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Pier Luigi Bersani, futur président du Conseil italien?

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Grand favori

À 61 ans, le secrétaire du Parti démocrate (PD) est devenu, en décembre dernier, le nouveau chef de file de la gauche italienne pour les élections législatives. Il était déjà le grand favori du scrutin, sorti en tête du premier tour des primaires. Le 2 décembre 2013, jour du second tour, c’est avec une grande majorité des voix (plus de 60%) qu’il bat son jeune adversaire, Matteo Renzi, maire de Florence qui, à 37 ans, voulait « changer l’Italie maintenant »… Sa « force » et sa « fraîcheur » ont tout de même été saluées par Bersani, dans son discours de victoire.

À l’approche de ces élections législatives, Pier Luigi Bersani fait une fois de plus figure de grand favori du scrutin, à en croire les derniers sondages qui placent la coalition de centre-gauche « Italie. Bien commun » en première position. Au niveau national, la coalition rassemble le Parti démocrate (sociaux-démocrates et chrétiens), le parti Gauche Ecologie Liberté (socialistes et écologistes), et le Centre démocrate (centristes et sociaux-libéraux) ainsi que quelques représentants du Parti socialiste italien, présents sur les listes du PD.

« Un garçon de périphérie arrivé aux sommets de la politique italienne »

Le quotidien indépendant italien Lettera43 dresse un court portrait de Pier Luigi Bersani : « 61 ans, né à Bettola, père de deux filles, diplômé en philosophie, avec une thèse sur le pape Grégoire Ier, supporter de la Juve, déclare un revenu annuel de 135 000 euros. A été membre du Parti communiste, du Parti démocratique de gauche et des démocrates de gauche ».

En 1966, à 15 ans à peine, il fait aussi partie des « angeli del fango » (« les anges de la boue »), ces volontaires florentins qui, au moment des inondations de Florence, se sont mobilisés pour récupérer les œuvres d’art emportées par la boue, et sauver le patrimoine florentin.

Ce sexagénaire, fils d’un mécanicien-pompiste, passionné de rock heavy metal, connu pour son langage riche en métaphores et en proverbes populaires -désormais rebaptisé « bersanese » (« bersanais »)- est, comme le dépeint Ettore Maria Colombo dans la toute récente biographie Bersani, un « garçon de périphérie arrivé aux sommets de la politique italienne ».

Plusieurs fois ministre

Ancien président de sa région natale, l’Emilie-Romagne, de 1993 à 1995, ministre de l’Industrie de 1996 à 1999, ministre des Transports et de la navigation de 1999 à 2001 et enfin ministre du Développement économique de 2006 à 2009, il est aujourd’hui secrétaire général du PD, depuis trois ans. Un parcours sans faute, dont il sortira peut-être président du Conseil à l’issu de ces élections.

Il a mené une grande politique de privatisations sous le gouvernement Prodi en 2006 et, malgré la publication d’un câble WikiLeaks qui dévoilait les accords bilatéraux conclus en 2007 entre le gouvernement italien et les États-Unis pour « l’échange d’informations sur la technologie énergétique » et le développement de l’énergie nucléaire en Italie – que Bersani aurait signés -, celui-ci a soutenu en 2011 le rejet d’un retour au nucléaire.

Europhile convaincu, il souhaite la création des Etats-Unis d’Europe et a promis de poursuivre la feuille de route fiscale entreprise par Mario Monti. Il plaide également pour un retour à une économie « réelle » : « J’ai l’intention de ranimer la passion des italiens pour l‘économie réelle : nos entreprises, nos emplois et le Made in Italy », et soutient l’investissement privé et public, pour relancer la consommation.

Dans les starting-blocks

Pier Luigi Bersani a de fortes chances d’être élu président du Conseil italien aux élections législatives. Les derniers sondages donnent en effet le Parti démocrate en tête des intentions de vote, contre le Parti du peuple et de la liberté (PdL) de l’ancien président du Conseil, Silvio Berlusconi – qui n’a cessé de se contredire sur son possible retour à la vie politique.

Il pourrait ainsi succéder à Mario Monti, actuel président du Conseil, qui s’en est récemment pris à Bersani, qui avait pourtant soutenu les mesures d’austérité du gouvernement Monti : « Bersani n’est pas dans une position enviable. Il est à la tête d’une coalition liée à une vieille politique qui préfère gagner les élections en rassemblant au sein d’une même coalition des partis aux vues différentes, d’où un programme de coalition plein de contradictions, ce qui se traduira par une impasse une fois au gouvernement ».

Lors de son discours de victoires aux primaires en décembre dernier, Pier Luigi Bersani avait pourtant lancé un message plein d’espoir en vue des prochaines élections : « Maintenant, allons-y, tous ensemble. Parce que le temps où un seul homme était aux commandes est fini. Nous y mettons force, énergie et – si vous le voulez bien – aussi un peu de joie ».

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