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Un «Fukushima» en France causerait 430 milliards d’euros de dégâts

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Quelle belle journée tout de même. Bon, comme d’habitude j’ai perdu mon pari sur le match France-Allemagne. Je dois vous le dire, ne comptez pas sur moi ni sur mes compétences pour remplir une grille de loto sportif… éventuellement je peux vous donner les résultats qui ne se produiront pas, rien de plus… donc la défaite de notre équipe nationale m’a valu encore une tournée de petits noirs au comptoir. Bon cela n’a aucun intérêt je vous le concède, c’était juste pour meubler une peu et me laisser le temps de réfléchir à ce que je vais vous dire dans les lignes suivantes. Je sais parler pour ne rien dire n’a pas grand sens, mais justement vous allez voir le rapport avec l’actualité du jour… le point commun c’est Mario Draghi ! Il a parlé pour ne rien dire aujourd’hui puisqu’il tenait une conférence de presse.

J’adore les conférences de presse de Mario. Il devrait en faire plus souvent. D’abord, cela me permet de vous raconter des choses, et puis quand j’entends Mario…. j’ai l’impression d’être bilingue en anglais. Ca flatte mes compétences dans la langue de Shakespeare. Celui qui était génial (en anglais je veux dire) c’était Yasser Arafat. Tout le monde pouvait le comprendre. Essayez un peu avec un Américain… je n’y arriverais jamais. Bref, Mario n’a rien dit. Enfin rien d’important. Il y a bien quelques risques de récession, mais les taux vont rester inchangés… remarquez au point où nous en sommes qu’il les baisse ou les monte il ne se passera de toute façon plus rien.

Par contre, au-delà de l’anglais de Draghi, ce qui est bien avec lui, c’est que quand il parle pour ne rien dire cela à des conséquences sur les marchés. Oui, il a dit que la BCE était IN-DÉ-PEN-DAN-TE, sans doute pour Hollande… mais je suis mauvaise langue… L’euro fort a donc perdu 1 %. Merci qui ? Merci Mario. Tient, j’attends toujours de voir ce que l’on va voir… De leurs côtés, les marchés continuent leur petit coup de déprime forcément passager, sans que cela remette en cause la tendance haussière jusqu’au ciel, des actions que vous devriez vous dépêcher d’acheter avant que cela ne devienne trop cher… et c’est le chômage US qui leur a cassé le moral aujourd’hui à nos « copains » les « zinvestisseurs ».

La blague du chômage américain

Les nouvelles inscriptions au chômage ont reculé la semaine dernière aux États-Unis mais moins qu’attendu par les analystes qui s’imaginent déjà avec une croissance américaine à 10 % alors que le Congrès lui-même n’imagine aucune croissance supérieure à 3,4 % au mieux et pas avant 2014… contre un déficit de 5 % ! Cherchez l’erreur. Bref, moins de chômeurs en moins que prévu cette année. Pas bon. Mais ce n’est pas tout. Encore une fois, les statisticiens de l’Oncle Sam ont revu à la hausse le nombre de chômeurs de la semaine précédente… là, du coup, ça fait plus de chômeurs en plus ! Et c’est encore moins bon pour le moral de nos « zinvestisseurs » qui sont en train d’acheter des actions en pariant ni plus ni moins sur un retour du plein emploi…. J’en rigole encore de tant de bêtises. Mais c’est comme ça. En attendant, on m’explique que je viens de rater 15 % de profit potentiel !

Enfin, c’est comme ça, on n’y peut rien. C’est comme le nucléaire on n’y peut rien non plus. Demandez aux Japonais, les pauvres, ils en connaissent un rayon sur le nucléaire.

110 milliards d’euros pour le traitement des territoires contaminés

Le nucléaire en France, c’est comme l’Europe. Ça ne se discute pas. Interdit. Verboten ! Répétez avec moi : le nucléaire c’est bien. Le nucléaire ce n’est pas cher. Le nucléaire c’est propre. Sauf le jour où ça vous pète à la figure. Là, ça devient carrément dégueulasse et juste hors de prix. L’Institut national de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a rendu un rapport sur le coût d’une catastrophe type Fukushima en France. En gros 430 milliards d’euros. C’est une estimation qui semble assez sérieuse d’autant plus que les Japonais en sont déjà à 100 milliards d’euros dépensés par TEPCO, et c’est juste en gros pour le travail dans la centrale et la décontamination des sols… le reste ce n’est pas TEPCO qui paie. D’ailleurs TEPCO ne paie pas grand-chose car vu l’ampleur de la catastrophe TEPCO a été nationalisée. Pour ceux qui se poseraient la question TEPCO c’est l’EDF japonais exploitant la centrale de Fukushima.

Pour l’IRSN, il nous faudrait 110 milliards d’euros pour le traitement des territoires contaminés. Ensuite, il faudrait prendre en charge environ 100 000 réfugiés. Les réfugiés, c’est une moyenne en fonction des centrales. Car, si on n’a pas de chance, et de vous à moi, quand une centrale nucléaire explose, c’est qu’en général on n’a pas eu de chance et que l’on imagine que c’est celle de Nogent sur Seine qui décide d’irradier toute l’Ile de France parce que les vents auraient le mauvais goût de souffler dans le mauvais sens… c’est plutôt 12 millions de personnes qu’il faudrait évacuer. Ce qui risque d’être « drôle » et de donner lieu à des communiqués rassurants du type… le nuage a été arrêté le long de la Marne grâce aux poilus transportés par les Taxis G7…

Pour l’IRSN, les conséquences seraient donc très lourdes au niveau macroéconomique… mais on vous explique que le nucléaire n’est pas cher. Tant que tout va bien et qu’il ne faut pas démanteler les vieilles centrales. Après les choses peuvent vite se gâter.

Le nucléaire est l’industrie la moins fiable 

Ça, c’est mon interprétation personnelle, mais vous ne pourrez pas ne pas être d’accord avec moi. Mais chut, on a pas le droit de poser le débat de cette façon-là ! Voyons ce n’est pas sérieux… Pourtant reprenons quelques chiffres très simples, c’est du bon sens de base tendance paysan. Il existe environ 300 réacteurs nucléaires dans le monde (en gros, ne chipotez pas pour un ou deux de plus). Il y a eu en 50 ans trois accidents majeurs. Three Miles Island aux États-Unis, un « cœur brisé » en fusion, technologie américaine. Tchernobyl… technologue soviétique, c’est normal. Fukushima technologie nipponne. Tiens étrange, un accident nucléaire peut même arriver ailleurs que chez les « popov » incompétents.

Cela vous donne en gros un bon 1% de réacteurs défectueux…

Bien, maintenant appliquons ce taux d’accident à l’aviation. Pensez-vous que l’industrie aéronautique survivrait à un taux de défaillance de 1 % ? Personne ne prendrait plus l’avion. Mais tout le monde continue à prendre les centrales nucléaires en tout cas en France.

Voilà, tout ça pour vous dire que le nucléaire, comme l’Europe, cela doit pouvoir se discuter. Nous devons pouvoir faire des choix « éclairés », prendre en compte les risques, essayer de sortir au moins partiellement et au mieux de cette industrie qui est dangereuse, car le risque, c’est la possibilité de disparition même de notre pays. C’est un risque existentiel.
Ne pas parler du risque nucléaire est la meilleure façon pour que le risque se matérialise, car cela veut dire que quelques personnes pondent des règles dans leur coin à l’abri des regards. L’accident de Fukushima a profondément ébranlé les experts du secteur. Rien de ce qui s’est passé au Japon n’a jamais été envisagé par nos « spécialistes »…. Rien !

Ce n’est pas rassurant. Ce qui est rassurant, c’est que le sujet commence enfin à être traité dans notre pays. Et c’est pour cette raison qu’il faut encore et toujours parler du nucléaire, de ses avantages… et de ses risques.

L’énergie sera de plus en plus chère, il faudra apprendre à vivre avec cette nouvelle donne, et cela va changer profondément l’économie du monde. Ce qui sera dépensé pour l’énergie ne le sera pas en iPhone…

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