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«L’Origine du monde» a un visage…

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« Exclusivité mondiale »

C’est une énigme passionante qu’a révélé Paris Match, dans son numéro de jeudi 7 février. En janvier 2010, un amateur d’art entre par hasard chez un antiquaire parisien. Une huile sur toile (33 cm sur 41 cm) représentant un portrait de femme à la renverse retient son attention. Il l’achète pour 1400 euros. En l’examinant de plus près, il constate que les bords du tableau ont été découpés. Derrière la toile, aucune signature mais un cachet effacé : « …eforg… Carpen… ».

Le mystérieux collectionneur, qui souhaite rester anonyme, mène alors sa petite enquête : il contacte un membre de la Compagnie nationale des experts spécialisés en œuvres d’art (CNE), et découvre que ce cachet correspond à la marque d’un marchand de couleurs basé à Paris entre 1858 et 1869 : Deforge-Carpentier. L’époque, la couleur et la matière le mettent sur la piste du peintre français, chef de file du courant réaliste : Gustave Courbet. Après des nuits passées à la bibliothèque pour déchiffrer cette énigme, il décide d’imprimer L’origine du monde en grandeur nature, et la superpose à sa toile. « Et c’est la révélation », explique Paris Match dans son numéro du jeudi 7 février. 

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Sur la piste

Quelques mois plus tard, l’amateur d’art tombe sur une reproduction du tableau de Gustave CourbetLa femme au perroquet, exposée au Metropolitan Museum of Art à New York. Il fait une autre découverte surprenante : le modèle correspond à la femme brune de sa toile. La femme s’appelle Jo Hiffernan, une Irlandaise, modèle et maîtresse de l’artiste James Whistler.

« L’Origine du monde », une partie du tableau 

Le propriétaire du tableau contacte alors Jean-Jacques Fernier, auteur du « catalogue raisonné » sur l’art de Gustave Courbet. L’expert, pourtant réticent au départ, en est désormais persuadé : LOrigine du monde est une œuvre incomplète issue d’un plus grand tableau, qui pourrait faire 120X100 cm selon lui. La toile originelle aurait donc été découpée en plusieurs morceaux. Le fameux tableau passe une série d’examens – « radiographies, rayons X, spectrométrie infrarouge, chromatographies », précise Paris-Match, – puis est confié au centre d’analyses et de recherche en art et archéologie (CARAA) qui se charge d’analyser les pigments du tableau. Les conclusions du rapport révèlent que tous les pigments analysés sont «parfaitement contemporains de la deuxième moitié du XIXème siècle».  

Les doutes de certains experts

Selon Paris-Match, le tableau acheté 1400 euros au départ vaudrait désormais 40 millions d’eurosCependant, certains experts sont encore sceptiques devant une telle révélation : Frédérique Thomas-Maurin, la directrice du musée Gustave Courbet dans le Doubs, a déclaré au journal Libération que la fameuse toile était « très éloignée des autres portraits de cette femme, Jo », bien qu’elle ne l’ait pas encore vue. Les conservateurs du musée d’Orsay, interrogés par l’AFP, n’ont quant à eux pas souhaité s’exprimer sur cette découverte qui n’a pas fini de faire parler d’elle.

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