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Pour transformer l’Europe en une grande puissance mondiale

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Après un incident interministériel entre le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius et Bercy, François Hollande a reconnu que la prévision de croissance du gouvernement pour 2013 ne serait pas atteinte[1]. « Aujourd’hui chacun sait que nous n’atteindrons pas les 0,8 % qui étaient prévus », a affirmé depuis Athènes le président de la République française. « Les prévisions sur la France tournent autour de 0,2 % à 0,4 %, on peut toujours en tant que gouvernement avoir une part de volontarisme, mais on ne peut pas trop s’en écarter », a reconnu une source proche du gouvernement. De plus, beaucoup de réponses aux problèmes locaux ne peuvent être trouvées qu’à l’échelle européenne qui plus est dépendante des paramètres mondiaux.

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Variations sociales et variables économiques

Dans le système capitaliste, monnaie et richesse sont des conceptions presque synonymes.  Ce fait, la masse monétaire circulant dans la société détermine toutes les autres variations sociales, y compris les variables économiques principales. Ainsi sera-t-il intéressant à cet égard de chercher, à l’aide des statistiques disponibles, les variations de la masse monétaire ou du PIB.

Comme celle-ci est aussi proportionnelle aux richesses, on peut conclure que l’augmentation des richesses génère l’inflation. Raison pour laquelle l’interventionnisme est souvent la conséquence, et non la cause, de ces deux critères – le paramètre directeur étant la masse monétaire qui est à l’origine de l’inflation et de l’interventionnisme gouvernemental.

Si jamais le maintien très élevé du taux d’intérêt à court terme de la Banque centrale européenne ne cesse de bloquer tout redémarrage et de conforter une récession latente, les ingrédients seront réunis pour que la grande crise éclate en cas de krach boursier. L’histoire risque donc de se répéter, mais de manière plus grave que les catastrophes survenues depuis 1930. Sachant que le phénomène cyclique des récessions ou des crises intervient tous les 30 ou 60 ans, on peut dire que tous les paramètres alarmants sont réunis pour faire un tel diagnostic.

L’interventionnisme étatique et la planche à billets

À la consommation des ménages, à l’investissement des entreprises et des particuliers, s’ajoutent les dépenses et engagements de l’État, dont le budget évolue en France entre un cinquième et un quart du PIB. Les keynésiens comprendront aisément que le gouvernement intervienne dans l’activité économique et puisse ainsi l’orienter à son gré. Pour Nicolas Kondratiev, « la clé du système est à rechercher dans la relative constante du comportement intellectuel et psychologique de l’Homme, car seule la nature humaine peut produire des schémas aussi rythmiques ».

Quant aux économistes monétaristes, l’interventionnisme et la planche à billet restent, pour l’État, les moyens les plus simples et les moins pénibles pour résoudre les problèmes sociaux. Mais comme les mêmes événements se reproduisent deux décennies plus tard, on ne peut qu’appliquer les remèdes qui ont marché dans le passé mais au niveau extra-étatique. Or, ce qui était possible hier ne l’est guère aujourd’hui. En effet, la politique monétaire n’étant plus du ressort de l’État, l’intervention de la Banque centrale européenne est donc capitale pour maîtriser ce cycle triennal.

D’avantages de programmes d’investissements

L’Union européenne doit mettre en place des programmes d’investissements ambitieux, à très grande échelle, comme cela avait déjà été prévu au sommet européen d’Edimbourg et à Bruxelles au moment des accords du GATTT[2]. Les entreprises ne réinvestissent que lorsque la reprise de l’activité se manifeste. Alors, il faut davantage d’investissements.

Le moment est propice pour lancer des programmes d’investissements à finalité collective, l’objectif étant  de résorber l’excès d’épargne actuel causé par la dépression. Il faut de l’audace, d’autant plus que le marché financier est capable de les absorber sans tension supplémentaire sur le taux d’intérêts à long terme.

Les paramètres mondiaux

Face aux évolutions de l’économie mondiale, comme cela avait été le cas en France avec le premier gouvernement de Pierre Mauroy, il ne faudra surtout pas que la vulnérabilité de l’économie européenne fasse échouer une quelconque politique de relance. Cela aura pour conséquences immédiats la dégradation du solde du commerce extérieur européen, une augmentation de la consommation portant sur des produits étrangers et une hausse des importations. Ainsi l’Union européenne sera-t-elle contrainte, pour inverser la tendance, de faire une politique de rigueur.

Elle n’aura pas d’autre choix – à défaut de prendre des mesures protectionnistes pouvant préconiser l’abandon de l’euro ou le recours à la relance intérieure sous la protection de barrières douanières élevées – que de limiter les importations et de faire baisser le taux d’inflation dans l’espoir de rendre plus compétitives les exportations communautaires.

Le choix d’une politique protectionniste représentera une rupture d’orientation fort éloignée la stratégie mondiale, sur laquelle l’Europe a bâti ses succès économiques. S’ils ne prennent pas en compte l’évolution de l’économie mondiale, les Européens finiront par adopter des mesures déflationnistes, en espérant que leur application ne constituera qu’une parenthèse temporaire[3] et limitera le déficit budgétaire à 3 % du PIB.

Ils gèleront le niveau des cotisations patronales relatives à la sécurité sociale, allégeront les taxes professionnelles afin de relancer la croissance de 10 % et réduiront les charges des entreprises ainsi qu’une partie du financement des allocations familiales, dont la prise en charge passera des employeurs aux salariés. En fin de compte, le montant des charges salariales et sociales de l’industrie sera inférieur à la moitié de la croissance de l’année 2012.

Une nouvelle politique industrielle

Le pas de danse doit s’adapter au rythme de la musique, dit un vieil adage africain. Il y a donc lieu de mettre en œuvre une nouvelle politique industrielle, qui doit passer par la réorganisation des entreprises européennes et un gros effort financier en faveur des nouvelles technologies. Ce processus est inéluctable si l’on veut relancer l’activité économique, créer des emplois durables, revaloriser le pouvoir d’achat des salariés et transformer l’Europe en une grande puissance mondiale.

JOL Press rappelle que tous les billets de blog sont l’expression des opinions de leurs auteurs et qu’ils ne sauraient, en aucun cas, constituer une prise de position de la part de la rédaction. 

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[1] Cette croissance est fixée à 0,8 %.

[2] Cf. Livre blanc de Jacques Delors.

[3] Comme ce fut le cas avec la « pause » qu’avait choisie François Mitterrand sur les conseils de Jacques Delors.

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