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Renonciation de Benoît XVI: la presse respecte et commente

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En France, comme dans le reste du monde, l’annonce de la démission du pape Benoît XVI effective à compter du 28 février prochain, a fait l’effet d’une bombe. Au lendemain de la nouvelle, rares sont les grands quotidiens qui sont passés à côté d’une telle actualité.

Édition spéciale au Figaro

« Je déclare renoncer au ministère d’évêque de Rome, successeur de saint Pierre ». Le Figaro a choisi de titrer ce mardi matin son édition spéciale en reprenant la déclaration de Benoît XVI qui a créé la surprise. Dans un dossier de huit pages, le quotidien revient sur l’événement et détaille ce qui va se passer d’ici au 28 février prochain, les hypothèses autour de son successeur, et revient sur l’héritage d’un « pape discret mais décisif ».

« Rien ne change donc, mais tout a changé, en réalité, depuis lundi matin où cette nouvelle totalement inattendue a été révélée. Car, contrairement à un scénario de décès du Pape, qui est tout à fait prévu dans les procédures du Vatican et qui plonge ce petit monde dans le deuil, cette situation quasi inédite va concentrer l’attention sur les derniers actes de Benoît XVI en tant que Pape régnant et… encore présent », peut-on lire ce matin dans Le Figaro.

Libération : Papus interruptus

Ce matin, l’édito de Libé n’a pas été signé de Nicolas Demorand, mais de Nicolaus Demorandis, qui s’est amusé à revenir sur la démission du pape en latin : « De aliqua re Papa cogitat ? Munus mirandum exsequitur saeculo nostro, quod in civitate et principatu parvulissimo vivat spiritu tali regnando qualem Machiavellus etiam sexto decimo saeculo unum complurum regnorum formarum semper esse. De aliqua re Papa cogitat qui est cum vestibus tam insolitis et vehiculo proprie fabricato ut munera fungi possit et ultro homo Latinissimus attamen homo qui ita garrit ut novus ridicule sit ? Nonne auro escario cenare solere et simul mundi miseriam humeris octogenariis portare dicitur ? »

Traduction : « À quoi songe un pape ? Drôle de métier, au XXIe siècle. Vivre dans un micro-État, une principauté, en exerçant un pouvoir spirituel dont Machiavel considérait, même au XVIe siècle, qu’il restait une exception dans la galaxie des formes du pouvoir politique. À quoi songe un pape, dans ses habits si bizarres et sa voiture construite spécialement pour lui permettre d’assumer ses fonctions, parlant couramment latin mais ouvrant un compte sur Twitter pour être ridiculement de son temps ? Mangeant, paraît-il, dans de la vaisselle en or (en or !) tout en portant la misère du monde sur ses épaules octogénaires ? »

Pour la Croix, « Le pape choisit de s’effacer »

Dans un dossier spécial de 15 pages, le quotidien catholique a voulu rendre hommage à un « Serviteur fidèle » : « Benoît XVI peut se retirer avec la conscience du serviteur fidèle qui a accompli son devoir. Et c’est aussi en homme de foi qu’il a décidé de renoncer : que l’annonce soit faite un 11 février, fête de Notre-Dame de Lourdes et journée mondiale de prière pour les malades – voulue par Jean-Paul II – n’est certainement pas fortuit », a écrit Dominique Greiner dans son édito.

L’Allemagne partagée

Si le jour de l’élection de Benoît XVI, le quotidien allemand Bild titrait : « Nous sommes pape », ce mardi, les déclarations se multiplient dans la presse allemande à l’annonce de la démission du Souverain pontife. Le Süddeutsche Zeitung, le grand quotidien régional de Bavière, la région dont est originaire le pape, publie un éditorial intitulé « Respect, Joseph Ratzinger » : « Avec ce retrait, unique dans l’histoire récente de l’Église, Benoît se comporte lui-même en avant-gardiste. Un vieil homme a le droit de quitter son poste, et ce même s’il est pape. Aujourd’hui, un petit bout de modernité a franchi l’enceinte du Vatican », écrit le journaliste Oliver Das Gupta.

Le quotidien de gauche Die Tageszeitung, ne souhaite pas rendre hommage à un homme : « Benoît XVI a fait de l’Église catholique une forteresse contre « la modernité », une communauté dont ceux qui sont fidèles et croyants sont enclins à se cramponner aux vieux dogmes », estime-t-il.

La Suisse salue la décision du pape

La plus part des quotidiens suisses ont choisi de rendre hommage au pape dans leurs tribunes ce mardi matin : « Il y a dans ce geste une grandeur et une lucidité qui forcent le respect (…) où la fragilité humaine est pleinement assumée », souligne le Temps. « Et si sa renonciation était la décision la plus forte de son pontificat ? Elle marque une rupture avec la tradition. Elle humanise – et laïcise – le titulaire du trône de Pierre : un pape est d’abord un homme, qui n’est pas tenu à l’impossible », estime La Liberté.

« Ce que Jean-Paul II a gagné pour l’Église, avec son bâton de pèlerin courant le monde, Benoît XVI l’a regagné par l’esprit en revenant à la tradition », synthétise 24 heures. « À 85 ans, un Benoît XVI fatigué envoie un signal messianique à ses successeurs : combattez jusqu’au bout, mais, au besoin, sachez renoncer ! Ici est la surprise du chef », ironise de son côté la Tribune de Genève.

L’Italie entre respect et espoir de changement

Le quotidien italien Il Tempo salue le courage de Benoît XVI qui était à « bout de force » comme le Corriere della Sera qui titre « Je n’ai plus la force, pardonnez-moi ». « L’irruption de la modernité dans une institution vieille de 2000 ans arrive à l’improviste, dans le geste solitaire, humble et courageux d’un pape confessant sa fragilité », souligne l’éditorialiste de la Repubblica.

« L’Adieu du pape décidé il y a un an », titre de son côté La Stampa : le pape aurait « pris sa décision y a un an au retour du voyage au Mexique mars 2012 où une chute nocturne avait alarmé son entourage », selon le journaliste Andrea Tornielli.

> Retour au dossier : Cette semaine historique où le pape a choisi de démissionner

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