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L’opposition tunisienne, des forces désunies face aux islamistes

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En Tunisie, le pire cauchemar d’Ennahda, première force politique du pays, c’est l’opposition. Et depuis la chute de Ben Ali et l’autorisation de nombreux partis politiques, la soif de démocratie des Tunisiens s’est exprimée à travers la création ou la libération de pas moins de 150 partis et mouvements politiques.

L’opposition dénonce le meurtre de Chokri Belaïd

Et depuis le meurtre du leader d’un des principaux partis politiques du pays, l’opposition retourne dans la rue.

La mort de Chokri Belaïd, leader de l’opposition de gauche, mercredi 6 février, a soulevé les foules en quelques heures à peine et les manifestants sont immédiatement descendus dans la rue pour dénoncer un assassinat politique.

Tous unis contre l’islamisme imposé par le parti au pouvoir au gouvernement, les Tunisiens de tous bords politiques ont retrouvé le chemin de la révolution, et ce n’est pas l’annonce du Premier ministre, Hammadi Jebali, de former un nouveau gouvernement de technocrates apolitiques avant l’organisation rapide de nouvelles élections législatives, qui semble avoir calmer la rue.

En Tunisie, l’opposition joue un double rôle. Face à une situation économique et sociale désastreuse, qui ne parvient pas à se relever depuis la fin de la révolution, et face à la montée de l’islamisme radical favorisé par le parti au pouvoir, proche des Frères musulmans, l’opposition s’active.

Chokri Belaïd, un opposant de longue date

Chokri Belaïd est présenté comme un des leaders du Front populaire, cette coalition de mouvement de gauche qui se veut être le véritable porte-voix de la révolution de Jasmin qui a conduit à la chute de Ben Ali.

Créée en octobre 2012, la coalition du Front populaire regroupe 12 partis politiques, et associations de gauche, nationalistes et écologistes pour la plupart interdits sous Ben Ali et qui ont été autorisés par le gouvernement de transition.

Parmi ses membres, on retrouve bien entendu le Mouvement des patriotes démocrates, de Chokri Belaïd, légalisé le 12 mars 2011.

Une gauche multiple et marxiste

Le Parti des travailleurs tunisiens est une entité fondamentale du Front. Créé en 1986, par le farouche opposant Hamma Hammami, ce parti a longtemps été la cible du régime de Ben Ali et son fondateur a longtemps été persécuté. Arrêté à de nombreuses reprises, il a également écopé de plusieurs peines de prison.

Le Mouvement des patriotes démocrates et le Parti des travailleurs tunisiens se réclament du marxisme tout comme le Parti du travail patriotique et démocratique, le mouvement Watad et le Parti de la lutte progressiste.

Divers courants viennent également grossir les rangs du Front populaire. Hors de l’idéologie communiste, ils se positionnent à gauche tels que la Ligue de la gauche ouvrière, le Mouvement du peuple ou encore les écologistes de Tunisie verte.

La coalition de droite comme deuxième force politique

Si le Front populaire existe, c’est notamment en raison de l’autre grande coalition d’opposition politique. Le 20 avril 2012, le Premier ministre de transition, Béji Caïd Essebsi, après avoir annoncé sa volonté de rentrer en politique pour fédérer l’opposition à Ennahda, a créé, d’abord en tant qu’initiative, puis en parti, le 16 juin suivant, l’Appel de la Tunisie.

À sa création, l’Appel de la Tunisie se fixe plusieurs objectifs parmi lesquels figurent la nécessité de délimiter le temps de rédaction de la Constitution, la mise en place d’un plan de sauvetage de l’économie, la sauvegarde des libertés collectives et individuelles et la lutte contre le terrorisme.

Dans ses rangs, l’Appel de la Tunisie compte de nombreux représentants de la bourgeoisie, des hauts cadres et des personnalités du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) de Ben Ali, qui a été dissous après la révolution.

Ce parti, bien que largement décrié comme étant un « recyclage » des anciens proches de Ben Ali, réussit à rallier à droite et au centre, de nombreux acteurs de la vie politique et devient rapidement la deuxième force politique du pays, provoquant le besoin de la gauche de se retrouver au sein d’une coalition plus solide.

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