Nicolas Maduro sera-t-il l’héritier de la « révolution bolivarienne » ? Depuis plusieurs semaines, alors que l’état de santé du président Chavez se dégradait, Nicolas Maduro, alors désigné dauphin officiel pour le Venezuela, commençait à prendre ses marques au pouvoir. Aujourd’hui, il devra se battre contre un regain de l’opposition intérieure mais également pour conserver sa place de maître sur la scène sud-américaine. Une tâche difficile car en Equateur ou en Bolivie, les bolivariens sont exigeants.
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Dès l’annonce de la mort d’Hugo Chavez, le glas de la « révolution bolivarienne » a retentit en Amérique du Sud. Au fur et à mesure des minutes qui ont suivi l’annonce du décès du président vénézuélien, faite par son dauphin et vice-président Nicolas Maduro, les leaders d’Amérique du Sud, grands amis du président défunt pour la plupart, ont exprimé leur grande peine à voir le « maître de la révolution » quitter ce monde.
Une Amérique du Sud orpheline
En Equateur, pays socialiste et ami, le président Rafael Correa a exprimé son « profond chagrin » face à la mort du « chef de file d’un mouvement historique » et du « révolutionnaire mémorable ».
Au Pérou, le président Ollanta Humala a exprimé sa « profonde douleur » et a fait part de sa « solidarité bolivarienne, sud-américaine et latino-américaine » au « peuple frère vénézuélien » avant de souhaiter qu’en « ces moments difficiles que traversent les proches du président décédé et les Vénézuéliens en général, l’unité et la réflexion, et que les choses puissent se dérouler de manière pacifique et démocratique. »
Les chefs d’Etat se réclamant de la « révolution bolivarienne » sont comme orphelins face à la chute d’un régime.
Nicolas Maduro aura-t-il la légitimité ?
Pourtant, avant sa mort, le président Chavez avait prévu son héritage depuis déjà longtemps. Alors qu’il était hospitalisé à La Havane, dans un état jugé critique par certains, encourageants par d’autres, Hugo Chavez annonçait qu’en cas de difficultés pour se maintenir au pouvoir, les Vénézuéliens pourraient accorder leur confiance à Nicolas Maduro, vice-président et héritier officiel.
C’est lui qui, depuis l’hospitalisation d’Hugo Chavez, avait géré les affaires courantes au pouvoir. Pourtant, pour incarner cette « révolution bolivarienne », Nicolas Maduro ne fait pas l’unanimité.
À Caracas, si les autres membres du PSUD se sont, pour le moment, rangés du côté du choix d’Hugo Chavez, Nicolas Maduro doit se méfier de la concurrence. Le vice-président représente l’aile droite du parti, et à gauche, l’ennemi guette en la personne de Diosdado Cabello, actuel président du Congrès. Nicolas Maduro doit également se méfier de José Vincente Rangel, ministre de la Défense qui se verrait bien à la tête de l’État.
Le danger vient de l’intérieur
Mais plus important encore que les membres de son propre parti, c’est du côté de l’opposition que viendra sans doute le plus grand danger. En la personne d’Enrique Capriles, virulent adversaire d’Hugo Chavez qui a fait un score non-négligeable lors de la dernière élection présidentielle.
Ce dernier pourrait profiter du changement de tête au pouvoir pour rebondir sur la scène politique vénézuélienne. En face d’une pâle copie d’Hugo Chavez, tout serait alors possible.
Trouver une place sur la scène sud-américaine
Ce manque de charisme se ressentira sans aucun doute à l’international où des présidents comme Rafael Correa, héritier de Simon Bolivar, pourrait bien devenir le nouveau chef de file du courant révolutionnaire en Amérique du Sud, reléguant ainsi le Venezuela à une seconde place du podium.
« La question de la santé du camarade Chavez est un problème et un souci non seulement pour le Venezuela, mais pour tous les peuples anti-impérialistes et anticapitalistes » déclarait, en janvier dernier, Evo Morales, président bolivien, dans la directe ligne bolivarienne. « Nous sommes tous Chavez ! »
Pour le moment, Nicolas Maduro a quelques atouts de son côté. Quelques kilomètres plus au nord, à Cuba, où a été soigné Hugo Chavez, le vice-président fait l’unanimité au sein de la famille Castro. Un avantage de taille puisque les deux pays cultivent une amitié de longue date.
C’est peut-être cette amitié qui donnera du poids à la légitimité de Nicolas Maduro.
Reste à savoir si Nicolas Maduro réussira à convaincre ses autres homologues sud-américains de sa bonne foi et de la valeur de son héritage. Plus au sud, des Rafael Correa ou autres Evo Morales pourraient bien trouver ce nouveau venu un peu tiède et choisir une voie alternative, comme l’avait fait le président brésilien Lula en son temps.