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Stéphane Hessel, des camps de concentration à l’indignation

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La mort de Stéphane Hessel laisse ses admirateurs en deuil. Depuis l’annonce de son décès, dans la nuit de mardi 26 à mercredi 27 février, les déclarations se suivent pour honorer la mémoire de ce diplomate, ancien résistant de 95 ans.

L’inspirateur des Indignés

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a salué, au nom du gouvernement, le parcours d’un « homme d’engagement » qui a incarné « l’esprit de résistance, […] la force du combat contre toutes les injustices. » « Pour toutes les générations, a ajouté le Premier ministre, il était une source d’inspiration, mais aussi une référence, […] Il incarnait la foi dans l’avenir de ce nouveau siècle. »

D’abord connu pour son passé de résistant, puis de diplomate, Stéphane Hessel a connu une deuxième jeunesse en 2010, grâce à la parution de son ouvrage, Indignez-vous !, best-seller publié en près de 100 langues, vendu à 4 millions d’exemplaires. Ce court ouvrage a largement inspiré les divers mouvements Occupy qui ont fait le quotidien de nombreux pays il y a plus d’un an.

Rescapé des camps de concentration

Un homme aux multiples visages s’est éteint, après avoir échappé une première fois à la mort, dans les camps de concentration.

Né en 1917, en Allemagne, Stéphane Hessel est arrivé en France à 8 ans. Il est naturalisé français l’année de ses vingt ans et étudie à l’Ecole normale supérieure de Paris avant de rejoindre les forces françaises libres, à Londres, en 1941.

Pour son rôle de résistant, il sera déporté en camps de concentration. D’abord à Buchenwald, puis à Dora. Il serait sans doute mort dans ce camp s’il n’avait pas substitué son nom à celui d’un autre prisonnier mort du typhus, Michel Boitel, avant de s’évader, après une première tentative ratée.

Défenseur des pays en développement

A la fin de la guerre, il entre en diplomatie. Au Quai d’Orsay, auprès des Nations unies. Il intègre notamment la commission chargée de préparer la rédaction de la charte des droits de l’Homme.

Sa carrière diplomatique durera près de 40 ans. Entre-temps, de nombreux pays et de nombreuses réalisations. Au Vietnam, où il est envoyé pour préparer l’unification, à Alger, comme chargé de la coopération, au siège des Nations unies, où encore comme négociateur de l’affaire Claustre, ce qui lui vaudra le plus grand échec de sa carrière.

Dans les années 80, il est appelé à travailler sur l’immigration. Il sera notamment l’auteur d’un rapport, Immigrations : le devoir d’insertion, qui servira de référence plus tard.

En 1990, il est siège au Haut Conseil de l’intégration, c’est là qu’il rédigera un rapport, vite enterré par le gouvernement, dans lequel il dénonce la politique française envers les pays en développement.

Selon ce dernier, la politique française devrait être « revue dans le sens d’une plus grande rigueur et du rejet de toute complaisance clientéliste. »

Engagé dans le conflit israélo-palestinien

Le combat de Stéphane Hessel se poursuit alors qu’il est à la retraite, pour la promotion des droits de l’Homme. Ses prises de positions sur l’Europe, le développement, l’immigration ou le conflit israélo-palestinien ne se font pas moins rares.

Sur ce dernier point, il déclare notamment, le 5 janvier 2009, au sujet des attaques israéliennes sur la bande de Gaza, « en réalité, le mot qui s’applique – qui devrait s’appliquer – est celui de crime de guerre et même de crime contre l’humanité. Mais il faut prononcer ce mot avec précaution, surtout lorsqu’on est à Genève, le lieu où siège un haut-commissaire pour les droits de l’homme, qui peut avoir là-dessus une opinion importante. Pour ma part, ayant été à Gaza, ayant vu les camps de réfugiés avec des milliers d’enfants, la façon dont ils sont bombardés m’apparaît comme un véritable crime contre l’humanité. »

Une deuxième jeunesse avec Indignez-vous !

Stéphane Hessel revient sur le devant de la scène en 2010 avec la publication de son manifeste, Indignez-vous !, dans lequel il exhorte les nouvelles générations à conserver leur esprit d’indignation. « La pire des attitudes est l’indifférence, » écrit-t-il dans ce bestseller consacré à la dénonciation du système économique actuel dans lequel le profit individuel, selon lui, a dépassé l’intérêt général.

Le succès de ce livre encouragera Stéphane Hessel à poursuivre son œuvre en publiant successivement Engagez-vous ! et Le Chemin de l’espérance.

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