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Italie: à deux semaines du scrutin, tous les coups sont permis

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La campagne électorale italienne prend une étrange tournure à deux semaines des élections législatives à l’issue desquelles Mario Monti sera remplacé à la tête du Conseil.

Silvio Berlusconi revient sur le devant de la scène

Plus de 40 millions d’électeurs sont attendus aux urnes, les 24 et 25 février prochains, et il semblerait bien qu’une grande partie de ces électeurs retrouvent les bureaux de vote avec la nostalgie d’un Silvio Berlusconi en pleine forme.

Il avait déjà créé la surprise en annonçant sa candidature en décembre, après avoir été mis au placard en juin 2011, avec l’arrivée de Mario Monti ; il cavaliere revient aujourd’hui sur le devant de la scène en remontant d’une manière surprenante dans les sondages.

Et si Pier Luigi Bersani, secrétaire général du Parti démocrate, reste le favori de la course, il sent la coalition de droite menée par Silvio Berlusconi le rattraper. Alors que 10 points les séparaient dans les sondages, il y a quelques semaines, cet écart est désormais de 2,6%.

Selon une autre enquête d’opinion, publiée par l’institut sWG, la coalition des forces de gauche devrait arriver en tête des élections parlementaires avec 34,1 % des suffrages. Elle devancerait la coalition dirigée par Silvio Berlusconi, qui recueillerait 26,6 % des voix, le Mouvement cinq étoiles du populiste Beppe Grillo, qui obtiendrait 17,2 % des suffrages, et les listes soutenues par Mario Monti, qui recueilleraient 12,8 % des voix.

Un Mario Monti inhabituellement agressif

Plus les élections législatives des 24 et 25 février approchent, plus la tension monte entre les différents candidats.

Alors que l’Italie était gouvernée, jusqu’à il y a à peine un mois, par un gouvernement d’union nationale. Les partis qui le composaient s’entredéchirent désormais et les coups bas ne sont pas rares.

Et à ce jeu-là, Mario Monti semble particulièrement doué. Il serait d’ailleurs conseillé par le talentueux David Axelrod, l’homme de l’ombre de Barack Obama.

Accusant la proximité de la gauche avec sa branche extrémiste et la droite de proximité avec certains Silvio Berlusconi ou autres « imprésentables », depuis qu’il suivrait ses conseils, Mario Monti attaque à gauche comme à droite, tentant inlassablement de regrouper l’électorat au centre.

Silvio Berlusconi parle au ventre des Italiens

De son côté, Silvio Berlusconi, Premier ministre à trois reprises et qui a cédé sa place à Mario Monti en 2011, fait campagne contre la politique de ce technicien de président du Conseil. Depuis juin 2011, Mario Monti a imposé l’austérité, dans la droite lignée des exigences européennes, afin d’empêcher l’Italie de tomber dans la faillite.

Pour son grand retour à la tête du Conseil italien, Silvio Berlusconi promet la rupture avec la rigueur.

Si les Italiens choisissent de lui rendre le pouvoir, Silvio Berlusconi a notamment promis de rendre aux Italiens le montant collectés par la taxe d’habitation (IMU), en espèces ou par un dépôt sur un compte courant en moins d’un mois. Une promesse que Mario Monti a immédiatement condamnée affirmant que Silvio Berlusconi faisait une « tentative amicale de corruption. »

« Cette remonté dans les sondages montre bien qu’il a su encore une fois comprendre le ressenti national en jouant sur la fatigue de ses compatriotes face aux politiques d’austérité mises en place par le gouvernement Monti, » explique Fabio Liberti au site Atlantico.

« On peut dire qu’il parle « au ventre » des Italiens et que ce pari paye au vu de l’augmentation du chômage et des impôts. De plus, comme à chaque fois, il a su utiliser l’opposition radicale d’une partie de l’opinion publique contre la gauche italienne en agitant l’épouvantail d’une victoire du parti démocrate de Pier Luigi Bersani, » ajoute-t-il encore.

Beppe Grillo pourrait devenir chef de l’opposition

Dans cette course au Conseil italien, il faut également compter sur le charismatique Beppe Grillo. Ils sont nombreux à attendre de lui la véritable surprise du scrutin. Un des seuls candidats à mener des meetings sur les places publiques et à ne pas concentrer ses interventions à la télévision.

À la tête du Mouvement 5 étoiles, Beppe Grillo séduit les Italiens fatigués du clivage politique gauche/droite. Il est également le candidat du changement environnemental. 

« Moins d‘énergie, moins de matières premières, moins de travail, c’est avec ces paramètres qu’on travaille en Allemagne, c’est ça la politique. Moins de matières premières par an et par habitant, c’est fabriquer des objets avec moitié moins de matériaux. Un tiers de l’énergie, passer de 6000 watts par an et par habitant, ce qui est la consommation moyenne en Europe, à 2000 watts : l’efficacité énergétique et technologique. Et au lieu de travailler quarante heures, vingt heures, » tel est le credo de Beppe Grillo pour les Italiens, sera-t-il suffisant ?

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