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À 71 ans, le dessinateur Bernhard Willem Holtrop, dit Willem, a été sacré par le Grand prix du festival de BD d’Angoulême. Il est le premier Néerlandais à obtenir cette prestigieuse récompense. Les organisateurs du Festival se sont dit « réjouis de la désignation de Willem comme Grand Prix ».
Figure de la bande dessinée engagée
Né le 2 avril 1941 à Ermelo aux Pays-Bas, Bernhard Willem Holtrop se lance dans des études artistiques, à l’école des Beaux-Arts et fonde en 1966 le journal satirique God, Nederland & Orange dont de nombreux numéros seront saisis par la justice néerlandaise, notamment pour ses dessins représentant la reine Juliana en prostituée ou encore Roland Topor. Il fait partie du mouvement provo aux Pays-Bas, un mouvement contestataire qui se revendique écologique et dont les actions sont souvent humoristiques.
Deux ans plus tard, le dessinateur satirique part s’installer à Paris pour suivre les évènements de mai 68. Il travaillera pour L’Enragé, puis participera aux numéros de Hara-Kiri et Charlie-Hebdo, les journaux les plus radicaux de l’époque.
Double appartenance
Avec son style corrosif, proche de la caricature, Willem s’illustrera à la fois pour ses dessins de presse, mais également pour ses albums tels que Serre-moi fort, Plutôt crever !, Cœur de chien, Dick Talon nazillon, ou encore Merci Ben Laden !.
Figure de la bande dessinée alternative et engagée, Willem deviendra le rédacteur en chef de Charlie Mensuel, qu’il voudra transformer en un tremplin pour les jeunes dessinateurs. Dès 1981, il travaillera pour le quotidien Libération avant de rejoindre Charlie-Hebdo nouvelle formule. Parallèlement, Willem publie des albums et des recueils d’illustration chez Cornélius, son éditeur de référence depuis une quinzaine d’années.
Un nouveau mode de scrutin à Angoulême
Grande nouveauté du festival, le choix du Grand prix a cette année été soumis au vote des auteurs présents et accrédités à la manifestation. Au total, 16 auteurs français et étrangers étaient retenus pour ce Nobel de la BD.
Les organisateurs du festival ont indiqué que sur les 1500 auteurs présents à Angoulême, 537 ont voté, « ce qui démontre l‘implication de la profession pour une première année et laisse augurer d’une participation encore plus grande pour les années à venir ».
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Autres prix
Le Prix du Meilleur album a été attribué au 2e tome du best-seller Quai d’Orsay. Chroniques diplomatiques (Dargaud) de Christophe Blain, et du mystérieux Abel Lanzac (pseudonyme) qui a enfin révélé son identité : il s’appelle Antonin Baudry et fut l’une des plumes de Dominique de Villepin au ministère des Affaires étrangères.
Le Prix spécial a quant à lui été décerné au Japonais Akira Toriyama, père de Dragon Ball, le manga le plus vendu au monde avec quelque 230 millions d’exemplaires.