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L’existence du Programme européen d’aide aux plus démunis menacée

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18 millions d’Européens nourris chaque année grâce au dispositif

Quel avenir pour le Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD)? Vingt-cinq ans après sa création, le conseil européen des ministres décidera cette semaine du sort de cette aide. Créé en 1987 à la demande notamment de Jacques Delors, alors président de la Commission européenne, et de Coluche, fondateur des Restos du Cœur, le PEAD reposait initialement sur le surplus de la politique agricole commune (PAC), pour 480  millions d’euros par an, soit 1 % du budget de la PAC

Ce programme constitue la  plus grande source d’approvisionnement pour les associations caritatives et permet de nourrir 18 millions de personne dans 20 pays de l’Union européenne, dont 4 millions de Français, via la Croix-Rouge, le Secours populaire, les Restos du Coeur ou encore les Banques alimentaires.

Un programme remis en cause

Le PEAD est menacé de suppression depuis que sept pays européens, dont l’Allemagne – principal contributeur de cette aide alimentaire –, ont demandé en 2011 la fin de son financement par l’Europe, estimant que l’aide relevait avant tout d’une politique sociale des États

Saisie par Berlin, la Cour de justice européenne a donné raison à l’Allemagne et a condamné le PEAD mettant en avant la dénaturation du programme depuis sa création. En effet, depuis 1995, la Commission européenne n’utilise plus les excédents agricoles mais une partie du budget de la PAC pour acheter directement de la nourriture sur les marchés agricoles et les redistribuer aux plus démunis via les associations. 

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Nouveau dispositif

Après de longues discussions, les institutions européennes ont imaginé un nouveau dispositif, baptisé Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD), un « nouvel instrument destiné à lutter contre les formes extrêmes de pauvreté et d’exclusion »désormais placé au sein du Fonds social européen. Ce nouveau programme d’aide sera examiné à Bruxelles et le budget de ce nouveau fonds sera également fixé lors du sommet européen des 7 et 8  février.

Une enveloppe inférieure à l’aide actuelle

Les associations craignent de voir ce budget amputé d’un milliard d’euros sur sept ans. L’enveloppe pourrait en effet être inférieure à 2,5 milliards d’euros sur la période 2014-2020 contre 3,5 milliards précédemment, alors que les besoins sont estimés à 4,5 milliards d’euros. Cela représente une diminution de plus de 25 % par rapport à la somme versée jusqu’ici, et ce dans un contexte de crise économique où le nombre de personnes nécessitant cette aide ne cesse d’augmenter.

Le gouvernement français a réaffirmé son engagement à défendre le PEAD. Pour Marie-Arlette Carlotti, la ministre française chargée de la Lutte contre l’exclusion, la question du montant du budget devra être discutée, mais n’est pas une priorité. Selon elle, « il faut d’abord qu’on obtienne la pérennité des fonds, après on discutera du montant ». Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll estime quant à lui qu’il est nécessaire de maintenir ce budget « car la question de l’alimentation est au cœur de toute inclusion ». «Il n’est pas acceptable qu’en France ou en Europe, on puisse être condamné à choisir entre payer son loyer, ses factures ou se nourrir. Le PEAD doit rester la première manifestation du droit à l’alimentation », a-t-il récemment indiqué.

L’inquiétude des associations

À quelques jours du sommet européen, les principales associations caritatives se sont mobilisées lundi 4 février dans toute la France pour protester contre les coupes de l’aide alimentaire européenne. Les citoyens étaient invités à faire un « Air Food » géant, c’est-à-dire à faire semblant de manger dans une assiette vide dans le but d’interpeller les dirigeants européens. « Car si le PEAD disparaît, dans quelques mois, 18  millions d’Européens ne feront plus semblant », ont mis en garde les associations. Le président des Restos du Coeur, Olivier Berthe, a réclamé le maintien de cette aide « qui ne représente qu’un euro par an par Européen » et a demandé à l’UE de « se montrer digne de son prix Nobel de la paix », rapporte le JDDSelon les associations, l’aide du PEAD « représente de 23% à 50% des denrées alimentaires distribuées, soit 130 millions de repas ». En Pologne, ce programme représente près de 80 % de l’aide alimentaire. 

Découvrez la campagne de sensibilisation « The Air Food Project » :

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