille marocaine. Le couple dirige un chantier immobilier où le terrassement met à jour des tombes chrétiennes du IVème siècle, ornées de fresques. Dounia qui ne supporte plus d’être séparée de son fils, se lance alors dans un trafic lucratif, espérant gagner très vite de quoi quitter le Maroc avec son fils et son amant. Jusqu’au jour où l’un des ouvriers du chantier disparaît…

Des femmes fortes

Dans ce film, le réalisateur retrouve l’actrice belge Lubna Azabal, avec qui il avait travaillé dans Viva Laldjérie, il y a huit ans. L’actrice campe ici le rôle de Dounia, une femme forte prête à tout pour retrouver son enfant. « Je ne peux pas écrire un personnage de femme arabe autrement. On voit bien que le statut de la femme est constamment remis en question. C’est l’obsession perpétuelle des sociétés musulmanes », précise Nadir Moknèche. 

En abordant des sujets complexes de manière non linéaire, Nadir Moknèche veut interroger le spectateur et le sortir de sa dimension contemplative. « La construction non chronologique me paraissait être un outil efficace, et qui permet de tenir le spectateur en haleine », a estimé le cinéaste. Interpeller, questionner sur différentes problématiques dans les pays musulmans, voilà ce que voulait réaliser Nadir Moknèche : « (…) La question que j’aimerais poser est de dire aux hommes : s’ils étaient des femmes, qu’est‑ce qu’ils auraient fait ? (…) Si moi j’étais une femme en Algérie, qu’est‑ce que j’aurais fait ? Est‑ce que j’aurais accepté la mentalité du papa, du frère et de l’homme ? » interroge-t-il dans une interview accordée au site Internet Tout sur l’Algérie.  

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