[image:1,l]
« Un recensement photographique »
« Ça vous embête si je prends une photo ? ». Cette phrase, Brandon Stanton ne compte plus le nombre de fois où il l’a prononcée depuis la création de son blog « Humans of New York », il y a deux ans maintenant.
Originaire du sud des États-Unis, Brandon Stanton étudie l’histoire à l’université de Géorgie. Lors de sa dernière année, en 2008, il fait un prêt étudiant de trois mille dollars et parie sur la victoire de Barack Obama aux élections présidentielles. Un ami entend parler de l’histoire, et lui décroche un emploi dans une société de commerce à Chicago. Pendant trois ans, Brandon travaillera dans la firme de Gambit Trading et en deviendra même vice-président. Mais l’expérience professionnelle se « termine mal », confie-t-il.
Il décide alors de s’installer New York avec une idée en tête : créer un recensement photographique. Le but : donner un aperçu imagé de la vie quotidienne des New-Yorkais. « Je trouvais intéressant de créer une sorte de catalogue des habitants de la ville », explique-t-il. « J’ai donc voulu photographier dix mille personnes et placer leurs portraits sur une carte ».
[image:2,l]
Le jeune photographe commence alors à parcourir les rues de New York toute la journée, à la recherche de sujets intéressants, de la bonne lumière et de belles couleurs. Dans la rue, le métro, sur un pont ou à l’entrée d’une église, il aborde les passants toujours de la même manière : calmemement et silencieusement, indique-t-il. Une question suffit : « Ça vous dérange si je prends une photo ? ».
Après plusieurs mois de travail, l’idée de départ se transforme progressivement. Au lieu de se contenter d’une simple photographie, Brandon décide de joindre des citations et l’histoire des gens qu’il croise sur sa route. Sous forme d’indications géographiques – « Vu à Broadway », « Vu à Soho » -, de questions ou encore d’histoires développées, les légendes sont alors introduites dans un blog baptisé « Humans of New York ».
Interactions
Pour ce jeune photographe, l’intérêt de ses photos est davantage dû aux interactions avec les passants qu’à la qualité de ses clichés. « Je pense que si j’ai réussi à me faire une place dans le milieu de la photographie, ce n’est pas tant grâce à mes talents de photographe, même si j’ai dû travailler dur pour obtenir ces photos. Ce qui rend mon travail intéressant, c’est avant tout les interactions que j’ai avec les gens que je photographie, et la difficulté d’aborder des inconnus au hasard dans la rue », explique Brandon Stanton au site américain Culture Craver.
Depuis la création du blog, des centaines de milliers de personnes se sont rendues sur le site internet du projet et ont découvert le travail de Brandon Stanton. Le compte Facebook compte aujourd’hui 525 000 membres issus des quatre coins de la planète.
Un projet philanthropique
Alors que certains reprochaient au photographe de donner une vision trop positive de la Grosse Pomme à travers ses clichés, Brandon décida, au mois de novembre dernier, de consacrer son blog aux victimes de l’ouragan Sandy. Cet évènement dramatique lui permit d’aborder la ville sous un angle moins naïf. « Pendant les dix prochains jours, je me consacrerai à amasser des fonds pour les victimes de l’ouragan Sandy. Le contenu de ce blog sera consacré à raconter les histoires des victimes de la tempête. L’ouragan a laissé derrière lui un tas d’histoires tristes, mais aussi quelques heureux. Nous allons essayer de tout raconter », déclarait Brandon Stanton sur la page Facebook de son projet. Plus de 200 000 dollars auraient été ainsi récoltés, et des centaines de messages de soutien et d‘encouragement ont été postés sur le mur du réseau social.
[image:3,l]
Humans of everywhere
Le projet de Brandon Stanton a depuis franchi les frontières des États-Unis. En décembre 2012, le jeune photographe s’est rendu en Iran et, à son retour, a publié un carnet de voyages mêlant textes et photographies dans une rubrique spéciale Iran sur le site du projet.
Des centaines de blogs se sont inspirés de Humans of New York pour créer leur propre recensement photographique : en Amérique du Sud par exemple, avec Humans of Buenos Aires, mais aussi en Asie ou encore en Europe avec la création des blogs Humans of Paris et Humans of London.