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Google earth dévoile l’expansion des goulags nord-coréens

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L’imagerie satellite de Google Earth montrerait que les camps de travail nord-coréens sont en train de s’étaler.

En effet, selon le blog de Curtis Melvin, doctorant à l’université d’économie George Mason, en Virginie, et qui s’est déjà rendu deux fois dans ce pays isolé, ces images laissent penser qu’un camp d’emprisonnement (un « kwan-li-so ») serait en train de s’agrandir dans les montagnes de la Corée du Nord.

Curtis Melvin a en effet comparé de récents clichés de la zone avec d’autres pris en 2012. Il a ainsi pu constater certains changements : « Il y a eu quelques nouvelles constructions au sein de l’établissement. L’entrée a été déplacée vers la route principale. Des bâtiments ont été rénovés. Il semble également y avoir une nouvelle serre. »

Plus de 200 000 prisonniers politiques dans les camps

On estime que la Corée du Nord possède six colonies pénitentiaires réservées aux prisonniers politiques, détenus pour avoir agi ou pensé à l’encontre de l’idéologie du Parti. Selon Amnesty International, ils seraient ainsi plus 200 000 condamnés aux travaux forcés dans les mines et les exploitations agricoles.

Les organisations internationales dénoncent les conditions épouvantables de détention, qui incluent notamment tortures, viols, ou encore avortements forcés.

L’ONU dénonce un « crime contre l’humanité »

Navanethem Pillay, Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, est à l’origine des rares déclarations dirigées contre les camps de prisonniers nord-coréens lundi dernier. Elle a ainsi appelé à une enquête internationale sur ce qui « pourrait être un crime contre l’humanité. »

Mais si ces camps existent depuis plusieurs décennies, pourquoi ne sont-ils pointés du doigt que maintenant ?

Selon Geoffrey Cain, correspondant de Global Post en Asie de l’est, la réponse est complexe. La première raison est que les relevés cartographiques de la Corée du Nord étaient jusqu’à très récemment difficiles à se procurer.

Bien sûr, comme le soulignait lundi le New York Times, « les seuls personnes sur Terre qui ne peuvent ni consulter ni commenter les cartes de la Corée du Nord de Google sont les Nord-Coréens ». Et quand bien même ils y auraient accès, que pourraient-ils commenter ?

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Témoignage inédit d’un rescapé des camps

Une autre raison de cette attention soudaine pour les camps de prisonniers est liée à Shin Dong-hyuk, un militant des droits de l’homme, seul prisonnier politique né dans l’un de ces camps et ayant réussi à s’en échapper. « Les prisonniers de son camp étaient régulièrement condamnés à mort et ne dépassaient rarement leurs 40 ans », explique Geoffrey Cain.

L’histoire de Shin reçut une très large attention l’année dernière lorsqu’un correspondant du Washington Post publia sa biographie, Rescapé du camp 14. Et bien que controversé, ce livre permit de dévoiler les camps de prisonniers aux yeux du public.

L’attention générale se recentre sur la Corée du Nord

« Après cela, la passation de pouvoir à Kim Jong-un et les essais nucléaires n’ont fait que renforcer l’attention que le monde portait déjà sur la Corée du Nord, » précise Geoffrey Cain.

Pour couronner le tout, la Chine semble excédée par son voisin turbulent, et l’a menacé de lui retirer son aide si Pyongyang poursuivait ses essais nucléaires. Et pour Geoffrey Cain, « voilà la recette parfaite » pour pousser Navanethem Pillay à prononcer de telles déclarations – alors que cela fait plusieurs décennies que l’ONU reste silencieuse.

GlobalPost / Adaptation : Antonin Marot pour JOL Press

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