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Renault-Nissan: de qui se moque Carlos Ghosn?

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Renault : Carlos Ghosn se moque-t-il du monde ?


Franchement je ne vois pas pourquoi l’Expansion dit cela de Saint Carlos. D’après l’Expansion, Carlos Ghosn a touché un salaire de 9,92 millions d’euros mais sur la partie Nissan. Il est aussi payé par Renault. Mais beaucoup moins puisque l’on parle de 2,23 pauvres petits millions d’euros de rien du tout… et avec l’inflation ma pauv’dame, le Monsieur Ghosn il ne va pas pouvoir s’en sortir.


Alors grand « saigneur », le PDG de Renault propose de renoncer à 430 000 sur ce pactole total. En fait, il ne veut pas forcément y renoncer, il reporterait une partie de son salaire à 2016 si les syndicats signent l’accord de compétitivité négocié actuellement (pas folle la guêpe).


Ce qui est génial dans cette idée, c’est que les efforts sont exclusivement pour les autres, c’est normal lui c’est le patron, un homme profondément simple, génial et pas caractériel du tout, aux succès irremplaçables, comme par exemple, cette histoire absurde d’espionnage qui aurait dû lui coûter sa place.


Quand on rate de cette façon-là, on a l’honneur de partir et de se faire petit. Monsieur le PDG fait l’exact inverse. D’un autre côté, vu que ça passe, il aurait tort de s’en priver.


La grande idée de Ghosn, c’est donc de faire payer aux salariés tout de suite… et lui d’encaisser un tout petit peu plus tard. Les syndicats n’ont qu’à proposer la même démarche pour les salariés que pour leur patron.


Modèle de lettre type à envoyer à la Direction de Renault


Monsieur le Président de Renault, nous, la CGT (remplacez par votre nom et prénom si vous souhaitez adresser cette missive directement), prenons acte de la période difficile qu’affronte le Groupe. Notre groupe Monsieur le Président.
Nous sommes comme vous, attachés à l’avenir de nos marques et de notre entreprise.


C’est donc, Monsieur le Président, dans un esprit de responsabilité mais également de « foutage de gueule » identique au mépris que vous manifestez à l’égard de la société française toute entière que nous acceptons pour nous-mêmes ce que vous vous appliquez à vous-même.


Nous acceptons de reporter à 2016 le même pourcentage de salaire que vous sur la partie de notre salaire versé par le Groupe Renault.


Nous souhaitons également entamer de nouvelles négociations afin que tous les salariés du Groupe en France puissent, eux aussi, bénéficier d’un deuxième salaire versé par le Groupe Nissan.


Idéalement, ce deuxième salaire devrait respecter les mêmes pourcentages de répartition que pour vous, soit environ 5 fois plus, mais nous laissons ouvert ce dernier point, conscients des fragilités financières du Groupe, les salariés seraient prêts à se contenter d’un coefficient de 4.


Dans l’attente de votre réponse qui ne saurait être différente de ce que vous vous imposez à vous-même, veuillez agréer Monsieur le Président, l’expression de nos salutations syndicales profondément irrespectueuses.


PS : Attention, il y aurait des espions dans votre entreprise.


Bon refermons ce nouvel épisode Renault, et passons au véritable sujet.


Le PIB européen en contraction pour le 3ème trimestre consécutif


On vous l’avait dit et redit, et même annoncé à coup de haut-parleur. La rigueur ne peut qu’amener la récession.
Et vous savez quoi ? La récession, c’est maintenant. Pour mémoire, la récession c’est 3 trimestres consécutifs alors que pour le retour à la croissance un seul suffit… mais c’est mon esprit chagrin qui parle encore.


On ne pouvait la prévoir. C’est une récession imprévue qui présage d’une nouvelle crise puisque la précédente, comme vous n’êtes pas « sans le savoir », est derrière nous. Le pire était passé mais il revient sous la forme d’une nouvelle crise alors que c’est évidemment la même.


Donc, en France, la récession est de 0,3% du PIB tandis que nos « zamis » allemands font deux fois mieux dans le pire avec – 0,6% de croissance négative inversée.


En Grèce, tout continue à aller mieux que bien, puisque d’une part, quand on ne comptabilise pas les dépenses, le budget grec est à l’équilibre (ce qui montre une créativité comptable sans précédent dans l’histoire du monde) et que d’autre part, la croissance négative inverse s’établie dans la péninsule hellénique à un petit -6% avec un chômage en hausse à 27% de la population active, ce qui permet à la Grèce d’obtenir une médaille d’or car ils sont incontestablement les meilleurs, bien que talonnés par les Espagnols qui rattrapent du terrain à grande vitesse ce qui menace l’avance du leader du peloton.


Ce qui compte, c’est la trajectoire


Ce n’est pas de moi, c’est de notre Premier sinistre. Il était hier l’invité du journal de France 3. J’avais essayé il y a fort longtemps de défendre ce concept auprès de mes parents (et en particulier de mon père) en lui expliquant à propos de mes notes en maths, que ce qui était important ce n’était pas le 3%/20 mais la trajectoire d’amélioration de mes compétences mathématiques. Je n’avais pas reçu un accueil triomphal, si vous voyez ce que je veux dire.


Mais pour Jean-Marc, « ce qui compte c’est la trajectoire et nous allons la poursuivre. Nous allons dans la bonne direction », a-t-il assuré.


C’est drôle quand même. On savait très bien que ça ne tiendrait jamais cet objectif des 3%, en tout cas, pas sans une austérité et une rigueur beaucoup, beaucoup plus importante. Résultat des courses, le gouvernement attendait juste l’occasion de faire le larron.


Et l’occasion, c’est évidemment la récession en Europe. C’est un élément exceptionnel permettant de ne pas tenir les règles.


L’impasse


Pour ceux qui n’auraient donc pas encore compris, et j’en connais sans doute comme vous encore beaucoup trop, la relance ne fonctionne pas et ne relance que l’endettement. Soigner les dettes par encore plus de dettes ne semble pas un raisonnement brillant… même à Bernard derrière son comptoir. C’est au bout de la trajectoire l’insolvabilité par la dette.


La rigueur pour réduire les dettes sur une économie déprimée cela donne encore plus de récession et quand vos dettes augmentent d’un côté et que votre PIB baisse de l’autre, la situation devient deux fois plus grave deux fois plus vite ce que les anglo-saxons ont bien compris depuis cinq ans. C’est au bout de la trajectoire l’insolvabilité par la dette.


Alors que faire ? Rien. C’est mort. Il n’y a plus rien à faire. Enfin, en termes économiques. La décision va progressivement devenir politique. Nous avons encore un peu de temps devant nous avant que tout le monde comprenne que nous courrons tout droit vers une faillite généralisée, Allemagne incluse… Ce jour-là des décisions politiques permettront de remettre les pendules à l’heure ce qui ruinera au passage pas mal de monde. Mais si nos zamis allemands rapatrient leur or c’est bien sûr, pour aucune raison. C’est juste pour s’amuser et pour s’occuper un peu. Et puis compter les lingots, Merkel, elle aime bien ça.


Mais comme le dit notre Premier sinistre, l’essentiel c’est la trajectoire, et je peux vous affirmer que nous sommes dans l’exacte direction du précipice.


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